Itinéraires criminels: Jacques Rançon, le tueur condamné deux fois à perpétuité

ITINÉRAIRES CRIMINELS (1/8). Le pôle de Nanterre, spécialisé en cold cases, étudie le parcours de huit tueurs en série français. Le but: savoir s'ils sont impliqués dans les affaires restées non élucidées.

Il n'y a pas que des dossiers d'affaires non-élucidées sur le bureau des juges du pôle de Nanterre. Pour permettre de résoudre ces cold cases, les enquêteurs de ce pôle judiciaire ont décidé de s'intéresser aux parcours criminels de huit tueurs en série français. Ce samedi, RMC Crime revient sur celui de Jacques Rançon, surnommé le "tueur de la gare de Perpignan", pour lequel une information judiciaire a été ouverte en décembre dernier.

C'est l'un des rares criminels français à avoir été condamné à deux reprises à la réclusion criminelle à perpétuité. Reconnu coupable de trois meurtres, d'une tentative de meurtre, de deux viols, de deux agressions sexuelles, d'une tentative d'agression et d'un enlèvement, survenus entre 1986 et 1999, il est un habitué des cours d'assises.

Une défense difficile

Ce sont les meurtres de Moktaria Chaïb, en 1997, et celui de Marie-Hélène Gonzalez en 1998 qui lui ont valu le surnom du "tueur de la gare de Perpignan" en raison de l'horreur de ses deux crimes survenus dans le même quartier. Car l'homme ne s'était pas arrêté au viol et au meurtre des deux jeunes femmes, mais avait également démembré leurs corps avant de découper leurs organes sexuels pour les emporter avec lui.

Interpellé le 14 octobre 2014, son avocat Me Xavier Capelet se remémore pour RMC Crime la première fois où il a rencontré son client. "J'étais commis d'office quand je l'ai rencontré en garde à vue", explique-t-il. S'il n'avait pas connaissance des faits pour lesquels l'homme était interpellé, il comprend rapidement la gravité de la situation en raison du nombre important de magistrats et d'enquêteurs présents lors de son interrogatoire.

De son côté, Jacques Rançon semble surpris de son interpellation et fait mine de ne pas savoir pourquoi il est là. Et ce qui n'arrange pas Me Capelet, c'est que son client ne coopère pas avec les enquêteurs et ne fournit que des réponses brèves et courtes, comme il nous l'explique. "Il n'est pas très causant, il a fallu le convaincre de parler".

Me Capelet a dû se creuser les méninges pour trouver un axe de défense face à la gravité des faits pour lesquels il était jugé en mars 2018. "C'est vrai que ce n'était pas facile de trouver des arguments pour le défendre", confie-t-il. Déjà familier des tribunaux, l'avocat avoue que son client appréhendait énormément son procès après avoir vu le tapage médiatique autour de ses crimes. "Mon travail a été de le rassurer et de le convaincre à participer le plus possible lors du procès pour apporter des réponses aux familles des victimes", explique Me Capelet.

Bientôt transféré

Depuis sa deuxième condamnation à perpétuité en juin 2022, Jacques Rançon est incarcéré à la prison d'Amiens (Somme). Dernièrement, il a reçu une convocation et devrait bientôt être transféré à la maison centrale de Fresnes avant d'être définitivement envoyé vers une prison qui accueille des grands criminels comme lui, comme le rapporte son avocat à RMC Crime.

Ce dernier a régulièrement des nouvelles de lui par l'intermédiaire de la psychiatre qui le suit et a noté une nette amélioration de son comportement en dix ans. "Il est beaucoup mieux dans sa tête, il s'exprime mieux. Avant, c'était compliqué de comprendre ce qu'il voulait dire, mais le travail avec sa psychiatre a porté ses fruits".

Face à l'annonce du pôle de Nanterre qui a décidé d'ouvrir une information judiciaire pour voir s'il ne serait pas impliqué dans d'autres affaires, Me Capelet n'est pas surpris. "Je m'en doutais, car certains éléments peuvent laisser penser qu'il y avait d'autres crimes". Si deux instructions sont en cours à Paris et à Perpignan, il précise que pour l'heure, aucune mise en examen n'a été faite et qu'il n'est pas certain "que cela donnera quelque chose".

Alix Mancel