Disparition d'Emile: "Plus le temps passe et plus des éléments ont tendance à disparaître", un ancien magistrat s'inquiète
Le temps s'est arrêté dans le petit village du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) depuis la disparition du petit Émile, un enfant de 2 ans et demi. Le 8 juillet dernier, le petit garçon jouait dans le jardin de la maison de ses grands-parents quand il s'est évanoui dans la nature, en fin d'après-midi. Rapidement, des investigations ont été lancées pour tenter de retrouver sa trace, en vain. Une information judiciaire avait été ouverte mais aucune piste, ni suspect n'ont été identifiés.
Si cette disparition avait fait la Une des médias au moment des faits, trois mois plus tard, plus aucune information n'est communiquée. "Cela ne veut pas dire que l'enquête n'avance pas", assure l'ancien magistrat Jacques Dallest à nos confrères de 20 minutes, "des actes d'enquête sont faits chaque jour ou presque pour vérifier tel ou tel élément et ainsi fermer des portes".
"On cherche plutôt un corps"
Fin juillet, l'affaire avait pris une autre tournure lorsqu'une enquête avait été ouverte pour "enlèvement de mineur de 15 ans" et "séquestration". Si la piste de l'accident était privilégiée au départ, ce changement de cap laisse penser qu'il aurait été victime d'un acte criminel.
"Ce n'est pas parce qu'on présume que l'enfant a été victime d'un crime qu'on ne poursuit pas les investigations sur le versant de l'accident", a précisé Jacques Dallest, ex-magistrat très engagé dans la résolution d'affaires non élucidées.
Aucune piste ne serait donc écartée par les enquêteurs qui redoublent d'effort pour éliminer les doutes qui entourent la disparition du petit garçon. Désormais, c'est de manière plus minutieuse que les enquêteurs étudient les indices. Les dernières fouilles en date remontent notamment à mi-septembre lorsqu'une dalle de béton a été analysée après que le radar des gendarmes a montré une tache suspecte.
"Malheureusement, nous sommes sortis de la phase d'urgence. On cherche plutôt un corps", avoue l'ancien magistrat à nos confrères, "c'est un élément essentiel dans l'enquête, il peut porter l'ADN de l'auteur, donner des indices sur les conditions du décès. Plus le temps passe et plus ces éléments ont tendance à disparaître".
Le logiciel Anacrim pour recouper les éléments
L'ADN, justement, est au cœur des investigations qui se jouent désormais dans les laboratoires de la gendarmerie. Après avoir relevé différents éléments sur place, il est maintenant l'heure de les analyser et cela peut prendre du temps.
Tous ces éléments sont ensuite retranscrits dans le logiciel Anacrim qui est utilisé dans des enquêtes criminelles complexes, comme le précisent nos confrères. Cet outil permet de faire émerger des incohérences ou, à l'inverse, mettre en évidence des similitudes qui permettraient de privilégier une piste.
"Ce n'est pas un outil magique, mais c'est vraiment très utile dans des dossiers aussi complexes avec des milliers de données", précise Jacques Dallest.
Les enquêteurs vont donc devoir faire confiance à ce logiciel pour espérer faire la lumière sur la disparition du petit Émile afin qu'il ne rejoigne pas la liste des affaires non élucidées.