Disparition d’Estelle Mouzin: le doute plane encore sur la piste Michel Fourniret

Les proches d'Estelle Mouzin lors d'une marche à Guermantes (Seine-et-Marne) - Thomas Samson - AFP
Depuis bientôt 20 ans, cette affaire tient en haleine la France entière. Le 9 octobre 2003, la petite Estelle Mouzin, âgée de 9 ans, disparaît sur le chemin qui relie son école à son domicile. À Guermantes, en Seine-et-Marne, c’est la panique. Sa mère Suzanne signale sa disparition au commissariat de Lagny-sur-Marne à son retour du travail, vers 19h30.
Au départ, les policiers pensent à une fugue, mais cette piste va rapidement être écartée. Dès le lendemain, le parquet de Meaux ouvre une information judiciaire pour enlèvement et séquestration d’une mineure de moins de quinze ans.
La police judiciaire de Versailles est chargée de l’enquête. Des fouilles sont organisées pour tenter de retrouver la fillette. Et comme les premières heures d’enquête sont primordiales, les agents redoublent d’efforts. Des plongeurs sondent tous les plans d’eau de la région, des perquisitions sont organisées dans 350 maisons de la commune et 300 gendarmes et CRS se postent aux entrées et sorties de la ville pour contrôler chaque passant. Malgré cette mobilisation exceptionnelle, aucun élément ne permet de comprendre ce qui est arrivé à Estelle.
Encore une victime de Michel Fourniret?
Si la piste du tueur en série Michel Fourniret a été étudiée, elle a rapidement été écartée. Et pour cause, l’homme a un alibi: il a passé un coup de téléphone à son fils depuis la Belgique au moment des faits. Pourtant, le 9 janvier 2018, le père d’Estelle Mouzin décide d’attaquer l'État pour faute lourde. Il reproche des manquements et des pistes trop rapidement fermées lors de l’enquête. Et notamment celle qui concerne l’ogre des Ardennes.
Le 25 juillet 2019, le dossier est transféré à Paris. La juge en charge de cette affaire décide de se concentrer sur la piste de Michel Fourniret. Des interrogatoires sont organisés. Son ex-femme est entendue le 21 novembre 2019 et confirme l’alibi qui disculpe le tueur en série. Puis, finalement, elle se rétracte.
À la suite de ce témoignage, Michel Fourniret est mis en examen pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Une deuxième audition est organisée le 24 janvier 2020, et cette fois-ci Monique Olivier est très claire: elle affirme que son ex-mari a tué la fillette et que c’est elle qui a passé le coup de téléphone à son fils. Le 6 mars 2020, Michel Fourniret est auditionné et il reconnaît le meurtre d’Estelle Mouzin.
Un dossier de plus pour le pôle cold case
Une perquisition est alors organisée au domicile du couple, à Ville-sur-Lumes, dans les Ardennes. L’homme y aurait séquestré la petite fille, avant de la violer et de l’étrangler, selon les déclarations de Monique Olivier. Sur un matelas retrouvé dans l’ancienne maison du tueur en série, des traces partielles d’ADN d’Estelle Mouzin sont retrouvées. Des recherches sont entreprises autour de la maison pour tenter de retrouver le corps de la petite fille, en vain.
Si Michel Fourniret a avoué être l’auteur du meurtre d’Estelle Mouzin, rien ne prouve véritablement qu’il s’agit bien de lui. Sans corps et sans preuve matérielle correspondants à 100%, le dossier ne peut être classé. Le pôle consacré aux affaires non élucidées a donc décidé d’intégrer ce dossier à leurs recherches. L’ombre du tueur en série Michel Fourniret plane encore sur la disparition de la petite fille.