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"C'est une délinquante perverse": des parents condamnés pour avoir fait vivre un calvaire à leur fille

Tribunal judiciaire d'Albi

Tribunal judiciaire d'Albi - Google Street View

Ce jeudi, des parents ont été jugés à Albi (Tarn) pour avoir fait vivre un enfer à leur petite fille, lui faisant subir des violences physiques et psychologiques depuis sa naissance.

Ils ont semé la terreur dans leur propre famille. Un couple, âgé de 46 et 61 ans, vient d'être condamné, ce jeudi, par le tribunal correctionnel d'Albi (Tarn) pour "soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant" sur leur fille née en 2012.

Le père a été condamné à 18 mois de prison et la mère à 9 mois, entièrement assortie d'un sursis probatoire avec des obligations de soins psychiatriques, comme le rapporte La Dépêche. Les parents devront également verser des indemnités à leur fille, aujourd'hui âgée de 11 ans, qui restera placée en foyer.

Enfermée dans sa chambre

Au cours de l'audience, l'enfance de la petite fille a été décrite pour donner une image à la cour du calvaire qu'elle a subi pendant plusieurs années. Peu désirée par son père qui avait déjà trois enfants d'un précédent mariage, la fillette a vécu dans la peur permanente face à ses réactions. Psychomotricien dont les pratiques thérapeutiques sont "controversées", selon la présidente du tribunal, il a reconnu un "excès d'autorité" lors du procès.

L'homme avait pris l'habitude de la frapper dès son plus jeune âge quand elle ne réagissait pas comme il le voulait. Plongée dans un quotidien de terreur, la fillette avait finalement été placée dans un internat à l'âge de huit ans, ne rentrant chez elle que les week-ends.

Mais à chaque retour chez ses parents, son calvaire montait d'un cran. Elle était enfermée dans sa chambre, où son père avait posé un loquet sur sa porte pour l'empêcher de sortir sans son autorisation. Selon nos confrères, il lui reprochait plusieurs vols de nourriture. "Je me sentais victime d'un abus de confiance", a-t-il déclaré au cours de l'audience pour justifier l'enfermement de sa fille.

Elle ne "méritait pas" leur amour

Outre les violences physiques, la petite fille était victime de violences psychologiques. Son père tenait un "livret éducatif" depuis sa naissance où il recensait tous ses "ressentis" face à sa fille. Analysé par les enquêteurs, ce carnet regorgeait de notes révélant l'état d'esprit du père.

"Je ne veux plus la voir ni l'entendre. Si elle ne veut pas de moi, je ne veux pas d'elle", a-t-il écrit lorsque la petite fille avait deux ans. Ou encore "Je sais maintenant que c'est une malade mentale, une délinquante perverse".

En manque d'amour, la petite fille était privée de câlins et de cadeaux de Noël, car elle ne les "méritait pas", selon ses parents. Totalement détruite, elle a décidé de parler de sa situation familiale au personnel de son établissement pour tenter de trouver du soutien. C'est à la suite de ses déclarations qu'une enquête a été ouverte et que l'enfant a été placé. Ce procès est donc une étape importante pour elle et sa reconstruction, comme l'explique son avocate, Me Deltell.

"Elle voulait venir à l'audience pour voir son père puni et qu'il s'explique. Elle a besoin qu'on lui dise qu'elle n'est pas nulle, qu'elle n'est qu'une victime".
Alix Mancel