Ils ont vécu l’enfer dans la maison de correction Dozier
Pendant 111 ans, cette “école pour garçons” a été le théâtre de maltraitances. En Floride, dans la ville de Marianna, une maison de correction a fait subir les pires sévices à des enfants. Pendant plus d’un siècle, personne ne s'inquiétera du sort de ces jeunes garçons privés de toute liberté.
Jusqu’au jour où cinq hommes âgés de plus de 70 ans ont décidé d’alerter l’Etat sur les maltraitances qu’ils ont vécu au sein de cet établissement. Si les agents fédéraux n’ont pas mesuré tout de suite la gravité des actes commis, un homme va s’y intéresser. Il s’agit du journaliste Ben Montgomery qui travaille au Tampa Bay Times à ce moment-là.
En 2008, il décide de rencontrer ces hommes pour comprendre ce qu’il s’est passé entre les murs de Dozier. Ils racontent leur histoire dans un documentaire à voir sur la plateforme RMC BFM Play.
Jerry Cooper est le premier à parler au journaliste. Il a intégré cette maison de correction au début des années 1960. Il fait partie des cinq hommes qui ont entamé un combat pour faire reconnaître les abus dont il a été victime pendant son enfance, avec ses camarades.
La plupart des jeunes garçons qui intégraient cet établissement étaient rejetés par leur famille et étaient envoyés là-bas en guise de punition. Pour Jerry, c’était la mauvaise entente avec son beau-père qui l’a conduit tout droit en enfer.
“J’étais un zombie tout le temps”
En arrivant à Dozier, il se souvient avoir été agréablement surpris par les extérieurs qui ressemblaient à un campus universitaire. L’horreur a commencé dès qu’il a passé la porte de son dortoir. Les murs étaient tachés de sang et sur les oreillers des lits restaient des morceaux de langues et de lèvres des occupants précédents. Si au début, il ne comprend pas tout ce qu’il voit, il va rapidement être confronté à la réalité de ce lieu.
Pour n’importe quelle raison, même la plus anodine, les enfants se faisaient frapper violemment. Ils étaient enfermés dans une cellule, attachés et laissés à l’isolement pendant plus de trois semaines. Toutes ces maltraitances étaient l'œuvre de leur bourreau: Troy Tidwell, un homme décrit comme ayant une “force effrayante” et une “passion pour la violence”.
Pour la plupart, il est très difficile de se souvenir de tout ce qu’il s’est passé au sein de cette “école”. Et pour cause: “Ils m’ont gardé sous Thorazine. Tous les soirs, ils me donnaient de la Thorazine”, raconte Jerry. Tandis qu’un autre camarade confie: “J’étais un zombie tout le temps.” Un psychiatre présent au sein de l’établissement, le docteur Souza, leur faisait vivre des expériences farfelues. Il leur installait, notamment, des électrodes sur la tête pour comprendre le processus de la pensée. Ou encore, leur faisait boire de la soupe à base de moelle osseuse.
L’école de la mort
Si plusieurs journalistes avaient déjà tenté d'alerter sur les agissements de l’établissement, l’Etat n’a jamais pris en compte ces déclarations. Certains ont même découvert qu’un bois avoisinant Dozier abritait un cimetière où 55 enfants reposent.
A la suite de l’enquête de Ben Montgomery, des dizaines d’anciens élèves de cette école ont accepté de témoigner. Ils sont désormais nombreux à se battre pour faire reconnaître à l’Etat de Floride la torture qu’ils ont vécue pendant des années.
Découvrez les témoignages poignants des victimes de cette école dans le documentaire Dozier, la maison de correction de l'horreur, sur la plateforme RMC BFM Play.