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Crimes internationaux

Au Kenya, 83 membres présumés d'une secte retrouvés morts de faim

Les corps ne cessent d'être découverts dans la forêt de Shakahola, au Kenya

Les corps ne cessent d'être découverts dans la forêt de Shakahola, au Kenya - AFP

83 corps ont été retrouvés dans une fosse, au Kenya. Il s'agirait de membres présumés d'une secte qui pratiquaient le jeûne extrême pour "rencontrer Jésus".

C'est un macabre décompte qui ne cesse d'augmenter depuis la découverte de la mort de membres présumés d'une secte religieuse, au Kenya. Ce lundi, l'AFP annonçait 73 morts et ce chiffre a désormais gonflé en passant à 83.

Désormais appelée le "massacre de la forêt de Shakahola", en raison du lieu où ont été retrouvés les corps, cette hécatombe serait liée à une secte prônant le jeûne extrême dont le chef aurait préconisé de cesser de manger pour "rencontrer Jésus".

Ce mardi matin, un journaliste de l'AFP sur place a vu cinq nouveaux corps emballés dans des sacs mortuaires bleus, tandis que cinq autres, dont ceux de trois enfants, étaient en train d'être sortis d'une fosse commune peu profonde. Pour l'heure, aucun détail n'a été communiqué sur l'état des corps et la durée de leur présence dans le sol.

Face à l'afflux des corps, la morgue de l'hôpital du sous-comté de Malindi est pleine, a indiqué l'administrateur de l'hôpital. "La morgue a une capacité de 40 corps". C'est pourquoi la Croix Rouge a été sollicitée pour fournir des containers réfrigérés.

Déjà bien connu de la police

Cette découverte fait suite à l'arrestation du chef de la secte, Makenzie Nthenge, qui s'était rendu à la police le 15 avril dernier et avait été placé en détention provisoire. Six fidèles de ce gourou ont également été arrêtés, comme le rapporte l'AFP.

Selon un rapport, la police avait dit avoir reçu des informations faisant état de personnes "mortes de faim sous prétexte de rencontrer Jésus après avoir subi un lavage de cerveau par un suspect, Makenzie Nthenger, pasteur de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle", selon l'agence de presse. Ancien chauffeur de taxi, il avait créé son "église" en 2003.

Les médias locaux ont indiqué que le chef de ce culte avait déjà été arrêté et accusé de radicalisation en 2017 car il prônait de ne pas mettre les enfants à l'école, affirmant que l'éducation n'était pas reconnue dans la Bible. Le mois dernier, après que deux enfants sont morts de faim sous la garde de leurs parents, il a une nouvelle fois été arrêté avant d'être libéré moyennant une caution de 100.000 shillings kényans (environ 670 euros).

Le président le qualifie de "terroriste"

Le président du Kenya, William Ruto, s'est exprimé ce lundi et a qualifié de "terroriste" le "pasteur" de ce groupe appelé Good News International Church (Eglise Internationale de Bonne Nouvelle). Il a promis des mesures contre ceux "qui veulent utiliser la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable".

Une course contre la montre est désormais engagée pour retrouver des survivants. Au moins 31 personnes ont été retrouvées vivantes et ont été hospitalisées. "Chaque jour qui passe, il y a une très forte possibilité que d'autres meurent", a déclaré le directeur exécutif de l'ONG Haki Africa qui avait alerté la police sur les agissements de ce groupe religieux.

"L'horreur que nous avons vue ces derniers jours est traumatisante. Rien ne vous prépare à des fosses peu profondes contenant des enfants", a-t-il ajouté.

Le chef de ce culte doit comparaître le 2 mai prochain sur cette affaire. Les autorités policières et judiciaires devront également répondre aux interrogations concernant les failles de l'enquête alors qu'ils connaissaient le "pasteur" mis en cause depuis plusieurs années.

Alix Mancel avec AFP