Sophie Masala, la démembreuse du canal: le nouvel épisode du podcast “Faites entrer l’accusé”

Le canal du Midi à Toulouse en 2014 (image d'illustration) - Rémy Gabalda-AFP
C’est une affaire qui a bouleversé les habitants de Toulouse. Le 24 mai 2016, deux passants découvrent un sac plastique dans le canal du midi. Mais un détail les interpelle. Un pied dépasse de ce sac. Si au début, ils pensent à une mauvaise blague, ils vont rapidement prévenir la police. Et en arrivant sur place, les enquêteurs n’ont pas de doute: il s’agit bien d’un démembrement criminel. “On est sur un membre qui est là depuis quelques jours, ça ne vient pas d’être fait”, déclare Stéphane Mazellier, brigadier-chef à la police judiciaire de Toulouse. Le lendemain, des fouilles sont organisées et un bras est également retrouvé dans le canal.
Cette histoire, c'est celle de Sophie Masala, le nouvel épisode de notre podcast Faites entrer l'accusé, à retrouver sur toutes les plateformes.
Rapidement, les enquêteurs font le rapprochement avec une disparition déclarée deux jours plus tôt: il s’agit de Maryline Planche. “C’est une femme qui habite à Toulouse et cette dernière n’a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours” précise Nathalie Freund, capitaine de police à Toulouse. En poussant ses recherches, elle décide de fouiller les poubelles proches du canal. Et dans l’une d’elles, Nathalie Freund trouve un bras. Les enquêteurs décident de comparer l’ADN de la personne disparue avec celui retrouvé sur les membres. Et le résultat est sans appel: il s’agit bien de la même personne. Le médecin légiste analyse les membres trouvés et en conclut qu’ils ont été découpés à la scie à métaux.
“Elle était paniquée et criait au secours”
La police judiciaire décide de faire une enquête de voisinage pour tenter de connaître un peu mieux le profil de Maryline Planche. Et un voisin va leur faire une incroyable révélation. Il raconte que la dernière fois qu’il l’a vu, c’était le 12 mai.
“J’ai entendu crier et j’ai vu sortir Maryline en t-shirt et en slip. Elle était paniquée, criait au secours et se dirigeait vers la sortie de l’immeuble”.
Le voisin ajoute qu’elle était suivie par une femme qui l’a attrapé par les cheveux et l’a fait rentrer de force dans l’appartement. Suite à ces révélations, la police ouvre une enquête pour disparition inquiétante.
Et c’est Olivier, le délégué du personnel de l’entreprise où travaille la victime, qui va rapidement mettre les enquêteurs sur une piste. Il raconte un échange étrange qu’il a eu avec une de leur collègue, Sophie Masala. “Elle lui dit qu’elle va tout déballer sur Maryline Planche, que ce n’est pas celle qu’on croit et qu’elle la harcèle sexuellement” explique Céline Sohier, brigadière en chef de la protection des familles de Toulouse. Selon l’avocat de la famille de Maryline, Me Laurent Boguet, ces déclarations ne lui ressemblent pas du tout : “Ca a paru complètement invraisemblable à l’ensemble des collègues interrogés qui connaissaient les qualités de Marilyne Planche”. Olivier pense donc que les déclarations de Sophie Masala sont totalement fausses.
Les enquêteurs vont alors prendre cette déclaration au sérieux. Et ils font bien, puisque qu’en analysant la téléphonie de la victime et celle de Sophie Masala, ils découvrent que son téléphone et celui de sa collègue ont borné aux mêmes endroits, depuis sa disparition.
“Je ne dis pas qu’elle méritait ça, mais…”
Le jeudi 26 mai, Sophie Masala est interpellée à l’aéroport de Montpellier. Elle est immédiatement placée en garde à vue et interrogée. L’accusée revient sur la soirée du 12 mai où elle s’est rendue au domicile de sa collègue. Elle raconte que la soirée a dégénéré et que Maryline Planche l’aurait agrippé. Pour se défendre, elle aurait pris une bouteille en verre pour lui asséner plusieurs coups sur le crâne. Mais, pour les enquêteurs, cette théorie ne tient pas. Ils décident donc de la mettre face à ses contradictions.
“Elle nourrissait vraiment de la haine pour Maryline Planche. Elle a dit ouvertement ‘Je la détestais''', raconte Nathalie Freund.
Sophie Masala finit enfin par avouer qu’elle est bien la démembreuse du canal. Mais le mobile reste flou. “Elle exige que Maryline Planche, dans le cadre de sa vision un peu irréelle du quotidien, soit la victime de ses propres péchés”, raconte Me Laurent Boguet. Selon les experts, Sophie Masala avait un besoin de violence et c’est malheureusement Maryline Planche qui en a fait les frais.
Une sanction juste
Le procès de Sophie Masala s’ouvre donc aux assises de Toulouse, le 21 octobre 2019, elle est accusée de meurtre et modification d’une scène de crime. A l’issue de l’audience, elle est condamnée à 27 ans de réclusion criminelle. Pour elle, cette peine est juste et elle ne souhaite pas faire appel de cette décision.
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