Dans les coulisses de "Nouveau Détective", le magazine qui couvre les grands crimes depuis 1928
"L'enfant du congélateur", "assassinée par le chauffeur de bus" ou encore "la psy abattue par son patient". Titres marquants et affaires fascinantes... à la une de son hebdomadaire, Le Nouveau Détective affiche la couleur. Ce magazine est un des plus vieux titres de presse français mais aussi le plus emblématique dans le traitement des enquêtes criminelles. Des sœurs Papin, à l'affaire du petit Grégory, en passant par Xavier Dupont-de-Ligonnès ou encore les crimes de Michel Fourniret,... Depuis sa création en 1928, le magazine a vu défiler des années de crimes.
C'est à Montrouge, au sud de Paris, que Julie Rigoulet, la rédactrice en chef du magazine nous a donné rendez-vous pour découvrir la rédaction et ses méthodes. Dans un open-space où règnent le calme et le claquement des claviers d'ordinateurs, nous sommes accueillis dans un bureau tapissé des unes les plus marquantes du magazine.
Avec 100.000 numéros tirés par semaine, cet hebdomadaire, disponible tous les mercredis, est composé de neuf à onze articles qui reviennent sur des affaires principalement françaises, et parfois étrangères. Avec en couverture, une histoire toujours frappante, un titre tout en lettres majuscules et aux mots bien choisis.
Une écriture digne d'un roman policier
Car l'écriture est la signature de ce magazine. Pour leurs articles, les équipes adoptent une technique bien particulière qui leur a parfois valu d'être la cible de critiques. Afin de plonger les lecteurs au plus près de ces histoires qui ont glacé le sang de ceux qui les ont vécus de près, l'équipe envoie d'abord un reporter sur le terrain, pendant trois ou quatre jours, avec pour mission d'entrer en contact avec un maximum de personnes qui gravitent autour de l'affaire. Pour ça, ils font du porte à porte pour interroger la famille, les voisins, les amis des victimes, mais également les avocats et parfois les enquêteurs, comme nous l'explique le chef de l'information qui est en contact régulier avec eux, depuis la rédaction.
Mais après avoir récolté un maximum d'informations, les reporters les transmettent à des auteurs qui rédigent à leur tour le papier en donnant aux faits un genre littéraire, à la manière d'un roman policier. Taxé de magazine à sensation, le directeur adjoint de la rédaction ne rougit pas de cet adjectif qu'il prend comme un compliment. "On veut vraiment donner des sensations aux lecteurs, qu'ils ressentent de la tristesse, de l'indignation", explique-t-il. Une technique bien à eux, entre journalisme et narration, qui a contribué à leur notoriété.
Des archives bientôt centenaires
Depuis près de 100 ans d'existence, le journal a vu défiler des plumes prestigieuses. André Gide, Georges Simenon ou encore Albert Londres ont notamment collaboré lors des premiers numéros du magazine et ont participé à faire sa réputation. Avides de fait divers qu'il considère comme un moyen de "révéler les tensions de la société", Jean-Paul Sartre est un lecteur régulier du journal, tout comme Simone de Beauvoir.
Fier de son histoire, le magazine soigne son patrimoine. Ces numéros sont conservés comme des reliques, stockés au sous-sol de la rédaction. La salle des archives est composée de grandes armoires déroulantes où sont stockées toutes les enquêtes du "Nouveau Détective" depuis sa création. Pour chaque article, il y a un dossier comprenant les illustrations, dont celles de l'historique dessinateur de presse Angelo Di Marco, l'enquête de terrain et les différents témoignages recueillis par les reporters de l'époque. Et c'est encore le cas pour des affaires historiques qui ont marquées le XXe siècle comme les sœurs Papin, ou Violette Nozière.
Jusqu'à des cartons, dans une pièce annexe, marqués de noms plus familiers avec l'actualité récente, sur lesquels on peut lire "Fourniret" ou encore "Grégory". Des affaires qui résonnent encore dans l'esprit de chacun et qui font encore aujourd'hui vendre du papier chaque semaine.