C'était sur ce point précis que l'attendaient les parties civiles. Jean-Paul V., garagiste-cascadeur accusé d'avoir, avec Marie-José M., son amante de l'époque, assassiné l'ancien compagnon et la belle-fille de cette dernière, a avoué mercredi aux assises de Foix avoir prémédité son geste. Selon ses mots, sa co-accusée et lui étaient ce jour-là partis "pour le tuer".
"Quand on part, c'est pour le tuer", a reconnu Jean-Paul V., précisant que sa co-accusée, Marie-José M., était d'accord avec ce projet criminel.
Cette infirmière de 61 ans et le garagiste sont accusés d'avoir assassiné, le 30 novembre 2017, Christophe Orsaz, l'ex-compagnon de la soignante, et d'avoir tué dans la foulée sa fille de 18 ans, présente par hasard lors du guet-apens qu'ils avaient tendu au jardinier-paysagiste.
Marie-José M. nie toute préméditation
Face à la cour, Marie-José M. a nié toute intention d'homicide: "Il n'a jamais été question de donner la mort à qui que ce soit", a-t-elle affirmé. Interrogée sur sa garde à vue, au cours de laquelle elle avait au contraire reconnu avoir voulu tuer son ex-compagnon, elle a répondu:"C'était la fin de la garde à vue, j'en avais marre, je voyais ce que les enquêteurs voulaient me faire dire, donc je suis allée dans leur direction, mais ce n'était pas le but du rendez-vous".
Le jour des faits, les accusés, cachant leur véritable identité, avaient organisé dans un petit hameau isolé un faux rendez-vous professionnel pour attirer Christophe Orsaz, jardinier-paysagiste domicilié à Mirepoix (Ariège), à la recherche de nouveaux clients.
Il s'agissait de "lui demander des explications et éventuellement de lui mettre une raclée", a dit Marie-José M., pull noir et cheveux gris coiffés en chignon, la main cramponnée au micro de son box, la joue droite agitée d'un tic nerveux.
"Protéger un narcissisme fragile"
A de nombreuses reprises, elle a également indiqué ne pas se souvenir de certains éléments, comme la succession de repérages effectués sur les lieux du crime. Mais auparavant elle avait reconnu avoir voulu "nuire" à Christophe Orsaz.
"J'ai envie qu'il souffre comme il m'a fait souffrir", a-t-elle déclaré.
Elle raconte notamment avoir découvert l'existence d'une clé USB appartenant à son ancien compagnon dans laquelle elle avait appris sa bisexualité. "Cette clé, c'est un séisme, elle me montre que j'ai vécu avec quelqu'un que je ne connais pas alors que je l'ai présenté à toute ma famille, c'est la stupeur pour moi", a déclaré l'infirmière.
Dans la matinée de mardi, des experts psychiatres ont expliqué que sa rupture avec Chirstophe Orsaz avait généré chez elle une "blessure" et "une rage narcissique".
Comme lors de précédentes ruptures vécues par l'accusée, ces sentiments l'ont conduite à "noircir" son ex-compagnon "pour protéger un narcissisme fragile", a confié l'un des experts.
Le verdict attendu vendredi
Marie-José M. reconnaît qu'elle a envoyé des lettres anonymes à plusieurs personnes pour tenter de montrer qui était, selon elle, Christophe Orsaz. L'un des destinataires est son co-accusé et amant de l'époque, Jean-Paul V. Ce dernier, décrit par les psychiatres comme un "suiveur", "dépendant sur le plan affectif", a affirmé n'avoir jamais douté des dires de son amante quand celle-ci lui parlait de Christophe Orsaz comme d'un homme dangereux.
Interrogé sur l'élément déclencheur l'ayant conduit à s'en prendre à la victime, le garagiste a répondu: "C'est la teneur des lettres en octobre-novembre parce que là, on menace de s'en prendre à mes enfants, là ça devient compliqué pour moi".
Les circonstances précises du double crime seront évoquées jeudi matin, avant les plaidoiries des parties civiles, le réquisitoire et les plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu vendredi.