"Faites entrer l'accusé": 3 anecdotes de tournage de Dominique Rizet

Depuis le début de Faites entrer l'accusé, le journaliste Dominique Rizet participe à cette émission mythique de faits-divers. - RMC Découverte
Pour RMC Crime, Dominique Rizet, chroniqueur pour Faites entrer l'accusé, nous partage trois anecdotes de tournage qui l'ont marqué.
• Les séquences en voiture avec Christophe Hondelatte
Le tournage se déroule à la fin des années 1990, sur le boulevard Macdonald, non loin de la Porte de Pantin. Dominique Rizet et Christophe Hondelatte, présentateur de l'époque, deux décident de tourner des séquences en voiture.
Christophe Hondelatte est au volant d'une Mercedes Break d'occasion, Dominique Rizet se trouve côté passager. L'équipe de l'émission installe une caméra sur le capot du véhicule, une autre face au présentateur, vitre ouverte. Puis, ça tourne.
"Il me posait des questions et je lui répondais", se souvient Dominique Rizet. "Une séquence de 3 minutes, ça pouvait prendre la moitié de la nuit. Ça nous prenait un temps fou."
En roulant, les deux hommes passent devant des travailleuses du sexe qui ne veulent pas être filmées: "Elles nous lançaient des canettes vides et tout ce qui leur passait par la main", se remémore Dominique Rizet.
• L'émotion lors du tournage des interviews
Aux débuts de l'émission, Dominique Rizet se souvient de ses interviews avec les proches des victimes des affaires évoquées: "Ils venaient parler de leur enfant assassiné, et parfois, ça les bouleversait d'en parler."
Pour convaincre les intervenants d'une affaire à venir dans l'émission, un journaliste nouait en amont une relation avec eux. Lorsque Dominique Rizet les recevait ensuite en plateau, il réussissait à les mettre en confiance: "Quand quelqu'un meurt, surtout de façon violente, tu ne sais pas trop quoi dire, tu as peur de froisser ou de dire des conneries. Après avec le temps, je me suis habitué à trouver les mots justes pour leur parler, ou les approcher."
Malgré tout, l'équipe s'est notamment fixée une règle, ne pas utiliser de séquences de larmes dans les émissions.
"C’est toujours dur de demander à une personne de revivre ce qu'elle voudrait oublier", explique Dominique Rizet. "Quand on leur demandait d'évoquer avec nous ou pour nous le souvenir de cette affaire, le chagrin était exactement le même, et ce 10 ans après."
• La rencontre avec un tueur
Une rencontre a particulièrement marqué Dominique Rizet, celle avec le tueur Jean-Rémi Sarraud. L'affaire se déroule en 1984, un trio est arrêté par la police: Valérie Subra, 18 ans, Laurent Hattab 19 ans et Jean-Rémi Sarraud, 21 ans. La jeune femme servait d'appât pour attirer des hommes fortunés, puis ses deux acolytes les dépouillaient et les tuaient. Leur procès s'ouvre alors en 1988, et leur verdict est sans appel. Accusés d'avoir commis des assassinats crapuleux, les trois sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
En 2009, Faites entrer l'accusé prépare un épisode sur cette affaire. La journaliste en charge de ce dossier retrouve le tueur, et le convainc de témoigner. Avec la première question, l'équipe cherche à savoir pourquoi il a accepté de parler sur ce plateau. "J’ai tué, et été condamné à effectuer une longue peine de prison", répond Jean-Rémi Sarraud. "Je le regrette, je l’ai dit à la cour d’assises, et même 26 ans après, je le redis ici."
Ce moment a ému Dominique Rizet. Pour lui, il est important d'aller à la rencontre des auteurs: "On ne peut pas parler d’un crime, de matière criminelle, si on ne va pas voir tous les acteurs: les familles des victimes, les enquêteurs, les magistrats, les procureurs, ceux qui ont jugé", explique-t-il.
"C'est aussi important de passer du côté sombre de l’histoire. Il faut essayer d'aller à la rencontre des auteurs et de leurs proches."
"Ils ont aussi une famille, mais elle souvent condamnée comme l'est l'auteur", poursuit Dominique Rizet. "Ce n'est pas facile d'être les parents d'un assassin."