Daniel Forestier: la mort de l'ancien espion de la DGSE reste un mystère
Le calme du petit village de Ballaison (Haute-Savoie) est bouleversé le jeudi 21 mars 2019, vers 18h30, lorsqu'une famille découvre un cadavre sur un parking. En se rapprochant, un père et ses deux enfants remarquent qu'il s'agit d'un homme étendu sur le sol, gisant dans une mare de sang. L'homme appelle les secours qui arrivent rapidement sur place.
Après les premières constatations, les pompiers comprennent qu'ils ne peuvent plus rien faire pour lui, il est mort. Les gendarmes sont alors dépêchés sur place et constatent qu'il a reçu cinq balles, dont une à la tête et une autre en plein cœur. Ce qui les étonne de prime abord, c'est la précision des tirs qui ont atteint tous ses organes vitaux. Son meurtrier ne lui a donc laissé aucune chance.
La piste de l'assassinat est tout de suite privilégiée et les enquêteurs savent qu'ils ont affaire à un professionnel. D'autant plus lorsqu'ils découvrent l'identité de la victime: il s'agit de Daniel Forestier, un ancien espion de la DGSE.
Une vie jonchée de mystères
La police judiciaire de Lyon est alors saisie et décide de s'intéresser de plus près à cet homme qui avait l'habitude d'entretenir le mystère autour de sa vie. Âgé de 58 ans au moment des faits, il avait pris sa retraite d'espion à l'âge de 42 ans et avait décidé de retrouver une vie normale avec sa femme et ses deux enfants. Pour ça, il avait repris le bar tabac de son village et se plaisait à servir les habitants de Lucinges.
Cinq ans plus tard, il décide de vendre son commerce et s'implique dans la municipalité de son village en devenant adjoint au maire. En parallèle, il écrivait des romans qui s'inspiraient de son passé d'espion et voulait ouvrir un cabinet de magnétiseur, persuadé d'avoir un don pour ça.
Le jour des faits, il avait d'ailleurs dit à sa femme qu'il avait rendez-vous avec un ami d'enfance pour parler de ses fameux dons. Mais en interrogeant cet ami, les enquêteurs ont découvert qu'il avait menti et qu'il n'avait jamais convenu de le voir. Les agents de police pensent donc que Daniel Forestier avait rendez-vous avec quelqu'un, mais avait gardé ce secret pour lui. Mais pourquoi?
Impliqué dans une organisation criminelle?
Les enquêteurs découvrent qu'il avait été convoqué au commissariat d'Annemasse le 31 août 2018 par deux membres de la DGSI. Ils l'accusaient d'être impliqué dans le projet d'assassinat de l'opposant du président congolais. Mais l'homme avait nié les faits et avait pu ressortir libre en échange du nom du commanditaire.
Une semaine plus tard, le 8 septembre, son domicile avait finalement été perquisitionné et il avait été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre". Malgré tout, Daniel Forestier est ressorti libre et sans poursuite.
À la suite de cet événement, sa vie s'est transformée doucement en enfer. Il a d'abord perdu son emploi d'agent de sécurité qu'il occupait après avoir vendu son commerce. Puis, des photos de sa maison ont été diffusées sur plusieurs sites internet. Les enquêteurs pensent alors tenir une piste. Il pourrait avoir des ennemis dans le milieu qui n'auraient pas apprécié qu'il balance un nom.
Plusieurs pistes sont alors étudiées: lien avec la mafia corse, avec un président africain, et même avec une organisation criminelle qui se servait des anciens agents de la DGSE pour commettre des meurtres. C'est d'ailleurs la piste privilégiée par les enquêteurs aujourd'hui.