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Ces fois où on a cru mettre la main sur Xavier Dupont de Ligonnès

Xavier Dupont de Ligonnès, filmé par une caméra de vidéosurveillance en 2011.

Xavier Dupont de Ligonnès, filmé par une caméra de vidéosurveillance en 2011. - Thomas Coex - AFP

L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès a suscité de nombreux signalements. Certains sont persuadés de l’avoir vu. Retour sur toutes ces fois où on a cru le retrouver.

Depuis la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès, des milliers de signalements ont été faits partout dans le monde. Parfois à la suite d'un documentaire diffusé à la télévision, d'autres fois par des personnes fascinées par cette histoire... Mais pour l’heure, les enquêteurs n’ont fait face qu’à des fausses pistes.

Retour sur onze années rythmées de faux espoirs.

• En 2012, en Italie

En Italie, un couple de restaurateurs français est persuadé d’avoir Xavier Dupont de Ligonnès dans leur restaurant. Ils préviennent alors la police et le gérant fait mine de lui faire la conversation pendant ce temps-là. Mais l’homme quitte finalement les lieux avant l’arrivée des forces de l’ordre. Les enquêteurs vérifient quand même les traces ADN laissées sur les couverts, le verre et la bouteille de vin, mais cela ne donne rien. “Nous sommes certains que le tueur a dîné chez nous”, ont assuré les patrons du restaurant au quotidien local italien TargatoCN.

• En 2013, à Dieppe

Cette année-là a été marquée par plusieurs rebondissements. En février, c’est au tour d’un hôtelier d’être convaincu d’avoir hébergé Xavier Dupont de Ligonnès. Outre l’aspect physique proche du fugitif, ce sont les agissements de l’homme qui ont alerté le gérant de l’hôtel. Il aurait vidé les cendriers et effacé l’historique de ses recherches sur Internet avant de prendre la fuite dans la nuit, sans payer. Les enquêteurs vont une nouvelle fois analyser les traces ADN, mais elles ne correspondront pas avec le père de famille nantais.

Puis, en juin, un cadavre a été retrouvé à Cogolin, dans le Var. Cette fois-ci, cette piste intéresse davantage les enquêteurs puisqu’il y a un lien avec Xavier Dupont de Ligonnès. Et pour cause, sa famille a vécu dans ce coin dans les années 1990. C’est d’ailleurs à une vingtaine de kilomètres de la dernière fois où il a été vu vivant, sur une vidéo de surveillance. Mais c’est encore une déception pour les policiers qui finissent par découvrir que les ossements retrouvés ne correspondent pas à Xavier Dupont de Ligonnès.

• En 2015, dans le Var

Dans le Var, toujours, des ossements sont découverts par un promeneur et son chien. Dans un camp à Bagnols-en-Forêt, le parquet de Draguignan évoque la présence “de traces de vie pendant quelques semaines, voir quelques mois”. Une facture datant de 2011 au nom de Xavier Dupont de Ligonnès est également retrouvée sur les lieux. Un indice qui laisse penser que l’homme est resté caché ici quelque temps. Pourtant, une semaine plus tard, les analyses ADN vont une nouvelle fois discréditer cette théorie.

• En 2016, dans l'Allier

Dans l’Allier, au casino de Néris-les-Bains, un homme est confondu avec le père de famille recherché. Le 17 septembre 2016, les gendarmes de Montluçon se lancent à sa recherche. D’après les informations de La Montagne, l’homme est retrouvé et, même si la ressemblance est flagrante, il ne s’agit pas de Xavier Dupont de Ligonnès.

• En 2018, dans un monastère

En janvier de cette année-là, une piste va vraiment intéresser les enquêteurs. Au monastère Saint-Désert-des-Carmes, à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, une vingtaine de policiers débarquent, au petit matin. Deux femmes ont prévenu les enquêteurs quelques jours plus tôt, car elles sont persuadées d’avoir vu Xavier Dupont de Ligonnès aux offices. Après avoir mené leur enquête, les policiers de Nantes et de Toulon dépêchés sur place découvrent qu’il s’agit du frère Jean-Marie Joseph. Pour l’homme, c’est la stupeur: “Je suis tombé des nues. Certaines choses peuvent correspondre, certes, comme la taille, je mesure 1.82 mètres, ou l’âge, j’ai 53 ans. Pour le reste, je ne lui ressemble pas du tout. J’ai des lunettes, certes. J’ai les cheveux coupés à ras et je suis plutôt blanchi, disons, que brun. J’ai un frère de communauté, dans un autre couvent, qui lui ressemble davantage”, a-t-il expliqué à nos confrères de LCI.

• En 2019, à Glasgow

C’est la fausse piste qui a fait couler le plus d’encre depuis la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès. Le 11 octobre 2019, un homme est arrêté à Glasgow, en Ecosse. Pour les enquêteurs, il s’agit bien du père de famille. Tous les médias s’emparent de cette information et, pour certains, confirment qu’il s’agit bien du fugitif.

Mais finalement, les empreintes digitales n’étaient que partiellement similaires à celle de l’homme recherché. Il s’agit en réalité de Guy Joao, qui allait simplement rejoindre son épouse écossaise. “Lorsqu’on m’a dit que j’étais un criminel, un assassin, j’ai dit ‘pas de problème, j’ai jamais tué personne’, et deux policiers me menottent et m’emmènent dans un petit fourgon de police, à l’arrière, comme les chiens et nous partons. Le commandant me dit ‘bah voilà, il paraît que vous êtes M. Xavier Dupont de Ligonnès’, mais j’ai dit ‘c’est bien, mais qui est M. Xavier Dupont de Ligonnès ?’”, a-t-il raconté à nos confrères d’M6. Placé en garde à vue, il devra attendre 26 heures avant d’être disculpé une nouvelle grâce aux tests ADN.

• En 2020, dans le Doubs

Dans le Doubs, au mois de septembre, un couple discute avec un sans-abri et remarque une étrange ressemblance avec le père de famille le plus recherché, selon les informations de L’Est Républicain. La police de Besançon se lance donc à la recherche de cet homme. Et après des jours de fouilles, des auditions et une série de vérifications, les résultats sont sans appel: il ne s’agit pas de Xavier Dupont de Ligonnès.

• En 2022, dans un bar à Rennes

Le 21 février 2022, le journaliste sportif Olivier Ménard raconte une étrange anecdote qui lui est arrivée. Dans un bar à Rennes, le présentateur de l’émission L’Equipe du Soir prenait des selfies avec des gens l’ayant reconnu. Jusqu’au moment où un homme s’approche de lui: "À la fin de soirée, je vois un gars au loin et je me dis ‘bon bah tu ne vas pas y couper à ton petit selfie’. Il s’approche, il regarde vers le bas et je vois qu’il a un brassard de la police. Il me dit que c’est un contrôle d’identité", raconte le journaliste.

Tout en présentant sa carte de presse, il demande la raison de ce contrôle, et la réponse va le laisser sans voix. “Le policier me dit alors: ‘je vais vous faire une confidence, il y a quelqu’un à l’extérieur du bar qui nous a dit que Xavier Dupont de Ligonnès était là et on a cru que c’était vous’”.

Alix Mancel