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Faites entrer l'accusé: Les trois affaires les plus marquantes pour Dominique Rizet

Dominique Rizet

Dominique Rizet - RMC STORY

Vingt-et-une saisons sont passées depuis la première émission de Faites entrer l’accusé à la télévision. Intervenant depuis les débuts de ce programme mythique de faits divers, le journaliste Dominique Rizet revient, pour RMC Crime, sur trois affaires qui l’ont marqué.

Après 21 saisons, Faites entrer l'accusé est revenu sur de nombreuses grandes histoires criminelles. Visage de l'émission, Dominique Rizet, revient pour RMC Crime sur les affaires les plus marquantes pour lui.

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Du plan machiavélique d'une femme qui fait disparaître son mari, à l'enfant lardé de coups de couteau... Retour avec lui sur ces terribles histoires.

> L’affaire Zawadzki: un plan machiavélique pour tuer un mari gênant

C’est sans conteste l’affaire qui a le plus marqué le journaliste de Faites entrer l'accusé: l’affaire Zawadzki. L'histoire, pour lui, d'une femme de militaire machiavélique, qui n’a pas hésité à manipuler son amant afin qu’il fasse disparaître son mari, sans avoir le moindre remord.

Faites entrer l'accusé : les amants maudits

Faites entrer l'accusé : les amants maudits

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Les faits remontent à l’année 1998 et se passe à Sougy, dans le Loiret. Militaire de l’armée de l’air, Jean-Paul Zawadzki revient d’une mission en Afrique. L’homme de 39 ans tombe malade. Soigné par le docteur Michel Trouillard-Perrot, son épouse lui donne des médicaments, mais son état ne s’améliore pas. Le trentenaire meurt peu de temps après. Une situation qui suscite de l'interrogation, car il est en bonne santé. Son entourage pense qu’il a contracté un virus lors de sa mission. Celui-ci laisse derrière lui, sa femme Nicole et leur petite fille. Son mari reçoit des obsèques militaires.

A la demande du supérieur de Jean-Paul Zawadzki, un prêtre doit passer régulièrement à leur domicile afin de veiller sur eux. Lors d’une visite de l'aumônier chez la veuve, il remarque qu’elle n’est plus habillée en noire. Il en informe donc le patron de la base aérienne. Intrigué par ce comportement, le général Pons demande aux collègues du militaire s’ils sont au courant de quelque chose. L'un d’entre eux indique que le médecin de famille est proche de Nicole Zawadzki. Lorsque son mari partait en mission, la voiture du docteur était garée devant chez eux. lls en déduisent que cela pourrait être son amant.

Un fait que le général Pons signale au procureur de la République. Une enquête est ouverte par un service d’enquête d’Orléans. Puis, le corps du militaire est exhumé pour autopsie. Mais à ce moment-là, la veuve se rend sur la tombe de son mari et assiste à la scène. Les enquêteurs décident donc de la mettre en garde à vue, ainsi que son amant. Pendant ce temps-là, des analyses sont réalisées afin de déterminer la cause de la mort du militaire. Les résultats tombent. Des traces de médicaments sont découvertes. Elles ne devraient pas être présentes dans son sang.

Séparés lors des auditions, les policiers montrent les preuves au médecin. L’homme ne peut nier les résultats médicaux. Il avoue avoir donné la mort à son patient. L’histoire qu’il va livrer aux enquêteurs est déconcertante. Il explique que le mari de sa maîtresse est un “salaud” et qu’il la frappe. Le docteur précise qu’elle a souvent des pansements sur le corps. Les enquêteurs lui demandent s’il a déjà vérifié ses blessures. L’homme rétorque qu'il ne voit pas pourquoi il aurait remis en cause sa parole. Pour appuyer son argumentaire, ce dernier indique avoir reçu des lettres de la fille du couple.

