Les parents de la "petite martyre de l'A10" bientôt mis en examen pour actes de torture 35 ans après les faits?

La tombe de la "Petite martyre de l'A10", retrouvée dans un fossé de l'autoroute en août 1987, au cimetière de Suèvres, le 14 juin 2018 dans le Loir-et-Cher - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP
Verra-t-on bientôt ses parents comparaître devant un tribunal? Inass, 4 ans, avait été retrouvée morte sur l'autoroute A10 au niveau de Suèvres (Loir-et-Cher) en 1987. Il avait fallu attendre 2018 pour que la "petite martyre de l'A10" soit identifiée et que ses parents soient arrêtés. Selon les informations de France Info, ces derniers pourraient bientôt être mis en examen pour "actes de torture et barbarie", comme l'a demandé jeudi la Cour d'appel d'Orléans.
Auprès de nos confrères, l'avocate de l'association Enfance et Partage estime que cette décision correspondrait à la "réalité du dossier": "Certains actes relèvent des actes de tortures et de barbarie", explique Me Agathe Morel.
Car les expertises ont révélé que la petite fille était morte après avoir subi de nombreux actes de maltraitance, notamment des brûlures, des morsures et des coups. Sa mère est notamment mise en cause dans ces mauvais traitements.
Identifiée 31 ans plus tard
Ce sont des employés chargés de l'entretien des espaces en bordure de l'autoroute qui ont fait la macabre découverte, en août 1987. Si les enquêteurs avaient pu estimer que le corps était celui d'une petite fille âgée de 3 à 5 ans, impossible cependant de retrouver son identité à l'époque.
En 2018, cependant, grâce à l'ADN, le dossier avait fait une avancée majeure: la petite Inass avait pu être identifiée après que son frère a été arrêté dans une tout autre affaire. Les empreintes de ce dernier ont conduit les policiers à faire le lien avec la fillette inconnue.
Les enquêteurs sont ensuite remontés jusqu'à leurs parents, un couple de sexagénaires ayant eu sept enfants. En garde à vue, ces derniers n'ont pas reconnu les faits, se rejetant la faute mutuellement. Ils ont cependant été mis en examen et placés en détention provisoire à l'époque. Ils ne le sont plus aujourd'hui.
Vers une requalification des faits?
En novembre dernier, la mère de la fillette avait d'abord été renvoyée devant une cour d'assises pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", et le père pour "complicité". Mais le procureur de Blois avait fait appel en demandant la requalification des faits, estimant qu'il s'agissait d'un meurtre, rappellent nos confrères.
C'est en réaction à cette demande que la Cour d'appel d'Orléans a requis la mise en examen des parents pour "actes de torture et barbarie". De nouvelles auditions des suspects doivent donc être conduites avant que le juge d'instruction ne se prononce sur cette requalification.