Les disparus de l'Isère: une des plus grandes énigmes de l'histoire criminelle en France

Entre 1980 et 1996, douze enfants disparaissent en Isère. Malgré des années d'enquête, seuls trois cas ont été résolus. Aujourd'hui encore, les familles attendent des réponses.

Pendant seize ans, des enfants vont être enlevés, agressés et même tués dans le département de l'Isère. Seule l'enquête portant sur la disparition de Rachid Bouzian, du nom de cet enfant de 8 ans retrouvé mort après avoir été violé par un voisin, sera résolue en 1990. Toutes les autres resteront non-élucidées. Malgré les similitudes entre ces différentes affaires, aucun lien ne pourra jamais être établi entre elles.

Il faudra attendre que Ferrouze Bendouiou, la sœur de Charazed, disparue le 8 juillet 1987, mène son enquête seule pour que le dossier avance. C'est en 2007 qu'elle va frapper à la porte des avocats Corinne Herrmann et Didier Seban, les spécialistes des cold cases, et faire avancer les choses.

En se penchant sur la disparition de sa soeur, la jeune femme se rend compte que le dossier a été fermé en 1988, soit un an seulement après les faits. A cette époque, les enquêteurs disposent de peu de moyens alors que les disparitions d'enfants s'enchaînent dans la région. Philippe, Grégory, Ludovic, Anissa, Nathalie, Fabrice, Léo… la liste s'allonge d'année en année. Mais on ne parle pas encore des "disparus de l’Isère".

Les avocats spécialisés en "cold cases" reprennent le dossier

C'est l'avocat Didier Seban qui va faire le rapprochement entre toutes ces disparitions. En étudiant les modes opératoires de chaque affaire, le magistrat se rend compte qu'elles peuvent être liées. En 2008, une cellule d'enquêteurs dédiée à ces disparitions va être créée, elle s'appelle: Mineurs 38. C'est grâce aux investigations menées par cette cellule qu'en 2013 que deux disparitions, celles de Sarah Siad et Saïda Berch, vont être élucidées, jusqu'à mener à la condamnation de Georges Pouilles. Mais cela ne va pas permettre de lever le voile sur les autres affaires.

En 2014, faute de preuves, le dossier de Charazed Bendouiou est refermé. La cellule Mineurs 38 est également désactivée. Ferrouze Bendouiou décide de faire appel de cette décision. En 2015, de nouvelles investigations sont finalement menées. De nouvelles pistes sont explorées mais, sans aucune trace, l’analyse ADN ne peut être utilisée comme technique. Le temps passe et toujours rien ne permet d’élucider la disparition de sa petite sœur.

Plus de 30 ans après les faits, les affaires des disparus de l’Isère ont le droit à une troisième chance. Le nouveau pôle national dédié aux cold cases compte se pencher sur ces cas. En mai dernier, il a été annoncé que parmi eux six dossiers vont faire l’objet de nouvelles investigations, dont celui de Charazed Bendouiou, mais aussi Ludovic Janvier, disparu en 1983 à l'âge de 6 ans. Il reste donc un dernier espoir pour Ferrouze de comprendre ce qui est arrivé à sa petite sœur en 1987.

Alix Mancel