La mini-série "Dans leur regard" composée de quatre épisodes et créée par Ava DuVernay, est sortie le 31 mai 2019 sur la plateforme Netflix. Elle retrace l'affaire d'une joggeuse qui s'est fait violer et agresser à Central Park, à New York. Avec elle, huit autres personnes ont été agressées dans la nuit du 19 avril 1989. Très médiatisée au moment des faits, cette affaire a fait le tour des médias.
Rapidement, les soupçons se sont tournés vers un groupe de cinq jeunes garçons afro-américains qui étaient sur les lieux du crime. La série "Dans leur regard" retrace les événements qui ont conduit les adolescents à être condamnés avant d'être innocentés.
Un groupe de jeunes dans le viseur
Tout commence par l'agression de Trisha Meili, une jeune Américaine de 28 ans qui travaille dans une banque d'investissement. Vers 1h30 du matin, elle est retrouvée nue, les mains ligotées, la bouche bâillonnée et couverte de sang. Plongée dans un coma profond après son agression, elle se réveille au bout de douze jours avec de graves séquelles. Elle ne peut notamment plus marcher ou parler.
Ce fait divers survient dans une période où le taux de criminalité bat son plein à New York et où les tensions raciales sont en hausse. Le soir des faits, une brigade fait une descente dans le parc et décide d'arrêter tous les jeunes qui se trouvent sur place pour être interrogés.
Face à la pression des enquêteurs lors des interrogatoires, les jeunes ont commencé à s'accuser entre eux et particulièrement cinq adolescents: Raymond Santana de 14 ans, Kevin Richardson de 14 ans, Antron McCray de 15 ans, Yusef Salaam de 15 ans et Korey Wise de 16 ans. Après des heures de garde à vue, ils finissent par formuler des aveux.
Des versions qui ne collent pas
Malgré les aveux du groupe de jeunes, leurs déclarations ne concordent pas. L'un parle d'un short bleu alors que la victime portait un pantalon noir, un autre dit qu'elle a été blessée à l'aide d'un couteau alors qu'il s'agissait d'un coup de pierre.
Pourtant, pour l'opinion publique, les cinq jeunes sont déjà coupables en raison de leurs aveux de culpabilité. Si habituellement, l'identité de mineurs est gardée secrète, la police a décidé de divulguer leurs noms, déclenchant un vent de haine contre eux. Les médias l'ont même surnommé "le crime du siècle" et ont relancé le débat sur la peine de mort à New York.
Acquittés 12 ans plus tard
Un procès s'est tenu le 16 juillet 1990 pour juger Yusef Salaam, Antron McCray et Raymond Santana. Lors de cette audience, les trois garçons plaident non coupables de tentative de meurtre. Ce qui est notamment mis en lumière lors de ce procès est que les traces ADN relevées sur le corps de la victime ne correspondent pas à celles des accusés.
Ils sont finalement acquittés de tentative de meurtre, mais condamnés pour viol, agression et vol et écopent de dix ans de prison chacun. Kevin Richardson et Korey Wise sont également condamnés à la même peine à l'issue de leur procès.
Il faudra attendre 2002, soit 12 ans après leur procès, pour qu'un homme finisse par avouer être l'auteur de l'agression et du viol de la joggeuse. Il s'agit de Matias Reyes, un homme déjà derrière les barreaux pour différentes affaires de viols et de meurtre. Pour confirmer ses déclarations, une comparaison ADN est réalisée par la police et coïncide.
L'enquête est donc rouverte et tous les acteurs sont interrogés une nouvelle fois. Celle-ci aboutira à la condamnation de Matias Reyes pour le meurtre de Trisha Meili. Douze ans après, les cinq jeunes, qui sont désormais des adultes, sont finalement innocentés et obtiennent des indemnités compensatoires pour les années qu'ils ont passé en prison.