L'histoire vraie derrière… le film "L'allumeuse"

Claude Chabrol et Isabelle Huppert - AFP
Claude Chabrol s'est emparé d'un fait divers qui a passionné l'opinion publique au cours du XXe siècle en sortant son film L'allumeuse, en 1978. Il s'agit de l'affaire Violette Nozière, une jeune femme de 18 ans, condamnée à mort pour avoir tué son père et empoisonné sa mère, en 1933. C'est Isabelle Huppert qui a été choisie par Claude Chabrol pour incarner la jeune lycéenne parisienne.
Enfant unique, elle vit dans un appartement parisien près de la gare de Lyon avec son père Baptiste Nozière et sa mère Germaine. Éduquée dans une famille modeste, elle découvre un autre monde en fréquentant les étudiants de bonne famille au lycée Fénelon. Ne supportant pas la différence de moyens qui la sépare de ses camarades, elle commence à voler ses parents et à se prostituer. Les choses vont s'accentuer lorsqu'elle tombe amoureuse d'un étudiant en droit qu'elle veut impressionner.
Jusqu'au jour où elle découvre que ses parents possèdent 165.000 francs d'économies et veut les récupérer à tout prix. A partir de ce moment-là, elle planifie leurs morts pour toucher cette somme en héritage.
Elle plaide l'inceste
Un soir de 1933, après s'être procuré des somnifères puissants, elle en versa dans les boissons de ses parents. Son père bu son verre entièrement et tomba raide, mais sa mère, n'aimant pas le goût, ne bu qu'une petite quantité, ce qui la plongea simplement dans le coma. Pour faire croire à leur suicide, elle décida d'ouvrir le gaz de chez elle et quitta les lieux.
Les voisins appellent les pompiers et sa mère est transportée à l'hôpital. Mais pour son père, il est trop tard, il est mort sur le coup. Une enquête de police est menée au domicile et un élément interpelle les enquêteurs: le relevé du compteur de gaz montre que la quantité échappée dans l'appartement était insuffisante pour les asphyxier.
Violette est donc arrêtée et interrogée. Pendant son interrogatoire, elle avoue avoir volontairement tué son père, mais pour justifier son geste, elle explique que ce dernier la violait depuis l'âge de ses 12 ans.
Condamnée à mort
Son procès s'est ouvert le 10 octobre 1934 devant la cour d'assises de la Seine. Sa personnalité décrite comme immorale, libertine, manipulatrice et vénale est présentée à la cour par les experts.

La défense avance aussi le fait que, si son père l'a violée, elle n'avait pas de raison de souhaiter la mort de sa mère. La cour conclut alors qu'elle n'a agi que dans le but de récupérer l'héritage de ses parents, comme elle l'avait déjà fait avant leur mort.
La jeune femme finit par avouer avoir menti et inventé les faits d'inceste. A l'issue de l'audience, Violette est finalement condamnée à la peine de mort. Mais cette sentence n'est que symbolique puisqu'à cette époque, on ne guillotinait plus les femmes. Elle est donc, à la place, condamnée à des travaux forcés à perpétuité.
Libérée et réhabilitée
Au cours de sa détention, Violette se montre exemplaire et se tourne vers la religion catholique pour se repentir. Face à cette attitude, le maréchal Pétain décide de réduire sa peine de travaux forcés à perpétuité à douze ans. En 1945, c'est le général Charles de Gaulle qui décida de la libérer.
En sortant, Violette se maria à un cuisinier et eut cinq enfants. En 1963, elle est finalement réhabilitée et retrouve ses droits. Mais la maladie l'a déjà atteinte et elle mourra en 1966 à l'âge de 51 ans d'un cancer des os sans jamais avoir révélé son passé à ses enfants.