Un homme jugé à Toulouse 36 ans après le meurtre de Martine Escadeillas

Martine Escadeillas a disparu en 1986, près de Toulouse. - AFP
C’est l’un des plus vieux cold case français. Pendant 36 ans, les enquêteurs de la section de recherches de Toulouse ont tenté de retrouver le meurtrier de Martine Escadeillas, une secrétaire de 24 ans. Tout commence le lundi 8 décembre 1986, à Ramonville-Saint-Agne, en Haute-Garonne. La jeune femme décide de rentrer chez elle après avoir déposé son petit ami à l’arrêt de bus. Il est alors 8h15 du matin. Mais à 8h30, elle disparaît sans laisser aucune trace. Ce sera la dernière fois que Martine Escadeillas sera vue.
Les gendarmes lancent alors une enquête pour tenter de retrouver la jeune femme. Et en se rendant chez elle, ils découvrent des traces de sang dans la cage d’escalier de son immeuble, de l’ascenseur jusqu’à la cave. Les enquêteurs décident alors de s'intéresser à l’entourage de la secrétaire. C’est alors qu’il interroge un homme qui nourrissait secrètement un amour pour la jeune femme. Mais faute d’éléments à charge contre lui, il est finalement relâché.
Peu après, une voisine de Martine Escadeillas affirme aux gendarmes qu’elle a croisé un homme dans la cage d’escalier au moment de la disparition de la jeune femme, soit entre 8h15 et 8h30. Elle décrit l’homme comme étant âgé entre 40 et 50 ans, quasiment chauve et assez trapu. Mais cet élément ne permettra pas aux enquêteurs de remonter la trace du meurtrier.
Une lettre va rouvrir le dossier
Les années passent et aucune piste n'aboutit à une piste. C’est sans surprise qu’en 2008, le dossier est classé et l’instruction statue sur un non-lieu.
Mais contre toute attente, en 2016, un nouvel élément va venir rouvrir le dossier. Le procureur de la République de Toulouse reçoit un courrier qui va relancer les investigations. Il s’agit d’un ami de la victime qui accuse un “amoureux transi” d’être l’auteur du meurtre. Il s’agit de Joël Bourgeon, un père de famille de 56 ans, exerçant le métier de menuisier. Les enquêteurs décident donc de l’interpeller et le place en garde à vue. Rapidement, il craque et avoue tout.
“Cet homme connaissait Martine Escadeillas et s’est rendu chez elle le jour des faits. Une discussion a eu lieu au troisième étage de la résidence. Une violente dispute l’a opposé à la victime. Il a exercé des violences sur elle. Elle a tenté de fuir. Il l’a poursuivi. Et elle a expliqué que la jeune femme est décédée au bas de l’escalier…”, raconte Dominique Alzeari, ancien procureur de Toulouse, lors d’une conférence de presse.
Une montre incriminante
Joël Bourgeon est donc mis en examen pour homicide volontaire et est placé en détention provisoire. Finalement, pendant sa détention, il revient sur ses propos. Mais un bijou va venir confirmer son inculpation. Les gendarmes trouvent une montre que l’homme avait offerte à l’une de ses conquêtes. Pour les proches de la victime, il n’y a pas de doute, elle appartient à Martine Escadeillas.
“Nous avions acheté cette montre ensemble un peu plus de trois semaines avant sa disparition. Nous avions été au Pas-de-la-Case, Martine avait flashé dessus. Pour moi, il n’y a aucun doute : la montre que l’on m’a présentée correspond à celle qu’elle portait, cela m’a sauté aux yeux. J’espère que le suspect va nous dire la vérité et ce qu’il a fait du corps de ma sœur", déplore Nicole, la sœur de la victime.
Avec ces éléments probants, Joël Bourgeon va être jugé devant la cour d’assises de Toulouse du 1er au 6 juillet prochain. La famille de Martine Escadeillas espère enfin connaître la vérité sur la disparition de la jeune femme.