Ce pasteur à l'origine d'un épouvantable charnier de plus de 900 morts

Le documentaire est disponible sur la plateforme RMC BFM Play - RMC
Le 18 novembre 1978, Jim Jones, le gourou de la secte du Temple du Peuple ordonne le suicide collectif de plus de 900 personnes au Guyana, petit pays d'Amérique du Sud. Ces adeptes, dont des enfants, ont ingéré du cyanure pour mettre fin à leurs jours.
Après quelques jours, les toutes premières vidéos et photos de ce terrible drame sont diffusées dans les journaux du monde entier. Retour sur l'histoire de Jim Jones et d'une tragédie humaine survenue il y a quarante-quatre ans.
Jim Jones voit le jour en 1931 à Crete dans l'Indiana. Il est enfant unique et grandit dans un milieu pauvre. Sa mère travaille à l’usine et il est livré à lui-même. Une voisine se prend d’affection pour ce garçon et lui fait découvrir la religion protestante. Depuis son plus jeune âge, Jim Jones veut devenir pasteur. Il fonde avec sa femme Marceline Baldwin leur propre église nommé le Temple du Peuple. En 1955, ils s'installent dans un quartier d'Indianapolis. L'homme n’hésite pas à mettre en avant ses idées politiques fortement marquées à gauche.
Une emprise totale sur ses adeptes
Il en veut plus et veut faire connaître son mouvement au-delà des frontières. Jim Jones met en scène des guérisons miraculeuses. L'homme droguait les vieilles dames à leur insu avec un tranquillisant qui les assommait. Ensuite, elles se réveillaient avec un plâtre. Le pasteur leur expliquait qu’elles étaient tombées et que leurs jambes étaient fracturées. Puis, ces personnes âgées étaient emmenées à l’église en chaise roulante. Jim Jones leur découpait le plâtre et leur ordonnait de se lever, de marcher, de danser.
Jim Jones se prend pour la réincarnation de Jésus. Il arrive à convaincre pour faire adhérer à son mouvement. Le pasteur raconte à ses fidèles un cauchemar qu'il aurait fait. L'homme a eu une vision: une bombe atomique allait exploser dans le Midwest. Il faut donc partir. A la fin des années 1960, le gourou et les adeptes quittent Indianapolis pour s’implanter à San Francisco en Californie. Chaque jour de nouvelles personnes affluent pour assister au sermon du révérend Jimes Jones.
Le pasteur a le droit de vie et de mort sur ses adeptes. Il leur prend leurs biens, mais aussi une grande partie de leurs revenus. Sa personnalité commence à changer, il devient violent et tyrannique. Aucune personne n’a le droit de quitter de la secte. Ceux qui s’opposaient ou ceux qui voulaient partir étaient punis jusqu'à rentrer dans le droit chemin.
Un climat de terreur
Jim Jones exige que les hommes et femmes deviennent ses esclaves sexuels. Il entretient aussi des relations avec des mineurs. Après les investigations d'un journaliste, le gourou décide de déménager et d'emmener avec lui plus de 900 fidèles. En 1977, Jim Jones et ses adeptes partent au Guyana, en Amérique du Sud. Il veut créer une cité idéale loin du monde civilisé. Ensemble, ils s'installent sur cette terre nommée Jonestown. Les membres de cette secte se mettent au travail, car tout reste à construire. Mais la vie quotidienne est particulièrement difficile: maladie tropicale, chaleur accablante ou encore malnutrition.
Le révérend se comporte comme un dictateur et traite ses adeptes comme des esclaves. Il exerce une emprise et est craint de ses adeptes. Le gourou et les membres du Temple du Peuple se retrouvent isolés au milieu de la jungle. Jim Jones dispose d'une véritable garde rapprochée et armée jusqu'aux dents.
Après avoir entendu parler de "suicide révolutionnaire", une femme de 25 ans décide en mai 1978 de s’enfuir dans la jungle. Elle se rend à l'ambassade des Etats-Unis à Georgetown pour les informer de ce qui se passe. Une fois rentrée en Californie, cette dernière s'est exprimée lors d'une conférence de presse pour avertir l’opinion publique: Jim Jones a prévu de tuer tout le monde à Johnstown.
Plus de 900 adeptes ont mis fin à leur jour
Le député Léo Ryan a décidé de mener une commission d'enquête sur place accompagné de journalistes américains. L'objectif est de savoir si ces ressortissants américains sont libres ou prisonniés, mais aussi quelles sont leurs conditions de vie.
Le 14 novembre 1978, le député démocrate atterrit à l’aéroport de Georgetown. Jim Jones a donné des consignes très strictes à ses adeptes. Ils doivent donner une image positive et de ne pas donner l'impression d'un sentiment de crainte. Pendant trois jours, la délégation est accueillie à bras ouvert. Léo Ryan discute avec des fidèles de la secte qui lui indiquent vouloir rentrer avec eux. Le député démocrate part en catastrophe avec sa déléguation. Une quinzaine d’adeptes les accompagnent. Mais Jim Jones a envoyé ses hommes de main pour les neutraliser juste avant le décollage de l’appareil. Une fusillade éclate: 5 morts et 11 blessés.
Quatre jours plus tard, Jim Jones prend alors une décision. Le pasteur donne l’ordre à l’intégralité de ses adeptes de se suicider. Il a du poison en quantité illimité. Plus de 900 adeptes en ingèrent et vivent une lente et douloureuse agonie. Même des parents en donnent à leurs propres enfants. Le bilan final est lourd: 914 membres du Temple du Peuple sont morts. De son côté, Jim Jones s'est suicidé en se tirant une balle dans la tête.