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Faites entrer l'accusé: André Bamberski, promesse à Kalinka

André Bamberski, le père de Kalinka, et Dieter Krombach, le beau-père

André Bamberski, le père de Kalinka, et Dieter Krombach, le beau-père - AFP

Dimanche, Faites entrer l'accusé revient avec un épisode consacré à l'affaire Kalinka Bamberski dont le père s'est battu pour prouver que sa fille de 14 ans avait été tué par son beau-père, le médecin Dieter Krombach.

Pendant 32 ans, André Bamberski s'est battu pour que la vérité autour de la mort de sa fille Kalinka soit révélée. Ce dimanche, Faites entrer l'accusé revient avec un épisode appelé "André Bamberski, promesse à Kalinka".

Faites entrer l'accusé: André Bamberski, la promesse de Kalinka

Faites entrer l'accusé: André Bamberski, la promesse de Kalinka

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À Mulhouse, le 18 octobre 2009, la police tombe sur un homme bâillonné, les pieds et mains liés, le visage tuméfié sur un trottoir. Après l'avoir identifié, ils se rendent compte qu'il est poursuivi pour homicide.

L'affaire commence en réalité 27 ans plus tôt, le samedi 10 juillet 1982, à Lindau (Allemagne), lorsque le docteur Dieter Krombach retrouve sa belle-fille de 14 ans inconsciente et raide dans son lit. Après avoir tenté de la réanimer, il finit par appeler les secours, mais il est déjà trop tard, Kalinka est morte.

Si son décès ébranle ses parents, son père, André Bamberski, qui vit en France, ne s'attarde pas sur ses sanglots, et veut absolument comprendre ce qui lui est arrivé. Une autopsie est donc pratiquée deux jours après, alors que son corps n'avait pas été conservé au frais. La décomposition, en plein été, avait donc été très rapide.

Ce qui étonne les médecins légistes allemands, c'est qu'ils remarquent des traces de piqûres que le médecin a fait pour tenter de réanimer sa belle-fille. Un fait étrange sachant qu'elle était déjà morte depuis plusieurs heures et que cela ne servait à rien. Mais à part ça, rien ne permet d'expliquer la mort de l'adolescente.

Des traces disparaissent

En lisant le compte rendu de l'autopsie, une information saute aux yeux du père de Kalinka. Des traces de sang frais et une déchirure d'un centimètre sont relevés sur les parties génitales de la jeune fille. Il est également noté qu'une substance blanchâtre est présente dans le vagin de Kalinka sans qu'elle ait été analysée.

Et quand, au même moment, l'affaire est classée pour mort naturelle, André Bamberski ne peut s'empêcher de tout faire pour rendre justice à sa fille. Il est persuadé qu'elle a été violée et tué par le docteur Krombach.

Après avoir alerté les autorités, le père de la jeune fille fini par convaincre les enquêteurs français d'ouvrir une enquête et d'exhumer le corps de Kalinka pour pratiquer une nouvelle autopsie. Et c'est avec stupeur que les médecins légistes découvrent que le corps a été vidé de tous ses organes, que son cerveau et son appareil génital avaient été retirés, empêchant de prouver quoi que ce soit.

Si à Munich, un non-lieu est prononcé, en France l'enquête continue. Une pharmacologue affirme notamment que les substances administrées dans le but de réanimer la jeune fille n'étaient pas adaptées à cette pratique puisque des traces de dopamine sont retrouvées dans son corps. Les enquêteurs se demandent alors s'il n'aurait pas injecté cette substance pour en cacher d'autres qu'il lui aurait administrée pour l'endormir et abuser d'elle.

Des faits similaires sèment le doute

Face à ces éléments à charge contre le médecin Krombach, il est mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner" et son procès s'ouvre en mars 1995. Mais l'homme n'est pas là, il est donc jugé par contumace. La cour d'assises de Paris le reconnaît coupable et le condamne à 15 ans de réclusion criminelle.

Au départ, un mandat d'arrêt international n'est pas diffusé par les autorités françaises pour rechercher et emmener le docteur en prison. C'est finalement, deux ans plus tard, grâce à l'acharnement du père de Kalinka qu'il sera délivré.

Pendant ce temps, le docteur vit paisiblement en Allemagne où il n'est pas poursuivi. Jusqu'au jour où, en 1997, une jeune patiente de 16 ans raconte qu'elle a été violée par le médecin alors qu'elle avait rendez-vous dans son cabinet. Ce dernier lui a fait une piqûre pour l'endormir et en a profité pour la violer.

Des faits qui rappellent étrangement ceux concernant Kalinka. Il est finalement condamné à deux ans de prison avec sursis pour ces faits, assorti d'une interdiction d'exercer. Pourtant, il n'en tiendra pas compte et sera condamné pour pratique illégale de la médecine.

Un enlèvement organisé

En 2009, il est finalement retrouvé ligoté dans les rues de Mulhouse après avoir été enlevé en Allemagne, la veille, devant son domicile. Immédiatement, le père de Kalinka est interpellé et soupçonné d'avoir organisé son enlèvement pour le livrer à la justice française.

De son côté, le médecin est envoyé en prison pour purger sa peine prononcée en France. Un nouveau procès se tient en 2011 et il est une nouvelle fois condamné à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris.

Le 22 mai 2014, c'est au tour d'André Bamberski de se présenter à son procès pour l'enlèvement du médecin. Il est finalement condamné à un an de réclusion criminelle avec sursis.

Le docteur sera finalement remis en liberté en février 2020, à l'âge de 84 ans, car son état de santé n'est plus compatible avec la détention. Une liberté qui sera de courte de durée puisqu'il mourra huit mois plus tard.

Alix Mancel