Blanche Mercier, tuée dans sa maison de retraite: une suspecte acquittée et un meurtre sans coupable

Une maison de retraite (Image d'illustration) - George Gobet - AFP
C'était il y a 24 ans et nul ne sait précisément ce qui est arrivé à Blanche Mercier, une retraitée retrouvée morte dans son lit en novembre 1999 en Charente, dans des circonstances suspectes. En effet, même si les enquêteurs ont un jour pensé détenir la clé de l'énigme en arrêtant une aide-soignante, celle-ci a finalement été acquittée. Encore aujourd'hui, l'affaire demeure à l'état de cold case.
C'est au coeur de la maison de retraite La Providence, à cheval entre Angoulême et la commune de Gond-Pontouvre, en Charente, que le mystère de la mort de Blanche Mercier prend racine. Le 20 novembre 1999, en début de soirée, Ginette B. entre dans la chambre 209, dans laquelle se trouve cette pensionnaire âgée de 79 ans. Elle la découvre inanimée, allongée en travers de son lit, comme le racontent notamment Sud-Ouest et l'AFP.
En intervenant, les autorités découvrent que le visage de la septuagénaire présente plusieurs traces de coups. Quant à l'autopsie, elle révèle qu'elle est morte par suffocation. Dans son organisme, le médecin légiste relève aussi la présence d'anxiolytiques et de sédatifs.
Une aide-soignante dans le viseur de la police
La police s'intéresse alors davantage au profil de la victime. Blanche Mercier résidait au sein de la maison de retraite depuis un certain nombre d'années déjà, et était connue parmi les résidents pour ne jamais se déplacer sans son argent. Mais alors qu'ils inspectent son porte-monnaie, nulle trace du moindre billet de banque. Un élément qui ne passe pas inaperçu.
Après avoir passé en revue les pensionnaires de La Providence, ils se tournent vers Ginette B.: celle qui a découvert le corps en premier était aussi la seule aide-soignante de garde ce soir-là. Profession oblige, la suspecte âgée de 50 ans avait également en sa possession des comprimés semblables à ceux ingérés par la victime avant sa mort.
Placée en garde à vue, Ginette B. avouera avoir déjà volé quelques billets à un résident, l'année précédente, pour arrondir ses fins de mois. Mais à Blanche Mercier, elle l'assure, elle n'a jamais rien volé et n'a rien à voir avec sa mort.
Renvoyée devant les assises, puis acquittée
Malgré ces protestations, les enquêteurs estiment avoir recueilli assez d'éléments à son encontre pour la mettre en examen. Placée en détention provisoire six jours après le meurtre, Ginette B. finit par être libérée sous contrôle judiciaire en juin 2000.
Elle est finalement renvoyée devant les assises en septembre 2005 pour "vol précédé, accompagné ou suivi de violences ayant entraîné la mort". Alors que l'audience touche à sa fin et avant que la défense ne prenne la parole, le procureur général requiert 10 ans de réclusion criminelle à son encontre, ainsi qu'une interdiction d'exercer son métier d'aide-soignante de manière définitive.
Des réquisitions qui tombent comme un couperet pour Ginette B., qui se défend toujours de la moindre violence à l'égard de Blanche Mercier. Mais cette fois-ci, les jurés décident que le doute doit profiter à l'accusée: l'aide-soignante est acquittée des faits concernant la septuagénaire, et écope simplement de trois mois d'emprisonnement pour le vol de l'autre pensionnaire en 1998, qu'elle avait d'elle-même mentionné pendant sa garde à vue.
"Je suis soulagée, je suis heureuse", avait-elle alors déclaré auprès de l'AFP, après le verdict. "Cela a été très dur. Je n"oublierai jamais la victime, j'espère qu'ils retrouveront le coupable."
Malgré ce souhait, Blanche Mercier a emporté avec elle la clé du mystère de la chambre 209 il y a maintenant 24 ans.