Et si Arsène Lupin avait réellement existé? Ce gentleman cambrioleur, imaginé par Maurice Leblanc, passionne les foules depuis sa première apparition en 1874. Romans, pièces de théâtre, bandes dessinées, et dernièrement la série Lupin sur Netflix, dont la saison 3 sort ce jeudi, ont été créés autour de son personnage.
Connu pour se grimer afin d'échapper à la police et commettre des cambriolages à son style bien à lui, Arsène Lupin serait inspiré d'un véritable cambrioleur né à Marseille, en 1879, dans le quartier du Vieux-Port. Il s'agit d'Alexandre Marius Jacob surnommé "l'anarchiste cambrioleur".
Des convictions marquées
C'est à l'âge de 20 ans que le Marseillais a commencé sa carrière d'escroc. Son premier coup a eu lieu le 31 mars 1899, lorsqu'il s'est déguisé en commissaire de police pour faire croire à un prêteur sur gages qu'il devait vérifier les comptes. C'est de cette manière qu'il réussit à dérober 400.000 francs, comme le relate Mediapart.
Arrêté le 3 juillet 1899, il arrive à faire croire qu'il est fou pour éviter de passer cinq ans en prison. L'année suivante, il réussit à s'évader de l'asile grâce à un infirmier et s'enfuit à Montpellier où il récupère la gérance d'une quincaillerie sous le nom de sa femme Rose Roux. C'est là qu'il apprendra à manier les serrures de coffres-forts pour toutes les déjouer.
À partir de là, il décide de recruter sa bande de cambrioleurs à travers toute la France et les surnommera "les Travailleurs de la nuit". Dans ce groupe, les règles sont simples: les métiers qu'il considère comme utiles socialement doivent être préservés, comme les écrivains, les professeurs ou encore les médecins. Il est également interdit de tuer sauf pour "protéger sa vie" et "sa liberté" et une partie du butin doit être reversée aux anarchistes.
Pour réussir ses cambriolages, Marius Jacob s'amuse à se grimer et à utiliser différents pseudonymes comme lorsqu'il s'est rendu compte qu'il avait cambriolé l'écrivain Julien Viaud, alias Pierre Loti, et qu'il lui a laissé une lettre signée Attila en disant:
"Ayant pénétré chez vous par erreur, je ne saurais rien prendre à qui vit de sa plume. Tout travail mérite salaire. Attila. P.S. : Ci-joint dix francs pour la vitre brisée et le volet endommagé."
Une vie marquante
Entre 1900 et 1903, lui et sa bande commettront entre 150 et 500 cambriolages. Jusqu'à l'opération de trop, à Abbeville, qui tourne mal conduisant à la mort d'un policier. Il est finalement arrêté le 23 avril 1903 et sera jugé en 1905 devant la cour d'assises d'Amiens. Il finira condamné à des travaux forcés à perpétuité au bagne de Cayenne dont il essaiera de s'évader à 19 reprises en utilisant des techniques toujours plus surprenantes.
Après s'être entretenu longuement avec Albert Londres, il est finalement libéré en 1927 après sa campagne "anti-bagne". Il trouva ensuite un emploi dans les magasins Printemps avant de devenir forain.
Sans jamais abandonner ses convictions, il continua sa vie entouré de sa femme et de sa mère. Après leur mort, et sentant que son corps le lâchait, le 28 août 1954, il organise un goûter pour neuf enfants pauvres et rentre chez lui. Il prit alors une dose importante de morphine et en donna une à son chien et laissa un mot disant: "Linge lessivé, rincé, séché, mais pas repassé. J'ai la cosse. Excusez. Vous trouverez deux litres de rosé à côté de la paneterie. À votre santé". Marquant à jamais les esprits.
Sa maison et sa tombe sont depuis régulièrement visitées et une impasse a même été baptisée en son nom.