Un tueur à gages mexicain se confie sur sa macabre profession

Cartels, entretien avec un tueur sur Brut X - Brut X
"El Chacal", comme il se fait appeler, a accepté de témoigner devant les caméras de Charles Villa, dans le documentaire Cartels, entretien avec un tueur, pour Brut X. Ce tueur à gages avoue tuer entre quatre et six personnes par an.
"Au début, je comptais et puis j’ai arrêté de le faire parce que je faisais des cauchemars", avoue-t-il.
Après avoir tué 20 personnes, le "sicario", le nom donné aux tueurs à gages au Mexique, a arrêté de comptabiliser ses meurtres. Dans le pays d'Amérique centrale, il y a eu environ 35.000 meurtres en 2019, soit presque 100 personnes tuées par jour, d’après le documentaire. "C’est plus de morts que dans certaines zones de guerre", affirme le journaliste.
"On reçoit l'argent et on exécute"
Avant de tuer quelqu’un, l’homme est appelé par le commanditaire qui lui donne toutes les informations concernant la victime à abattre. "La personne qui m’engage me donne une feuille avec la photo de la personne, son adresse personnelle et professionnelle et ses itinéraires", explique-t-il. "El Chacal" affirme que le plus souvent, il ne connaît pas les personnes qui le missionnent, ni la raison pour laquelle il doit tuer. "On reçoit l’argent, ils nous donnent l’ordre de mission et on l’exécute".
Le tueur à gages utilise souvent les mêmes processus pour tuer une personne. Il prend une nouvelle arme à chaque fois et la jette après chaque "mission" pour ne laisser aucune trace.
"Souvent, c’est selon les désirs des personnes, je leur tire une balle dans la tête ou tu cribles de balles, ça dépend", raconte-t-il face à la caméra.
L’homme utilise principalement un pistolet ou un couteau et vise "la jugulaire, l’aorte ou bien directement le cœur" quand cela est possible.
"Non, je ne regrette rien"
Dans son entourage, personne n’est au courant de son métier de tueur à gages. Marié et père d’un fils de 22 ans, il est également menuisier dans une usine de meubles le reste du temps. Mais cette facilité à tuer ne lui vient pas de nulle part. A l’âge de quinze ans, il a intégré l’armée et a appris à se servir d’une arme. Après avoir quitté les rangs, il est resté plusieurs mois sans emploi et a commencé à tomber dans la criminalité pour survivre. Il volait et a fini par se mettre à tuer les personnes qui s'opposaient à ses braquages. Jusqu’au jour où quelqu’un lui a proposé de tuer pour de l’argent. Ce qu’il n’a pas hésité à faire: "J’ai trouvé ça plus simple d’aller juste tuer des gens".
Pour cet homme, tuer est son seul moyen de s’en sortir, comme il l’explique à Brut X: "Ce n’est pas normal de devoir tuer des gens dans la rue pour de l’argent, mais souvent, on n’a pas d’autres choix". Parce qu’être tueur à gages peut rapporter gros, surtout dans ce pays où le salaire moyen annuel s’élève à 16.610 dollars, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.
"Le paiement le plus bas que j’ai reçu, c’est 4000 euros. Pour certains, ça peut aller jusqu’à 8000, 10.000, ça dépend du commanditaire", dévoile-t-il.
Avec ces meurtres, "El Chacal" arrive à faire vivre sa famille et pour lui, c’est le plus important. Mais il avoue que cela n’a pas toujours été simple d’assumer cette facette de sa vie. "C’est au début que c’est difficile, mais après, c’est comme tout, tu t’habitues". Pour réussir à tuer ces inconnus, l’homme ne se pose pas de questions: "A l’armée quand j’étais jeune, on m’a appris à obéir aux ordres, donc je prends ça comme un ordre". Face au journaliste, il affirme être au clair avec lui-même: "Non, je ne regrette rien".