"Arrête tes conneries, tu vas flinguer quelqu'un": les confidences du premier patron du RAID

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Il est le tout premier à avoir été aux commandes du RAID. Dans le deuxième épisode du podcast "Flic Stories" produit par BFMTV, Ange Mancini revient sur sa carrière, de la fondation de l'unité spéciale aux affaires qui ont jalonné son parcours.
Cela fait maintenant 37 ans qu'il a pris les rênes du RAID, unité d'élite de la police nationale. "L'esprit ne change pas, l'humilité des gens, l'envie de faire partie d'un groupe qui a créé son histoire non plus", raconte-t-il au micro du consultant défense de BFMTV, Guillaume Farde.
"Les capacités et les compétences [de l'unité] sont aujourd'hui exceptionnelles, mais elles se sont améliorées" par rapport à 1985, l'année de sa création.
"Au RAID, il faut des gens robustes"
À l'époque, le besoin d'une telle unité se fait ressentir en France. "On sentait monter les indépendantismes, et ce qu'on a commencé à appeler le terrorisme. Il y avait aussi toutes les affaires de prises d'otage, avec des moments extrêmement violents."
D'où la nécessité de créer une unité spécialement formée et équipée pour intervenir dans ces situations exceptionnelles. Ange Mancini prend la tête de cette nouvelle structure.
Parmi les particularités du siège historique du RAID à Bièvre: la salle de sport y est installée dans une chapelle. "Il y avait un volume qui permettait à un nombre important de gens de travailler en même temps. Le sport, c'est pas une religion, mais c'est l'un des éléments de base du travail du RAID", explique Ange Mancini.
"Ce qu'il faut au RAID, c'est pas des champions. Il faut des gens qui soient de condition robuste (...) et avec les pieds sur terre", lance-t-il encore.
La prise d'otages au tribunal de Nantes
À peine installé, le RAID fait face à une affaire très médiatisée à l'époque: la prise d'otage du tribunal de Nantes en 1985 par trois braqueurs lors du procès de l'un d'eux, Georges Courtois. Un premier succès pour l'unité, qui parvient à convaincre ce dernier de se rendre.
"Dans une prise d'otage, (...) un jeu d'équilibre se pose. On est deux groupes, l'un qui détient des otages, l'autre qui vient discuter. Il faut arriver à instaurer cet échange, leur faire comprendre qu'ils sont bloqués mais qu'on peut traiter les affaires de façon plus humaine que de simplement partir en guerre l'un contre l'autre", raconte encore le premier patron du RAID.
Alors que Georges Courtois brandit une arme et se montre menaçant, Ange Mancini lui lance: "Arrête tes conneries, tu vois pas que tu vas flinguer quelqu'un sans le vouloir?" Un échange qui a pour mérite de calmer le braqueur.
"Notre premier objectif, c'est la négociation"
Autre souvenir marquant pour Ange Mancini: l'arrestation des quatre principaux membres du groupe d'extrême-gauche "Action directe" en février 1987. Alors qu'ils se cachent dans une ferme du Loiret, son équipe intervient pour les interpeller.
"On arrive jusqu'à la porte, on la défonce alors qu'elle était ouverte: ils étaient en train de déjeuner tous les quatre", se rappelle-t-il.
Sans leur tirer dessus, les membres du RAID parviennent à leur faire peur et à les dissuader de s'enfuir en tirant à côté d'eux. "C'est une fierté absolue", commente Ange Mancini, alors que les quatre individus ont fini par se rendre.
"Notre premier objectif, c'est la négociation. Négocier avec les gens pour éviter qu'il y ait du sang qui coule, celui des victimes ou des malfaiteurs."
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