Elle rencontre l’homme qui l’a violée quand elle était petite
C’est une rencontre inattendue et malheureuse. Maiana n’était qu’une petite fille de sept ans quand elle s’est fait violer par O., un homme de 19 ans au moment des faits. Si elle a réussi à avancer et à construire une vie stable, un élément va ramener la jeune femme à son agression. En 2012, la jeune femme se retrouve face à un article de journal qui l’hypnotise. Dessus, elle reconnaît l’homme qui l’a violé quand elle était petite. L’article révèle qu’il est une nouvelle fois condamné pour agression sexuelle sur mineur. Pour elle, c’est le choc. Elle ressent soudain l’envie de lui parler et de rouvrir cette partie sombre de sa vie. Elle raconte son histoire dans un documentaire à voir sur la plateforme RMC BFM Play.
Depuis 2014, une réforme pénale a permis d’instaurer la justice restaurative. Cette approche consiste à organiser des rencontres entre les victimes et leurs agresseurs, s’ils le souhaitent, dans le but d’entamer un dialogue. Maiana décide de s’inscrire dans ce protocole pour rencontrer O. C’est la première en France à se lancer dans cette démarche. Mais elle ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi difficile à surmonter.
Un pardon libérateur
Avant d’organiser cette rencontre, il est nécessaire de préparer ce rendez-vous avec des médiateurs. Cette préparation dure en moyenne un an et permet aux deux interlocuteurs de se confronter à des situations qui pourraient arriver pendant l’entretien. Par exemple, accepter le fait de ne pas avoir toutes les réponses que l’on attend ou bien que l’homme en face d’elle ne soit pas celui qu’elle imaginait étant enfant.
Le rendez-vous est donné en décembre 2017. Dès le début de cette rencontre, l’homme tient à lui présenter les excuses qu’il ne lui avait jamais formulées: “Je suis désolé, Maiana. Je suis désolé de ce que je t’ai fait, tu n’imagines même pas. Le mal que je t’ai fait, je me le suis fait aussi à moi-même”. L’homme continue de clamer son pardon. “Tu n’as aucune responsabilité, c’est-à-dire que j’ai réellement profité de cet instant où tu es une petite fille, sans aucune défense. Par pitié, ne te reproche jamais de ne pas t’être défendue”. Mais Maiana l’arrête immédiatement, car s’il y a bien une chose dont elle est sûre, c’est qu’elle n’a rien à se reprocher.
“L’humain n’a pas de valeur”
Pendant cette entrevue, Maiana n’oublie pas pourquoi elle est là: elle souhaite comprendre ce qu’il s’est passé dans sa tête le jour où il l’a violée. “Dans cet ascenseur, la porte s’ouvre, tu vois cette petite fille. Tout de suite, comme ça, te vient à l’idée de l’attraper et faire ce que tu avais déjà imaginé précédemment ?”, interroge la jeune femme. O. entame une réponse qui esquisse l’état d’esprit dans lequel son agresseur était à ce moment-là. “Je ne sais pas si cela s’est passé comme ça, mais je sais que je suis dans cette part de moi, de toute-puissance, c’est-à-dire, que l’humain n’a pas de valeur. J'appellerais ça une toute-puissance infantile, comme un ‘je veux’”.
Si elle a pu avoir certaines réponses à ses questions, cet entretien n’a pas pu tout réparer. La jeune femme décide donc d’en programmer un autre, à l’automne 2018. Cette fois-ci, Maiana veut faire comprendre à son agresseur qu’il ne doit plus vivre avec son image sur sa conscience. Car, le plus important pour elle désormais, est qu’il soit heureux et bien dans sa vie pour que, plus jamais, il n’ait envie de faire souffrir les autres.
Découvrez cette rencontre dans le documentaire Rencontre avec mon agresseur disponible sur notre plateforme RMC BFM Play