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Détective privé, “un métier de l’ombre”

Souvent idéalisé par les séries télévisées, le métier de détective privé ne s'improvise pas. Pour le devenir, il faut suivre une formation.

Souvent idéalisé par les séries télévisées, le métier de détective privé ne s'improvise pas. Pour le devenir, il faut suivre une formation. - Carl Court / AFP

Lorsque l’on pense à détective privé, on associe souvent ce métier à l’image reflétée par les séries télévisées. Pourtant en France, loin de ces clichés, cette profession est très réglementée et leurs actions limitées. Rencontre avec une détective privée qui nous livre son quotidien pour RMC Crime.

Longue cape couleur crème, chapeau noir, pipe à la bouche et sans oublier sa loupe, c’est ainsi l’image que l’on se fait du détective privé à la Sherlock Holmes. Cette vision amenée par les films et les séries dans les consciences collectives, est bien loin de la réalité de ce métier. Devenir détective privé ne s’improvise pas. Cette profession est réglementée par des codes bien spécifiques, c’est ce que ne cesse de répéter Léa (*), reconvertie dans ce domaine depuis 10 ans: “On ne peut pas se prétendre détective privé comme ça. Pour avoir l’autorisation d'exercer, il faut avoir un diplôme, ce qui permet d’obtenir un agrément.”

Cette profession est encadrée par le Conseil National des Activités Privés de Sécurité (CNAPS) et se trouve sous tutelle du ministère de l’Intérieur. L'organisme se charge de conseiller et sanctionner les détectives privés en cas de faute. Pour se former au métier, quatre écoles existent en France. Deux sont basées à Paris, une autre à Montpellier, et une à Nîmes.

Le tarif des détectives privés, une profession libérale, varient en fonction des missions effectuées. Lorsque l’on demande à Léa sa rémunération, elle reste floue et ne souhaite pas en dire plus. Sa rémunération a l’air d’être un secret certes, mais un secret de polichinelle. En début de carrière, un détéctive privé en agence gagne le SMIC et le salaire évolue avec l'expérience.

Ce n’est pas pour le salaire que cette détective fait ce métier. C’est avant tout pour ce quotidien trépidant qu’elle l’a choisi, car aucune journée ne se ressemble. Elle ne se voyait pas derrière un bureau, mais bien être en action sur le terrain: “Il faut être fou pour faire ce job. Jamais d’horaires fixes. On sait toujours lorsque l’on part, mais jamais l’heure à laquelle on termine.”

Pour Léa, il faut ne pas compter ses heures, faire preuve de pugnacité et garder à l’esprit que c’est un travail éprouvant. Mais au bout du compte, ses sacrifices en valent la peine.

Filatures et enquêtes administratives

Cette détective intervient principalement sur deux secteurs d’activités. Le premier reste la surveillance et la filature, le second est l’enquête de type administrative: “Je peux travailler sur une enquête où je dois démontrer une concurrence déloyale, ou faire des investigations sur des recherches de débiteurs.”

Particuliers comme professionnels peuvent avoir recours à ses services. Le délai de traitement est aléatoire: “Si les éléments de départ sont bons, ça va assez rapidement. Alors que s’ils sont erronés, ça devient plus compliqué.”

Il n’est pas rare qu’elle travaille aussi pour des avocats ou des huissiers. Dans certaines affaires, ils ont besoin de preuves pour les aider dans un dossier.

Régi par le secret professionnel, il est difficile pour Léa de donner des détails sur des affaires. Malgré tout, elle se livre sur une filature, où elle a dû suivre une personne en voiture. Une mission non sans risque: "Je ne devais pas la perdre de vue sur l'autoroute, alors qu’elle roulait à 190 km sur l’autoroute. Il faut jauger le risque et savoir si on le prend. Alors on s’accroche, mais bon dans la mesure du raisonnable, car on a nos 12 points comme tout le monde.”

Les détectives privés ont le droit de suivre les personnes, ils sont habilités à le faire. Un citoyen ne l’est pas. Même en restant tapis dans l’ombre, il lui est déjà arrivé de griller sa couverture et d’être repérée par la personne qu’elle suivait: “Je ne suis pas là pour harceler, et je n’insiste pas. Autrement, ça pourrait se retourner contre moi.”

Des limites, mais des possibilités pour les contourner

Même si Léa doit apporter un résultat à son client, elle reste limitée dans les méthodes pour obtenir des informations. Alors quand on questionne la détective privée sur ses techniques, elle ne dit aucun mot. Cette dernière ne veut pas se risquer à dévoiler ses tips, et ses techniques pour réussir ses missions.

Pourtant, la fiction cultive ce fantasme du détective privé qui a tous les droits. Alors que c’est plus compliqué que ça: “Déjà, nous n'avons pas d’armes. Et encore moins une carte qui nous permettrait d’avoir accès à tous les documents ou endroits. Lorsque je dois rentrer dans un immeuble, je dois attendre que quelqu’un passe. Et après, je me faufile.”

Pour Léa, son métier mériterait d’être mieux connu du grand public. Elle ne veut pas être sous la lumière des projecteurs, et souhaite rester avant tout, “un métier de l’ombre”.

Le prénom a été modifié (*)

Marine Lemesle