Ancien négociateur au RAID: Christophe Caupenne au cœur de l'action

Christophe Caupenne a travaillé au RAID pendant plus de onze ans - Christophe Caupenne
"Un négociateur au RAID, c'est quelqu'un qui cherche à avoir un mode de résolution pacifique permettant aux otages et à ses camarades de rentrer chez eux le soir". Ancien chef du groupe geste de crise et négociation, Christophe Caupenne revient pour RMC Crime sur son parcours, ses motivations et ses onze années d'expérience dans ce service si particulier".
Selon lui, négocier est également "être capable de créer un lien particulier avec la personne en crise ou le criminel".
Lorsqu'une intervention s'avère complexe, les forces de l'ordre peuvent demander le renfort d'une équipe de négociateurs pour débloquer la situation. Avant de rejoindre cette unité d'élite, Christophe Caupenne a travaillé quelques années en police judiciaire. Cette expérience lui a permis de développer une bonne expertise de la nature humaine. Puis, il est parti au RAID pendant plus de onze ans. Concrètement, son travail est d'obtenir une solution pacifique dans une situation conflictuelle grave ou à haut risque.
Seuls les fonctionnaires de police peuvent candidater au poste de négociateur au RAID. Les postulants retenus passent plusieurs épreuves: tests écrits, tests psychologiques, mais aussi des mises en situation. Peu de places, avec des critères très précis: "La capacité d'écoute, l'adaptation, la résistance au stress ou encore le courage, sont des éléments importants dans notre métier." Ensuite, seulement une poignée d'entre eux sont choisis. Ceux qui sont sélectionnés doivent suivre une formation.
Christophe Caupenne décide de tenter sa chance. Il postule et il est sélectionné:
"C'est l'unité d'élite de la police nationale, elle fait donc forcément rêver tous les policiers. On pense tous que c'est un Graal inatteignable. Il faut des circonstances particulières pour que ça devienne une réalité."
Au niveau de la police, ils sont 80 négociateurs en France. Du côté de la gendarmerie, ils sont environ 300. Le salaire varie en fonction de l'ancienneté. En début de carrière, il varie autour de 2000 euros par mois.

Christophe Caupenne est souvent appelé en dernier recours et se tient prêt à intervenir à tout moment. Lorsque le téléphone retentit, il conditionne son équipe et lui-même à prêter main-forte. Ils rassemblent le matériel d'intervention et prennent connaissance des éléments de l'affaire. Ces professionnels sont en lien avec des acteurs plus haut placés mais aussi des proches de la personne concernée par l'intervention: "Ils vous apportent des pièces du puzzle", explique-t-il. Une fois sur place, le négociateur prend contact avec la personne.
La première prise de contact est "fondamentale": le négociateur ne peut faire qu'une seule fois une bonne impression. En fonction de la prise de contact, la stratégie peut évoluer rapidement. En équipe, Christophe Caupenne analyse les éléments qui peuvent avoir une influence sur la situation. Si rien ne se débloque, une intervention peut être réalisée immédiatement.
"L'utilisation de certains mots peut avoir une résonance particulière pour l'interlocuteur. Il ne faut pas oublier l'objectif prioritaire, la résolution pacifique, car le premier contact sera orienté dessus. On ne peut pas se permettre de faire ça à l'intuition ou de manière approximative. Il faut vraiment que l'on soit chirurgical", raconte-t-il.
Lorsque Christophe Caupenne prend contact avec la personne, il essaye de faire preuve d'empathie et de compréhension pour ne pas l'offenser : "Lorsque vous parlez avec lui, vous vous apercevez qu'il est en train de vivre un terrible drame... Ça peut être sa femme qui l'a quitté pour son meilleur pote ou qu'il est acculé de dettes et ne s'en sort plus."
Animé par le goût du défi, Christophe Caupenne apprécie particulièrement la résolution des négociations dites impossibles. Quand une prise d'otages implique des enfants, il se fixe l'objectif de tous les libérer: "C'est satisfaisant quand on arrive à les rendre à leur mère notamment lorsque c'est un conjoint violent qui les a pris en otage."
Pour lui, les négociations se prennent aussi avec des risques. Christophe Caupenne explique que si la personne a une arme, elle peut ouvrir la porte et lui tirer dessus à n'importe quel moment. Malgré tout, un lien particulier se tisse entre eux. Lorsque la personne se rend, ce n'est pas à la police, ni au juge, ni au procureur qu'elle le fait, mais bien à son négociateur.
Des négociations menées à l'étranger
Au cours de sa carrière, Christophe Caupenne est amené à se déplacer à l'étranger pour mener des négociations. L'homme préfère rester discret sur ces affaires, car elles sont maintenues confidentielles. Malgré tout, il explique être parfois sollicité pour intervenir lors de prises d'otages au Yémen ou encore en Colombie. Le temps des négociations est variable. Certaines peuvent dépasser les 20 heures et cela peut durer jusqu'à six semaines comme en Colombie.
Après avoir travaillé pendant onze ans au RAID, Christophe Caupenne considère avoir "acheté sa liberté" en servant l'État avec "détermination et loyauté". En 2011, il souhaite alors devenir chef d'entreprise et se lance dans l'entrepreneuriat. Il trouve là un point commun avec son ancien métier: la négociation.
"Je continue de travailler dans ce domaine, mais plus dans le registre criminel. J'accompagne de très grands groupes sur des négociations importantes."
Pour la relève, Christophe Caupenne conseille aux jeunes d'avoir une très bonne expérience dans la police, mais aussi d'être curieux sur les profils criminels et les modes opératoires.