RMC Crime
Affaires françaises

Prisons françaises: Casabianda, cette prison sans mur où les détenus sont (presque) libres

Les détenus de la prison de Casabianda (Haute-Corse) lors d'une partie de pétanque

Les détenus de la prison de Casabianda (Haute-Corse) lors d'une partie de pétanque - AFP

Cet été, RMC Crime pose sa loupe sur des prisons emblématiques françaises. Retour sur la prison ouverte de Casabianda, en Corse, où les détenus peuvent circuler librement.

Bord de mer, parties de pétanque ou encore des chats qui se baladent... Difficile de croire qu'il s'agit d'une prison lorsque l'on se rend à la "prison ouverte" de Casabianda, à Aléria (Haute-Corse) qui est unique en France. Là-bas, les conditions de détention sont particulières puisque les détenus vivent librement dans l'enceinte du domaine agricole sur lequel a été installé ce centre de détention. "Ils ont une liberté de mouvements et de circulation qui n'existe nulle part ailleurs", explique Jean-Félix Aquaviva, député de la Haute-Corse, pour RMC Crime.

Dans cette prison où les barreaux n'existent pas, les personnes incarcérées disposent la plupart du temps des clés de leurs cellules. "Le fonctionnement de ce centre de détention est basé sur une relation de confiance", explique le député. Seule une barrière où il est écrit "fin de limite autorisée" marque les frontières de ce centre pénitencier.

Contrairement aux autres prisons françaises, la surpopulation n'existe pas à Casabianda puisque l'établissement compte 194 cellules pour 118 détenus, selon les chiffres de l'Observatoire International des prisons.

Une prison pour pédocriminels

Installée sur un domaine agricole et viticole de 1500 hectares en bord de mer, la prison de Casabianda fonctionne, depuis son ouverture en 1948, sur le principe du travail. "Les détenus volontaires sont payés pour gérer les terres et s'occuper des récoltes et du bétail"; explique Jean-Félix Aquaviva. Bovins, porcs, olives, céréales, plantes aromatiques, ils commercialisent même leurs produits dans des commerces locaux et contribuent ainsi à l'économie de la Corse.

Si ce cadre de vie peut sembler paradisiaque comparé aux autres prisons, cela peut aussi très vite s'arrêter. S'ils font la moindre incartade, les détenus sont immédiatement renvoyés vers un établissement pénitentiaire classique et perdent alors toute liberté.

Mais si ce modèle fonctionne, ce serait dû à la sélection des détenus par l'administration pénitentiaire, comme nous l'explique le député. Les personnalités violentes ne sont pas acceptées dans l'enceinte de cette prison et la plupart présentent le même profil. "70% sont des criminels condamnés pour violences sexuelles et notamment pour des faits intrafamiliaux", indique Jean-Félix Aquaviva.

L'image de "prison modèle" mise à mal

Si l'administration pénitentiaire se vante de la non-violence de cet établissement, de l'absence d'évasion ou encore du taux de récidive proche de zéro, le député insiste également sur le fait que le modèle du travail mis en place à Casabianda permet une meilleure réinsertion.

Des statistiques qui sont depuis à nuancer, car depuis 2018, trois évasions ont eu lieu, comme le rapporte le média Corse Matin. Si habituellement des alertes sont diffusées en masse pour signaler la présence d'un criminel dans la nature, à chacune de ces évasions, rien n'a été fait. Une réaction qui inquiète le premier adjoint du maire d'Aléria. Il confiait à nos confrères son étonnement face à la gestion des évasions de ces dangereux criminels. "Certains sont des pédophiles et des violeurs [...] Je suis inquiet pour les enfants. Je n'ai pas honte de le dire!".

Alix Mancel