Dans cette correspondance, elle lui demande de protéger sa mère de son père. Alors, les enquêteurs se rendent à son domicile pour les récupérer. Mais ils vont découvrir que c’est Nicole Zawadzki qui recopiait l'écriture de son propre enfant. Abasourdi par ses révélations, l’amant persiste dans sa version. Il ne peut se résigner à avoir été manipulé par celle qui l’aime. Le médecin assure avoir été aussi appelé par une vieille tante de sa maîtresse. Elle lui demande de défendre sa nièce, victime de violences conjugales.

Mais les enquêteurs continuent de démonter un à un ces arguments. En réalité, derrière le téléphone, se cachait Nicole Zawadzki. Elle prenait la voix d’une vieille dame pour parfaire le subterfuge. A cet instant-là, tout s’effondre pour cet amant manipulé. Finalement, cette femme ne l’a utilisé que pour arriver à ses fins: se débarrasser de son mari.

Pendant le procès, cette veuve n’a cessé de faire porter la responsabilité de ce meurtre à son amant. Elle a été condamnée à 25 ans, et lui à 22 ans. En appel, la peine s’est alourdie pour cette dernière à 27 ans de réclusion criminelle.

Pour Dominique Rizet, c’est une histoire qu’il n’est pas prêt d’oublier: “Nicole Zawadski, la femme de ce militaire, s’est servie de son amant pour arriver à ses fins. C’est une emprise totale que cette dernière a eu sur cet homme épris d’elle".

"Pendant le procès, elle lui faisait porter toute la responsabilité de ce qui s’était passé. Cet homme a tout perdu, son travail, sa famille et sa réputation de médecin. Malgré tout ça, il continuait de l’aimer. Ca m'a fait de la peine pour lui", raconte Dominique Rizet.

> L’affaire Christophe Van Geloven, “le Monstre d’Elne”

Autre affaire marquante dans la carrière de Dominique Rizet: l'affaire Christophe Van Geloven. Un dossier dans lequel il s’est impliqué émotionnellement en nouant des liens avec les parents d’une des victimes.

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Christophe Van Geloven est bien connu de la justice. Sa première condamnation remonte à 1984 pour enlèvement et attentats à la pudeur. L’homme ne reste pas longtemps en prison. Sept ans plus tard, il récidive. Ce dernier s’exhibe devant deux petites filles. Alors, il est condamné à deux mois de sursis pour outrage public à la pudeur. Mais l’homme ressort libre, ce qui est inenvisageable pour la mère d’une des victimes. Elle décide donc de trouver le lieu de travail de Christophe Van Geloven. A force d’acharnement, cette mère de famille prend contact avec son employeur pour lui transmettre la copie d’un jugement. Alors, l’homme est licencié par son entreprise.

En recherche d’emploi, il décide de se rendre dans le sud de la France. Le 19 octobre 1991, Christophe Van Geloven prend la route en direction d’Elne, près de Perpignan. L’homme est à l'affût de sa prochaine victime. Il croise le chemin de deux jeunes filles, Ingrid Van De Portal et sa petite cousine Muriel Sanchez, 10 ans. Elles étaient parties acheter des bonbons au bureau de tabac. Pour les amadouer, l’homme leur explique avoir perdu son chien et qu’il cherche une cabine téléphonique. Elles montent alors dans sa voiture pour lui indiquer l’endroit. Mais dès qu’elles ont pénétré dans l’habitacle, il démarre soudainement, pour les emmener à un tout autre endroit. Christophe Van Geloven conduit les deux enfants dans un appartement à Collioure, dans les Pyrénées-Orientales. Les fillettes de 10 ans subissent alors un véritable calvaire. Violées, torturées et étranglées, leurs corps sans vie seront retrouvés deux semaines plus tard près du lac de Salagou.

Après les avoir tués, il disparaît quelques jours pour se rendre à Lourdes. Croyant, il attend un signe de Dieu. Mais à son arrivée, la grille de la porte de la ville est baissée. Pour lui, cela résonne comme une punition divine. Alors, l’homme se rend dans un hôtel et tente de se suicider. Mais sa tentative échoue. Retrouvé par une femme de chambre, il est transporté aux urgences.

