“Je souhaite que la justice ouvre enfin les yeux”: l’avocate d’Omar Raddad veut prouver l'innocence de son client

Me Noachovitch, avocate d'Omar Raddad - BFMTV
Une contre-enquête réalisée entre 2002 et 2004 a permis d’apporter des nouveaux éléments dans l’affaire Omar Raddad, condamné pour le meurtre de sa patronne, Ghislaine Marchal. Selon les informations de Var-Matin, le livre Mystères de l’injustice, paru mi-mars et écrit par Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon, révèle que les gendarmes de la brigade territoriale de Nice se sont penchés sur la piste d’un cambriolage qui aurait mal tourné, commandité par deux frères originaires de la côte d’Azur. Les deux hommes tenaient le restaurant La Bolognèse, à Cros-de-Cagnes, ouvert un an avant la mort de la riche veuve.
A la suite de ces révélations, l’avocate d’Omar Raddad, qui se bat depuis 2008 pour prouver l’innocence de son client, a réussi à obtenir un supplément d’information de la commission d’instruction de la Cour de révision. Pourtant, elle déplore aujourd’hui la lenteur des enquêteurs pour vérifier les informations relatées par cette contre-enquête.
Et pour cause, en mai 2022, le principal suspect de cette nouvelle piste est mort d’une crise cardiaque, seulement deux mois après avoir été inquiété par cette contre-enquête. Fait encore plus étrange, le restaurant dont il était le gérant a fermé deux mois après la mort de Ghislaine Marchal. Pour Me Sylvie Noachovitch, ces éléments ne sont pas anodins. “Je ne crois pas au hasard, il n’y a pas de hasard”. Pour elle, la piste du meurtre crapuleux doit être soulevée.
Me Noachovitch déplore une justice française “toute-puissante”
En lisant l’enquête publiée ce dimanche 10 juillet par Var-Matin, l'avocate apprend que les journalistes ont recueilli un témoignage qui apporte un élément nouveau dans l’affaire. Alors que les enquêteurs n’ont jamais fait d’étude de voisinage selon elle, les journalistes l’ont fait à leur place. Et une voisine raconte que la victime, madame Marchal, fréquentait très régulièrement le restaurant La Bolognèse avant sa mort. C’était comme sa cantine et elle y parlait librement de son train de vie. Selon la témoin, elle évoquait fréquemment son jardinier, Omar Raddad, car elle le considérait comme son fils. Pour son avocate, ce témoignage montre une fois de plus les défaillances dans ce dossier.
“Si la justice ne veut pas rouvrir le dossier avec ces éléments, qu’est-ce qu’il faut de plus pour pouvoir réviser cette affaire ? Ce n’est plus possible de ne pas prendre en compte ces éléments. C’est plus que de l’imperfection, on ne doit pas accepter ça”.
Mais outre ce dossier, Me Noachovitch pointe du doigt le fonctionnement de la justice française. “Mon combat va au-delà de prouver l’innocence de mon client, nous sommes tous concernés. Les agissements de la justice française ne sont plus acceptables”. Car quand elle voit que même avec des éléments aussi importants que ceux qui viennent d’être révélés, la Commission d’instruction de la Cour de révision n’ordonne pas la révision du dossier, elle craint de perdre une nouvelle fois son combat. “Je souhaite que la justice ouvre enfin les yeux. Ce n’est plus possible que les juges se considèrent comme tout puissant”.
“Il sait que la justice est dingue”
De son côté, Omar Raddad attend patiemment la décision de la commission d’instruction de la Cour de révision. Mais son avocate ne s’emballe pas quand elle lui annonce des avancées dans son dossier pour ne pas qu’il soit une nouvelle fois déçu. “Il sait que la justice est dingue, qu’il y a des hauts et des bas. Je l’informe, mais il est fragile donc je suis prudente, je lui dis que c’est un parcours difficile, mais qu’on va y arriver”. Parce que Me Noachovitch en est sûre: “J’ai la conviction que mon client est innocent. Omar Raddad doit donc être reconnu comme tel”.