Affaire d'Outreau: la série qui remue les souvenirs des protagonistes

Procès de l'affaire d'Outreau en 2004 à la cour d'assises de Saint-Omer - AFP
Cette affaire continue de hanter les mémoires des victimes. Tout commence en décembre 2000 lorsque les services sociaux signalent des abus sexuels d'un couple sur ses enfants, à Boulogne-sur-Mer (Nord-Pas-de-Calais). Les accusations des enfants de Thierry et Myriam Delay vont conduire aux déclarations d'autres enfants qui se disent victimes d'agressions sexuelles. Au total: 12 enfants se disent victimes et 18 personnes sont accusées de participer à un réseau pédophile.
Après deux procès, 14 personnes sont finalement acquittées et seulement quatre personnes seront condamnées, dont les parents des enfants Delay qui ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle. Ce fait divers exceptionnel fait l'objet d'une série mêlant documentaire et fiction. Composée de quatre épisodes, la série donne la parole aux victimes et aux acquittés, ce qui n'a pas été du goût de tout le monde.
L'une des victimes appelle à boycotter la série
Pour réaliser la série, intitulée "L'Affaire d'Outreau", Agnès Pizzini et Olivier Ayache-Vidal, les réalisateurs, se sont appuyés sur les 38 tomes que compose le dossier d'instruction. Afin de raconter le plus fidèlement cette affaire, ils se sont également rapprochés des protagonistes qui l'ont vécu de l'intérieur. "J'ai été très touché par leur histoire. Le premier spectateur du film, ce sont eux. Je tenais à ce qu'ils se sentent fiers d'y avoir participé", confie Olivier Ayache-Vidal à nos confrères de France Télévisions.
Pourtant, ce n'est pas le ressenti de tout le monde. Jonathan Delay, l'un des enfants victimes de cette affaire, a appelé à boycotter la série, ce dimanche, sur son compte Twitter. Il la qualifie de "fumisterie abominable" où les "prédateurs sont présentés comme des innocents", a-t-il partagé sur les réseaux sociaux.
La production et France Télévisions ont répondu à sa déclaration dans Le Parisien affirmant comprendre qu'il est "encore dur d'entendre que les acquittés, aussi, ont souffert" et qu'ils "comprennent sa souffrance" et "saluent son courage d'avoir participé à une série, qui, pour la première fois, donne la parole à l'ensemble des victimes de ce fiasco judiciaire, qui démarre par un fiasco dans le recueil de la parole de l'enfant".
"Les fantômes d'Outreau sont là"
Alain Marécaux, l'un des treize acquittés, a également accepté de témoigner dans la série. L'huissier de justice avait été accusé involontairement par son propre fils d'agression sexuelle sur mineurs. Après avoir passé 691 jours en détention, il a été acquitté le 1er décembre 2005. S'il a décidé de revenir sur l'affaire d'Outreau qui a bouleversé sa vie, c'est pour que les Français "se souviennent, ou découvrent, ce qu'il s'est passé il y a vingt ans", a-t-il déclaré, ce mardi, à nos confrères du Parisien. Pour lui, et pour son fils, cette affaire reste encore très présente. "Je n'ai pas assisté aux scènes qu'il a tournées. Outreau, on n'en parle pas beaucoup. On en a vraiment parlé une seule fois, où je lui ai évidemment dit que je ne lui en voulais pas. Lui m'a dit qu'il s'en voulait".
Revenir sur cette affaire a remué pas mal de souvenirs pour tous les protagonistes. Si les blessures semblent réparées pour certains, Alain Marécaux confirme qu'elles sont "toujours visibles". "Je ne pourrais jamais faire autrement. Les fantômes d'Outreau sont là".