C’est finalement un membre de sa famille qui va aider les enquêteurs à retrouver sa trace. Une de ses tantes hollandaise connaît ses penchants pédophiles. Grâce à ce signalement, Christophe Van Geloven est interpellé. L’accusé doit répondre du meurtre de ces deux petites filles. Son procès se tient donc en 1994, il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle à perpétuité. Il finit par décéder le 6 août 2011 d’un cancer dans la prison d'Ensisheim, en Alsace.

Pour Dominique Rizet, cette affaire a un écho particulier: “ En 1994, j’ai assisté au procès de ce tueur. J’ai été bouleversé par le témoignage des parents d'Ingrid Van De Portal. Quelque temps après, ils ont accepté de me recevoir dans leur maison. Je suis rentrée dans leur intimité, et j'ai découvert la chambre de leur fille.”

Depuis cet épisode tragique, la famille a eu un nouvel enfant. Avec le temps, une véritable confiance s’est nouée entre eux. Dominique Rizet continue de garder un lien particulier avec cette famille.

> L’affaire Valentin Crémault, un enfant tué de 44 coups de couteau

Dominique Rizet se souvient aussi de l’affaire du petit Valentin Crémault. Au-delà de l’atrocité du crime, il a été marqué par le profil des tueurs. C’est le 28 juillet 2008 que va se nouer le destin tragique de Valentin Crémault. L’enfant de 10 ans profite de ses vacances dans la commune de Lagnieu, dans le département de l’Ain. Il fait du vélo autour de la maison d’amis de ses parents.

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Mais le garçon disparaît. Plus tard dans la soirée, son corps est retrouvé dans une ruelle. L’autopsie révèle qu’il a reçu plus d’une quarantaine de coups de couteaux. Quelques jours plus tard, les enquêteurs interpellent deux marginaux: Noëlla Hégo et Stéphane Moitoiret. Itinérant, ce couple se déplace grâce au stop et dort dans divers endroits. Lors de leur audition, les enquêteurs constatent les personnalités très marquées de ce duo.

Dominique Rizet a eu accès au procès-verbal des deux suspects. Et ce qu’il va lire va le déconcerter: “Lorsque le policier demande à Noëlla Hego de décliner son identité, elle demande à ce qu’on l’appelle “Altesse”. Puis, il poursuit et demande “De quoi vivez-vous Altesse?” Sa réponse est de dire qu'elle a une cape interstellaire pour la protéger des mauvaises ondes. Ces réponses sont lunaires. Quand on lit son audition par les gendarmes, ça en devient presque risible. Tu as envie que ça s’arrête à chaque seconde.”

Durant son audition, Stéphane Moitoiret avoue le meurtre du garçon de 10 ans. Le suspect raconte aux enquêteurs la raison qui l’a poussé à tuer sa victime. Selon lui, il faut tuer quelqu’un volontairement pour pouvoir retourner dans le temps. L’homme affirme avoir agi seul, et que sa compagne de route n’y est pour rien dans ce meurtre.

Étudiés par plusieurs experts psychiatres, les deux accusés ne seront pas reconnus irresponsables pénalement. Même si la majorité considère que le discernement de l’homme a été altéré au moment des faits, mais pas aboli.

C’est donc en 2011 que se tient leur procès, à la cour d'assises de l'Ain, à Bourg-en-Bresse. Les peines tombent. Stéphane Moitoiret est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre du petit Valentin. De son côté, Noëlla Hégo écope de 18 années de réclusion. Mais ils font appel de la décision. En 2013, la cour d'assises d'appel du Rhône rend sa décision. Il écope de 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté de 20 ans pour assassinat. Et elle est condamnée à 5 ans de prison dont un an avec sursis.

Marine Lemesle