Les plus lourdes peines de prison prononcées en France

La sanction pénale la plus importante inscrite par la justice française est la perpétuité incompressible. Dans l'histoire contemporaine, huit condamnations de ce type ont été prononcées.

La perpétuité incompressible est la peine de prison la plus lourde qui existe dans le droit français. Il s’agit d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté illimitée, sans aménagement de peine possible.

Les détenus peuvent tout de même, au bout de 30 ans en prison, demander à un juge d'application des peines de revenir sur cette impossibilité et d'envisager un aménagement. Cette forme de "perpétuité réelle" a été instaurée en 1994, sous l'impulsion de Pierre Méhaignerie, ministre de la Justice d’Edouard Balladur.

Mais en France, cette condamnation est très rarement prononcée: huit criminels ont reçu cette condamnation. Avant 2022, seules quatre personnes y ont été condamnées. Parmi eux, deux tueurs en série et deux personnes ayant violé puis tué un enfant. Depuis, quatre hommes condamnés pour des faits liés au terrorisme ont aussi reçu cette condamnation.

Retour sur ces cas.

• Pierre Bodein

Le 18 juin 2004, l’homme a enlevé, violé et tué une petite fille de dix ans, à Valff, dans le Bas-Rhin. Trois jours plus tard, il récidive dans la ville de Hindisheim, sur une femme de 38 ans. Et une nouvelle fois, quatre jours plus tard, il tue et viole une adolescente de quatorze ans, à Nothalten.

A l’issue de son procès, Pierre Bodein, 59 ans, est le premier en France à être condamné à la perpétuité incompressible, le 11 juillet 2007. En 2019, son avocat a transmis une requête à la Commission d'instruction de la Cour de révision pour réexamen de son procès. Mais cette demande a été jugée irrecevable. En 2034, à 87 ans, il aura la possibilité de faire une demande d’aménagement de peine.

• Michel Fourniret

Le 11 décembre 1987, Isabelle Laville, une jeune femme de 17 ans, est enlevée et tuée par Michel Fourniret. Le tueur en série qui se fera surnommer “l’ogre des Ardennes” a ensuite récidivé une dizaine de fois jusqu’au meurtre de Mananya Thumpong, une adolescente de 13 ans qu’il a enlevée et tuée le 5 mai 2001.

Il a été condamné à la perpétuité incompressible le 28 mai 2008 aux assises des Ardennes. Mais le 10 mai 2021, l’homme est mort en détention après avoir purgé 17 ans de réclusion. C’est le premier condamné à perpétuité incompressible à mourir en prison.

• Nicolas Blondiau

A l’âge de 27 ans, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, le 17 décembre 2013. Le 5 novembre 2011, le jeune homme enlève Océane Luna, une petite fille de huit ans, qu’il viole, étouffe et finit par poignarder de quatre coups de couteau dans le cœur. L’homme avait fait appel de cette condamnation qui a finalement été confirmée le 30 janvier 2015.

• Yannick Luende Bothelo

Le 19 mars 2012, l’homme âgé de 29 ans viole et tue de 68 coups de couteau Marion Rousset, une adolescente de quatorze ans. Il l’avait coincée dans des toilettes publiques, à la sortie du tramway alors qu’elle se rendait chez sa mère. Le 17 novembre 2016, l’homme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible devant les assises de Loire-Atlantique.

• Jean-Michel Clain

Âgé de 42 ans, il est reconnu comme celui qui a récité des chants religieux dans le communiqué qui revendiquait les attentats. Présumé mort en Syrie le 22 février 2019, il est condamné par défaut.

• Fabien Clain

C’est le frère de Jean-Michel. Âgé de 44 ans, il est celui qui a revendiqué les attentats de Paris dans un communiqué audio. Présumé mort en Syrie le même jour que son frère, il est lui aussi condamné par défaut.

• Oussama Atar

Le jihadiste franco-belge de 38 ans était considéré comme l'un des coordinateurs des attentats de Paris et de Bruxelles. Il est également condamné par défaut, car il est présumé mort en Syrie le 17 novembre 2017.

• Salah Abdeslam

Seul survivant du commando impliqué dans les attentats de Paris, il a été condamné à la prison à perpétuité incompressible, le 29 juin 2022, devant les assises spéciales de Paris. Aucune de ces condamnations n’a bénéficié d’un aménagement de peine.

Alix Mancel