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Faites entrer l accusé

“Le tueur de la gare de Perpignan”: le nouvel épisode du podcast de Faites entrer l’accusé

Gare de Perpignan

Gare de Perpignan - Warden

Retrouvez ce lundi 1er août, le nouvel épisode du podcast de l’émission Faites entrer l’accusé. Cette semaine, Dominique Rizet revient sur l’affaire du tueur de la gare de Perpignan, Jacques Rançon.

Il aura fallu 20 ans pour élucider cette affaire. Le 21 décembre 1997, un corps est retrouvé dans un terrain vague, près de la gare Perpignan. Les policiers et la police judiciaire arrivent rapidement sur les lieux. Ils découvrent le corps nu d’une femme, avec des traces de coups de couteau sur le côté. Il s’agit de Mokhtaria Chaïb, une jeune femme de 19 ans.

L’autopsie révèle que la victime a reçu une douzaine de coups de couteau, dont cinq mortels au niveau du cœur. Ce qui étonne le médecin légiste, c’est que l’auteur de ce meurtre a découpé ses organes sexuels et les a emporté avec lui. “Il faut avoir des connaissances médicales pour procéder à ces ablations. Les conclusions de ces expertises étaient de dire qu’il faut chercher un médecin”, explique Gilles Soulié de la PJ de Perpignan. Mais l’enquête stagne.

Cette histoire, c'est celle de longues années sans réponse. Faites entrer l'accusé revient sur l'affaire du tueur de la gare de Perpignan. Ecoutez le nouvel épisode de notre podcast Faites entrer l'accusé.

Un mois après, un riverain de la rue où a été retrouvé le corps de Mokhtaria contacte la police, car il a retrouvé une chaussure de femme dans son jardin. Rapidement, les proches de la défunte confirment qu’il s’agit bien de sa chaussure. Ils fouillent les alentours et découvrent l’autre chaussure dans un autre jardin. Mais aucun autre élément ne permet de faire avancer l’enquête.

Les victimes s’enchaînent autour de la gare de Perpignan

Le 9 mars 1998, Sabrina, une jeune fille de 19 ans, se fait agresser devant chez elle, à un kilomètre de la gare de Perpignan. C’est une voisine, en l’entendant hurler, qui va se précipiter à son secours. En arrivant, elle découvre la jeune femme allongée sur le sol, dans une mare de sang, et voit un homme s’enfuir. Sabrina s’en sort et décide de porter plainte. Elle raconte qu’elle a aidé un homme qui a trébuché quand il a sorti un couteau et l'a planté sous le sein, et du nombril jusqu’au sternum, tout en lui disant “je vais te tuer”. Elle décrit son agresseur et précise qu’il a les dents noires. Les policiers ne font pas le rapprochement avec Mokhtaria et classe l’affaire sans suite.

Le 26 juin 1998, un corps de femme en décomposition est retrouvé près de l’autoroute, dans une décharge sauvage.

“Il manque la tête, les poignets, elle a été éviscérée, les parties génitales et anales ont été enlevées. Et dans ce cas là, les découpes sont radicalement différentes de celles de Mokhtaria. C’est grossier, on dirait que le meurtrier s’est acharné”, explique Guy Armand, de la PJ de Perpignan.

Un peu plus loin, les enquêteurs découvrent les viscères de la victime en état de décomposition, dans un carton. Ils font immédiatement le rapprochement avec une jeune fille disparue quelques jours plus tôt dans le quartier de la garde de Perpignan: il s’agit de Marie-Hélène Gonzalez.

Cette affaire va rouvrir un autre dossier. Le 24 septembre 1995, Tatiana rentre d’un week-end passé à Toulouse et arrive à la gare de Perpignan pour rentrer chez ses parents. Mais elle ne rentrera jamais. A cette époque, aucune piste n’est probante et les recherches sont abandonnées.

La théorie du tueur en série se confirme de plus en plus dans l’esprit des policiers.

Le FBI à la rescousse

Il faudra attendre le mois d’octobre 2013, pour que l’enquête sur les victimes de la gare de Perpignan avance. Un juge demande à ce que des nouvelles analyses ADN soient faites sur les chaussures de Mokhtaria. Quinze ans après sa mort, un ADN masculin partiel est retrouvé. Pourtant, rien ne permet de l’identifier. En 2014, la police judiciaire récupère un logiciel du FBI qui permet d’établir un rapprochement entre un ADN partiel et les millions d’ADN répertoriés dans la base FNAEG.

“C’est la dernière chose qu’on peut faire dans ce dossier, après ça, on est à sec. Et là, on a un coup de téléphone qui nous dit: ‘on a un profil, c’est Jacques Rançon’”, déclare Stéphanie Pradelle, la juge d’instruction du TGI de Perpignan.

Les policiers découvrent alors que l’homme logeait dans un hôtel à 100 mètres de la gare de Perpignan, à la période des meurtres. Le 14 octobre 2014, il est placé en garde à vue pour le meurtre de Mokhtaria, le seul crime pour lequel ils ont une trace ADN. Jacques Rançon avoue avoir violé et tué la jeune fille. Il est donc mis en examen. La nouvelle fait la une des médias et Sabrina reconnaît son agresseur. Elle prévient la police judiciaire. L’homme est donc extrait de prison et placé une nouvelle fois en garde à vue. Il avoue également l’agression de la jeune femme. Il est une nouvelle fois mis en examen. Dans la foulée, il avoue le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez.

“Jacques Rançon est un psychopathe”

Le 5 mars 2018 s’ouvre le procès de Jacques Rançon devant la cour d’assises de Perpignan, 20 ans après la mort de Mokhtaria. Pour les familles de victimes, c’est une épreuve que d’affronter le regard de cet homme.

“Jacques Rançon est un psychopathe, un vrai de vrai, dans le sens où on a une absence totale de culpabilité”, explique le Dr Danièle Cany, expert psychologue.

A l’issue de l’audience, l’homme est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. “Le seul regret que j’ai aujourd’hui, c’est qu'on n'ait toujours pas découvert ce qui est arrivé à Tatiana”, avoue Me Etienne Nicolau, l’avocat des parties civiles.

Alix Mancel