Le dimanche 19 octobre 2008, c'est la période des vendanges à Saint-Lambert-du-Lattay, dans le Maine-et-Loire. Ce jour-là, un homme tombe sur un homme pendu, accroché sur une barre métallique avec une rallonge électrique. Il décide donc d'appeler les gendarmes. En arrivant, ils constatent que la victime a reçu des coups, à la bouche gonflée, mais aussi des hématomes près des yeux.
Son camion est retrouvé à quelques mètres du drame. A l'intérieur, les gendarmes retrouvent ses papiers permettant de révéler son identité: il s'agit d'un certain Aurélien Pioger.
D'après l'autopsie, sa mort remonte à 24 heures maximum, et est compatible avec la thèse d'un suicide. La famille est alors prévenue du décès mais pour eux, cela est impossible.
Un changement radical de vie
La veille du drame, la victime et ses collaborateurs ont fait la fête pour célébrer la fin des récoltes. Ce soir-là, Aurélien Pioger se serait rapproché d'une de ses collègues prénommée Sophie. Les deux se seraient couchés ensemble, puis au petit matin, ils se sont fait réveiller par trois vendangeurs en colère: Maxime, Chloé et Claude demandent des comptes.
Ils sont convaincus qu'Aurélien Pioger a obligé la jeune femme à avoir une relation sexuelle non consentie. En représailles, il aurait reçu des coups de la part de ses deux autres collègues. Puis, il serait resté toute la journée dans son camion, avant de partir du camp vers 1h du matin. Une correction pour le viol, et un bannissement du groupe, c'est ce qui aurait poussé Aurélien Pioger à mettre fin à ses jours.
Des doutes planent toujours
Le lendemain de la découverte du cadavre, la thèse du suicide est confirmée. Sa famille porte plainte. Les gendarmes doivent retrouver ceux qui ont frappé le jeune homme, et aussi enquêter sur le prétendu viol de Sophie. Son entourage n'y croit pas, et constate que des objets manquent dans le camion du jeune homme.
Le 13 novembre, Sophie contacte les enquêteurs, concernant cette histoire de viol. La jeune femme raconte que ce sont les vendangeurs qui parlent d'une d’agression, alors que ce n'est pas le cas. Elle explique ne pas croire à la thèse du suicide. Le 30 novembre, le procureur d'Angers ouvre une information judiciaire contre X pour homicide.
Au cours de l'enquête, un nouveau nom apparaît celui d'un certain Landry Frias alias "Tintin". L'homme a un casier judiciaire avec plusieurs condamnations pour vol, destructions de biens chez une de ses ex compagnes, et pour menaces de mort sur la même personne. Jamais les vendangeurs n'ont parlé de la présence de cet homme le jour du meurtre. Ce dernier est le petit ami de Sylvie, la fille du vigneron qui employait les autres vendangeurs dont Aurélien Pioger.
Le calvaire d'Aurélien Pioger
Avec ces nouveaux éléments, le 3 mars 2009, les forces de l'ordre interpellent 13 personnes. Alexandre, un des vendangeurs craque, et raconte la journée de supplice subit par Aurélien Pioger. Il explique que Claude Boulé, Landry Frias, et Maxime Deschamps ont humilié, et torturé l'homme de 28 ans.
Cinq mois après le drame, les trois suspects reconnaissent les faits. Ils expliquent qu'au milieu de la nuit, Claude Boulé et Landry Frias ont pris son camion et Maxime Deschamps et Sylvie les ont suivi en voiture. En cours de route, ils les ont perdu de vue, avant de retrouver le camion quelques minutes plus tard. Les deux hommes auraient laissé le camion un peu plus loin avec à l'intérieur Aurélien Pioger.
Claude Boulé, Landry Frias, Maxime Deschamps, et sa petite amie Sylvie sont donc mis en examen pour meurtre séquestration, tortures et actes de barbarie. Chloé, Alexandre et un autre copain de la bande, sont mis en examen pour non-dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger.
Aucun coupable
Le 11 mars 2013 s'ouvre le procès de ces sept accusés, et quatre d'entre eux comparaissent libres devant la Cour d’assises du Maine-et-Loire. Claude Boulé, Landry Frias, et Maxime Deschamps sont dans le box des accusés. Après trois semaines de procès, le verdict tombe. Aucun n'est reconnu coupable du meurtre, car la Cour n'a pas assez d'éléments pour imputer le crime à l'un d'entre eux.
Claude Boulé et Maxime Deschamps écopent de 15 ans d'emprisonnement, et 18 ans pour Landry Frias pour les tortures et actes de barbarie commis envers Aurélien Pioger. Sylvie et Chloé sont condamnés à trois ans de prison, dont un ferme pour ne pas avoir empêché ce meurtre. Pour Alexandre et un copain de la bande, ce sera deux ans avec sursis, pour avoir été les témoins passifs de ce crime. Aucun des accusés n'a fait appel.
L'épisode de Faites entrer l'accusé est à retrouver sur RMC Story ce dimanche, puis en replay sur RMC BFM Play.