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Affaires françaises

À Vannes, un chien aide les gendarmes à recueillir la parole des enfants victimes

Rumba, la première chienne qui intègre la cellule de protection des familles de la gendarmerie à Vannes (Morbihan).

Rumba, la première chienne qui intègre la cellule de protection des familles de la gendarmerie à Vannes (Morbihan). - Bcom RGBRET

La cellule de protection des familles de la gendarmerie de Vannes accueille pour la première fois en France un chien d’assistance judiciaire. L'idée est d'apporter un soutien émotionnel aux enfants interrogés, mais l'animal aide également les enquêteurs.

La cellule de protection des familles de la gendarmerie de Vannes (Morbihan) vient d'accueillir un nouveau membre. Rumba, une chienne Golden fauve de deux ans, fait désormais partie de ce service destiné à prendre en charge les victimes de violences intrafamiliales et d’atteinte aux mineurs, notamment de nature sexuelle.

"Le but, c’est de créer une relation entre Rumba et l’enfant pour qu’à terme, ça libère sa parole quand les émotions refont surface", explique Muriel, l'une des enquêtrices de la cellule, à l'origine de la démarche.

Au cours de l’année 2021, 337 mineurs ont été auditionnés par la cellule. Une étape pas toujours évidente, insiste Muriel. "On a beau faire des sourires, détendre l’atmosphère, le traumatisme est tellement fort que l’enfant n’arrive pas à passer au-dessus de ça", décrit-elle à RMC Crime. "Il n’y a rien de pire que de se sentir impuissant face à ça et de voir un enfant en souffrance."

"Elle devait cocher toutes les cases"

Rumba est le premier chien d’assistance judiciaire mis à disposition dans ce cadre-là en France. Sur le continent américain, le chien a déjà fait ses preuves dans ce rôle d’accompagnateur.

"Aujourd’hui, aux Etats-Unis, il y a plus de 300 chiens qui exercent pour accompagner les victimes pendant les auditions", précise Muriel.

En partant de ce constat-là, l'agent a fait des recherches et sollicité sa hiérarchie. "Il me fallait l’aval du procureur de la République de Vannes, et j’ai eu un retour très positif", explique-t-elle.

Encore fallait-il trouver le bon profil: Rumba devait "cocher toutes les casses." "Il fallait un chien calme, doux, profondément attaché à l’humain et qui soit capable de rester près d’un enfant pendant une heure et demi, le temps de l’audition, en étant toujours concentré", décrit Muriel.

Elle s’est alors tournée vers l’association Handi’chiens qui forme les chiens d’assistance. "Début septembre, j’ai reçu un coup de téléphone pour me dire qu’ils avaient trouvé la chienne qui correspondait au profil recherché", explique Muriel, pour qui Rumba est désormais un membre de sa famille à part entière. Et pour cause, la chienne vit avec elle.

Rumba et sa conductrice Muriel
Rumba et sa conductrice Muriel © Bcom RGBRET

"C’est une plus-value pour tout le monde"

Depuis son arrivée, Rumba a déjà participé à quatre auditions de victimes. Muriel évoque le cas d'une jeune fille, interrogée "dans le cadre de révélations de violences commises par sa maman".

"Quand elle est arrivée, elle était un peu stressée", confie la gendarme. "Mais dès qu’elle a vu la chienne, il y a un sourire qui s’est esquissé sur son visage. Pendant l’audition, elle caressait Rumba et ça l’a détendue."

Mais Rumba n’a pas un rôle apaisant que pour les victimes. Les gendarmes eux-mêmes profitent de sa présence pour se détendre. "On vit des journées difficiles où parfois, on peut être amené à s’identifier aux familles que l’on rencontre", reconnaît Muriel. "Pour nous, avoir Rumba nous permet de décompresser un peu. Si ça ne va pas, on va prendre un bol d’air avec elle, et c’est reparti. C’est une plus-value pour tout le monde finalement."

Aujourd’hui, d’autres gendarmeries s’intéressent à cette méthode. Quand Rumba prendra sa retraite, Muriel estime qu'il "n’y aura pas un seul chien" comme elle en fonction en France, "mais qu’il y en aura 200".

Alix Mancel