Itinéraires criminels: Patrice Alègre libérable depuis 2019, toujours incarcéré

Patrice Alègre et ses avocats lors de son procès en 2002 à la cour d'assises de la Haute-Garonne - AFP
Il n'y a pas que des dossiers d'affaires non-élucidées sur le bureau des juges du pôle de Nanterre. Pour permettre de résoudre ces cold-cases, les enquêteurs de ce pôle judiciaire ont décidé de s'intéresser aux parcours criminels de huit tueurs en série français. Ce samedi, RMC Crime revient sur celui de Patrice Alègre, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, le 21 février 2002, assortie d'une période de sûreté de 22 ans pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols, par la cour d'assises de la Haute-Garonne.
Libérable depuis septembre 2019, il a demandé à son avocat, Me Pierre Alfort, de déposer une demande de libération conditionnelle avant de finalement la retirer. "Il s'est finalement désisté parce que c'était trop tôt pour lui. Et puis, c'est sa psychiatre qui doit statuer sur sa libération et pour l'instant, il n'est pas prêt", explique son avocat à RMC Crime.
"Son côté humain m'a donné la force de le défendre"
Le tueur en série toulousain avait pour habitude de violer des jeunes femmes avec qui il avait sympathisé en amont, avant de les tuer et d'abandonner leurs corps dans la nature. C'est le meurtre et le viol d'Isabelle Chicherie, le 4 septembre 1997, qui conduira à l'arrestation de Patrice Alègre. L'homme était déjà dans le viseur de la police et était placé sur écoute.
C'est à l'âge de 31 ans, après avoir remporté le Concours de la Conférence du Stage, qui est un concours d'éloquence destiné aux avocats, que Me Pierre Alfort a été appelé pour défendre Patrice Alègre lors de son arrestation. "J'avais vu cette affaire qui avait fait la Une d'un quotidien local de Toulouse et qui parlait d'un tueur en série. Juste après, le bâtonnier m'a mis sur le dossier".
Ce qui l'a tout de suite marqué, quand il a rencontré Patrice Alègre pour la première fois, c'est le décalage entre l'image qu'il reflétait et l'atrocité des faits qui lui étaient reprochés. "C'est ce côté très humain qui m'a donné la force de le défendre", confie-t-il, "il n'a jamais nié les faits donc mon objectif n'a pas été de minimiser les faits, mais de le ramener au rang d'humain".
"Il paye déjà sa dette"
Si les crimes pour lesquels le tueur en série toulousain a été condamné ont été commis en 1989, 1990 et 1997, le pôle de Nanterre s'intéresse désormais aux sept années pendant lesquelles il n'aurait tué personne. Mais pour Me Alfort, son client a déjà révélé tous ses secrets.
"J'attends de voir si des éléments ressortent de l'enquête du pôle de Nanterre, mais j'en doute. Sinon, ce serait déjà sorti avec la cellule "Homicide 31" qui avait été créée en 2000 et qui avait pour but d'enquêter sur d'autres victimes potentielles".
Quand on lui demande comment se porte son client, Me Alfort confie qu'il va "comme quelqu'un qui a passé 25 ans de sa vie en prison".
Il explique que les nouvelles investigations menées par le pôle de Nanterre sont difficiles à digérer pour Patrice Alègre qui se voit replonger 20 ans en arrière alors qu'il finit de purger sa peine. "C'est une pression difficile à gérer pour lui, il est clair sur ses positions, a toujours reconnu les faits".
Si Me Pierre Alfort est persuadé qu'aucun autre crime ne sera révélé dans le parcours criminel de son client, il attend de voir l'aboutissement de cette nouvelle enquête. "S'ils ont des éléments, qu'ils parlent mais, ça ne sert à rien de nous dire qu'il est sur une liste. Il paye déjà sa dette."