Il aura fallu attendre 22 ans pour qu'un suspect comparaisse devant les assises. Ce lundi s'ouvre le procès d'un homme accusé d'avoir violé puis tué une quinquagénaire, dans la Drôme, en août 2001. Au total, dix-huit ans se sont écoulés avant que la brigade de gendarmerie en charge du dossier ne retrouve la trace de cet individu aujourd'hui âgé de 58 ans, refermant le cold case.
Le 2 août 2001, la brigade de gendarmerie est appelée à intervenir dans une clairière à Chatuzange-le-Goubet, au nord-est de Valence: le corps d'une femme à ce stade inidentifiable gît, à moitié dévêtu, le visage défiguré par de nombreux coups. Des traces d'étranglement sont également constatées au niveau du cou, et ses cuisses sont en partie calcinées, relate France Bleu.
Un mois après cette découverte macabre, les gendarmes apprennent qu'il s'agit de Chantal de Chillou de Saint-Albert, une femme âgée de 55 ans, qui vivait seule avec sa mère dans les Bouches-du-Rhône.
Des investigations importantes, mais un non-lieu en 2012
En reconstituant son emploi du temps, ils découvrent également que la quinquagénaire devait se rendre à Gap pour le travail et qu'elle devait pour cela passer la nuit à Valence avant de prendre une correspondance en train le lendemain.
Pour seuls indices sur le coupable, les enquêteurs disposent d'un mégot de cigarette retrouvé à côté du corps, ainsi qu'un gobelet et des débris de voiture.
Confronté au fichier des empreintes génétiques, l'ADN relevé sur le mégot de cigarette ne permet d'abord pas d'identifier un suspect. Pendant trois ans, de nombreuses pistes sont étudiées pour élucider le crime, les gendarmes allant jusqu'à réaliser des prélèvements de salive sur 300 hommes des environs. Cependant, malgré cette détermination, rien n'y fait, et le dossier est refermé par un non-lieu en 2012.
Une correspondance ADN 18 ans plus tard
Mais en 2019, alors que de nombreux dossiers non élucidés de la région sont à nouveau passés à la loupe pour écarter toute implication de Nordahl Lelandais, une nouvelle comparaison au Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) aboutit à un résultat: une correspondance est établie entre l'ADN retrouvé sur le mégot de cigarette et un homme ayant vécu à Romans-sur-Isère au moment des faits.
Toujours selon France Bleu, les empreintes de cet homme n'ont été inscrites au FNAEG qu'en 2008, soit bien après le début de l'enquête, alors qu'il a été condamné pour des faits de violences conjugales.
Interpellé dans le Loiret, où il s'est installé depuis, l'homme a d'abord reconnu les faits en garde à vue, déclarant avoir agi sous l'emprise de l'alcool, avant de se rétracter quelques mois plus tard.
Il comparaît cependant bien ce lundi et jusqu'à jeudi pour "meurtre précédé de viol", mais aussi pour des viols incestueux sur deux jeunes filles appartenant à sa famille. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.