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Ces meurtres résolus grâce aux kits d'analyses ADN dits "récréatifs"

Un scientifique manipule des échantillons d'ADN (illustration).

Un scientifique manipule des échantillons d'ADN (illustration). - DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Interdits en France, les kits récréatifs d'analyses généalogiques font fureur outre-Atlantique. S'ils servent à connaître ses ancêtres, ils peuvent également être utiles pour résoudre une enquête criminelle.

MyHeritage, 23andMe ou encore Ancestry.com, ces sites proposent des kits récréatifs d'analyses généalogiques. Si ces tests sont interdits en France, certains se le font envoyer pour pouvoir découvrir leur arbre généalogique, connaître leurs ancêtres et retrouver des membres de leur famille. C'est en tout cas la promesse de ces tests. Mais les résultats de ces tests commencent désormais à intéresser la police, notamment aux Etats-Unis, car ils ont déjà permis d'élucider plusieurs affaires criminelles.

Ce mercredi, une New-yorkaise a découvert l'identité du violeur de sa mère grâce à l'un de ces tests, comme le rapporte un communiqué publié par le cabinet d'avocats qui la défend. Gravement handicapée, sa mère avait été violée en 1985. Ce test ADN a permis à sa fille de découvrir qu'il s'agissait d'un membre du personnel du bureau de New York chargé de s'occuper d'elle.

Comment ça fonctionne?

Pour comprendre l'intérêt de ces tests ADN lors d'une enquête, il faut comprendre sur quel principe ils fonctionnent. Jugés "récréatifs", ils sont accessibles facilement aux particuliers qui souhaitent en apprendre davantage sur leurs origines. S'ils ne sont ni ordonnés par la médecine ou la justice, comme l'exige la loi française, ces tests ont connu un succès planétaire, permettant la récolte de millions de profils génétiques.

En commandant un de ces tests, les demandeurs reçoivent un kit à leur domicile pour récolter leur ADN. Après avoir frotté le goupillon dans leur bouche et l'avoir déposé dans une fiole, ils doivent ensuite l'envoyer par la poste au laboratoire de l'entreprise concernée.

Les scientifiques séparent ensuite les fragments qui composent l'ADN. Ils sont ensuite comparés à des allèles existants pour identifier les différentes mutations héréditaires qu'ont subies les gènes à partir du gène initial, comme l'explique le ministère de l'Intérieur.

Les résultats sont ensuite stockés dans les archives de l'entreprise et intéressent de plus en plus la police. Et pour cause, leurs bases de données génétiques sont plus fournies en raison du succès grandissant de ces tests ADN. Pour aider les enquêteurs, ces entreprises coopèrent fréquemment avec la police et certains sites recensent également les résultats des personnes les ayant autorisées à publier leur profil génétique.

Rattrapé par son ADN

L'affaire emblématique qui a pu être élucidée grâce à ces tests génétiques récréatifs est celle du tueur en série surnommé le "Golden State Killer". Pendant 40 ans, Joseph DeAngelo a violé et tué des dizaines de femmes à travers toute la Californie dans les années 1970 et 1980.

Il a fallu attendre le mois d'avril 2018 pour qu'il soit identifié et rattrapé par la police. C'est grâce au test ADN pratiqué par un membre de sa famille que les policiers ont pu comparer son profil génétique et confirmer qu'il était bien l'auteur des différents meurtres.

Pour pouvoir le savoir, les policiers ont eu accès aux résultats du test ADN pratiqué par un proche du tueur sur un site qui référencent tous les résultats des différentes entreprises permettant l'analyse génétique. Ils l'ont ensuite comparé aux empreintes récupérées sur les différents corps de ses victimes. Si cette comparaison a matché, il restait à vérifier qu'il s'agissait bien de l'homme âgé de 72 ans qu'il suspectait.

Les agents lui ont alors tendu un piège en l'espionnant au moment de faire ses courses dans un supermarché. Après que l'homme a quitté les lieux, les enquêteurs sont retournés récupérer les produits qu'il avait touchés afin de voir si son empreinte génétique collait avec celui du tueur. Et là, bingo, les policiers ont pu arrêter l'un des plus grands tueurs en série des Etats-Unis.

Alix Mancel