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Affaires criminelles

Elle décide de disparaître volontairement pour s'offrir une deuxième vie

Son périple démarre à Nantes (Photo d'illustration)

Son périple démarre à Nantes (Photo d'illustration) - dr

En 1969, Josiane est âgée de 21 ans et décide de disparaître volontairement sans donner de nouvelles à personnes. Pendant plus de trois ans, elle voyage de pays en pays sans jamais se retourner. Jusqu'au jour où Josiane reprend contact avec sa famille.

Josiane (*) disparaît en 1969 à l'âge de 21 ans. Mais volontairement. La jeune femme est partie sans se retourner. Pour ne pas se faire retrouver, elle ne reste jamais longtemps au même endroit. Elle parcourt pays après pays. Puis trois ans après, Josiane décide de réapparaître. Le choc et l'incompréhension gagnent ses proches. Josiane doit faire avec et tente tant bien que mal à reprendre le cours de sa vie. Pour RMC Crime, elle nous raconte son histoire: "Pour certaines personnes, disparaître volontairement est un acte de lâcheté. Pour moi, c'est du courage. Il faut couper tout lien avec sa famille, il faut tout plaquer et refaire sa vie à zéro", affirme-t-elle.

Les relations sont conflictuelles entre Josiane et sa mère, quand elle décide de partir sans se retourner. Sur un coup de tête, cette dernière décide de quitter le domicile familial. Josiane part sans argent ni papiers. Son expédition démarre de Nantes. En auto-stop, Josiane veut se rendre à Paris. La jeune femme monte dans un camion, le conducteur lui donne à manger. Une fois arrivée dans la capitale, elle se déplace à pied. En se remémorant ce souvenir, elle se souvient d'un moment marquant de son voyage.

"Un matin, les livreurs ont déposé des briques de lait devant des épiceries. Alors, j'en ai pris afin de me nourrir, car il fallait survivre."

La liberté de disparaître

Dans ces cas là, comme la disparition concerne une personne majeure, la loi n'impose pas du tout de retrouver la personne. Lorsqu'un adulte disparaît, une enquête peut être ouverte par les forces de l'ordre, à condition que cette disparition puisse être qualifiée d'inquiétante. Pour cela, il faut disposer d'indices montrant que la personne disparue est en danger. Dans le cas contraire, une personne majeure est libre d'entrer en contact ou non avec ses proches.

Dans le cas de Josiane, son périple se poursuit à l'étranger. "Je n'ai peur de rien. Je ne voulais surtout pas revenir chez mes parents", nous glisse-t-elle. Une halte est faite à Ostende, avant de se retrouver en Allemagne où travaille comme serveuse pour un cabaret. Quelque temps après, elle trouve un emploi dans un pressing de la base américaine. Même si Josiane se plaît dans cette nouvelle vie, elle a peur d'être rattrapée par son passé.

Dans le cas d'une disparition d'un proche à l'étranger, vous pouvez signaler sa disparition au ministère français des affaires étrangères, qui pourra alors contribuer à solliciter les autorités localse.

Toujours être en mouvement

Sept mois après son départ, la jeune femme décide de revenir en France. Elle passe non loin de chez sa grand-mère à Strasbourg. Pendant un court instant, cette dernière hésite à franchir le pas de la maison. Mais cette envie s'envole et elle poursuit son chemin coûte que coûte. Cette fois-ci, direction l'Espagne. Josiane s'arrête à Malaga puis à Melilla: "J'ai passé la frontière marocaine sans papiers. Pendant un certain temps, j'ai été hébergée par une famille marocaine alors qu'elle ne me connaissait pas."

Quelques mois plus tard, Josiane revient à Marseille. Elle achète des faux papiers pour pouvoir circuler légalement. Là-bas, la jeune femme rencontre un homme et tombe enceinte. Une fois encore, elle veut prendre la fuite pour ne pas se faire repérer. Cette dernière décide se rendre à Constantine en Algérie pour y accoucher. Après avoir donné naissance à son enfant, Josiane trouve un travail chez un avocat. Deux années défilent et la jeune femme se sent épuisée. A ce moment, elle veut revenir en France.

Retour aux sources

Trois ans après être partie, Josiane donne signe de vie à une des voisines de ses parents. La jeune femme donne l'adresse où elle se trouve. Son père vient à sa rencontre et les retrouvailles se déroulent correctement. Il lui dit avoir avoir été très inquiet. Mais du côté de sa mère, c'est une avalanche de reproches qui s'abat sur Josiane. Les tensions repartent de plus belle.

Josiane se marie et poursuit ses projets. A la retraite, elle décide de s'investir dans l'Assistance et recherche de Personnes disparues (ARPD). Cette association assiste les personnes dans la recherche d'un membre de leur famille disparu. Josiane apporte aussi son expérience en tant que personne disparue volontairement, cela lui permet d'avoir une approche différente.

"Je sais où on peut disparaître, comment on peut disparaître, jusqu'où on peut aller. Je comprends les personnes qui disparaissent. Je demande surtout aux familles de ne faire aucun reproche. En général, elles suivent mon conseil."

Pour la retraitée, disparaître à son époque n'est pas du tout la même chose que disparaître maintenant. Au moment de sa disparition, le téléphone est encore peu développé et Internet n'existe pas. Alors qu'aujourd'hui les communications sont plus rapides et une telle disparition beaucoup plus complexe.

* Le prénom a été modifié

Marine Lemesle