Royaume-Uni: il passe 17 ans en prison et un nouveau test ADN pourrait l'innocenter

Andrew Malkinson a passé dix-sept ans de sa vie en prison - Christophe SIMON © 2019 AFP
Un homme a passé dix-sept ans de sa vie derrière les barreaux d'une prison pour le viol d'une femme. Mais il va voir son cas rééxaminé, grâce à une nouvelle expertise médico-légale: de l'ADN retrouvé sur la victime est relié un autre homme inconnu jusqu'à présent.
Andrew Malkinson a été déclaré coupable du viol d'une femme de 33 ans sur une autoroute du Grand Manchester en 2003. Pourtant, il n'y a jamais eu de preuve ADN contre lui. Depuis sa cellule, l'homme a toujours clamé son innocence, selon The Guardian.
Une demande pour faire annuler sa condamnation
La commission de révision des affaires pénales (CCRC), dont le rôle est d'investiguer sur les erreurs judiciaires, a commandé ses propres enquêtes médico-légales sur l'affaire. Cette décision survient après que la défense d'Andrew Malkinson a découvert de nouvelles preuves permettant de disculper leur client. L'ADN d'un autre homme aurait été prélevé sur la victime.
Lors de son agression, la victime se souvient avoir causé "une égratignure profonde" sur la joue droite de l'homme. Lorsque Andrew Malkinson s'est rendu au travail le lendemain, aucune marque n'était visible sur son visage. En 2020, de nouvelles techniques médico-légales sont utilisées pour faire des tests. Elles ont montré des traces d'ADN masculin sur des prélèvements d'ongles, ainsi que sur des fragments de vêtements de la victime. Ces résultats ne correspondaient ni à son petit ami de l'époque, ni à l'accusé.
En 2021, Andrew Malkinson a déposé une demande pour faire annuler sa condamnation. Mais la CCRC n'a pas encore statuée sur la question. Une association caritative et un cabinet d'avocats qui représente l'accusé pensent que la police a eu une "vision étroite" dans l'affaire. L'homme n'avait jamais été condamné pour violence: "Je ne pourrais jamais rien faire de tel", explique-t-il. Même s'il a passé dix-sept ans de sa vie en prison, il a toujours cru que la vérité éclaterait: "Je dis la vérité et c'est ce qui m'a donné de l'espoir tout au long de ces années", rapporte le média britannique.
Une description physique qui ne colle pas
Ses avocats affirment que leur client ne correspond pas à la description de l'agresseur faite par la victime. L'homme en question était décrit comme ayant un torse glabre et brillant, et aurait également des tatouages sur ses avant-bras, alors que cela n'avait pas été mentionné. La condamnation de l'accusé reposait sur l'identification des témoins. Mais ses avocats ont déclaré que des informations remettaient en cause les dépositions des deux témoins clés, selon The Guardian.
La police du Grand Manchester n'a pas mentionné que ces témoins avaient à eux deux 16 condamnations pour 38 infractions. Alors qu'ils roulaient ensemble en voiture aux premières heures du matin, ces derniers affirment avoir vu Andrew Malkinson près du lieu du crime avant l'attaque. La victime a aussi identifié l'accusé comme étant son agresseur.
Pour l'avocate d'Andrew Malkinson, de nombreux suspects ont été présentés à la police, mais elle a préféré ne pas explorer ces pistes: "La police a concentré ses efforts sur l'élaboration d'un dossier contre Andy, bien qu'il ne corresponde pas de manière frappante à la description de la victime et qu'il n'ait aucun antécédent de violence", croit-elle.
Libéré en décembre 2020, il a du mal à reconstruire sa vie, en tant que délinquant sexuel: "Ma vie est en attente jusqu'à ce que je puisse annuler la condamnation. Je ne peux pas trouver un travail décent. Je dois me débrouiller avec les restes d'emplois au salaire minimum dont personne ne veut vraiment."