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Affaires françaises

Quand le téléphone livre ses secrets lors d'une enquête criminelle

Le bornage du téléphone portable permet de remonter la piste d'un tueur. (image d'illustration)

Le bornage du téléphone portable permet de remonter la piste d'un tueur. (image d'illustration) - -

Dans la résolution d’une enquête criminelle, le téléphone portable permet parfois de révéler bien des secrets. RMC Crime revient sur ces fois où il a aidé les enquêteurs à trouver une piste.

Les analyses du téléphone de Delphine Jubillar viennent d’apporter des nouveaux éléments dans l’enquête autour de sa mort. Selon les résultats de l’étude du réseau téléphonique, le portable de la jeune femme n’aurait pas quitté son domicile familial la nuit de sa disparition. Son mari, Cédric Jubillar, mis en examen pour le meurtre de sa femme, avait pourtant affirmé qu’elle était partie avec.

Pour comprendre le fonctionnement d’un réseau téléphonique, il faut parler du bornage. Une borne téléphonique est matérialisée par une tour sur laquelle les opérateurs téléphoniques connectent leurs antennes. Ainsi, il est possible de recevoir des appels, d’envoyer un message ou de se connecter à la 4G ou la 5G presque n'importe où. En se rapprochant d’une de ces bornes, le téléphone se connecte à ces antennes et envoie le numéro de la carte SIM et l’identifiant international du mobile. Seul un téléphone éteint ou en mode avion reste non-identifiable.

Une antenne-relais.
Une antenne-relais. © -

Ces fois où le téléphone a borné

Dans la résolution d’une enquête criminelle, l’étude de ces bornes téléphoniques permet de localiser le parcours d’une personne. A chaque fois qu’un téléphone passe à côté d’une de ces antennes, il envoie un signal qui est enregistré. C’est comme ça que les enquêteurs peuvent connaître les déplacements d’une personne. Dans certaines affaires judiciaires, le bornage téléphonique a permis d’élucider des mystères et de remonter la piste de l’auteur d’un crime.

RMC Crime vous a fait une sélection d’affaires dans lesquelles le téléphone portable a parlé.

• Sophie Le Tan

Le 7 septembre 2018, la jeune étudiante visite un appartement à louer, à Strasbourg. C’est la dernière fois qu’elle sera vue vivante. Une enquête est alors ouverte pour comprendre ce qui est arrivé à Sophie. C’est en étudiant la téléphonie de la jeune fille que les enquêteurs remarquent que son portable a cessé de borner à proximité du domicile d’un homme prénommé Jean-Marc Reiser. Après investigations, il sera finalement mis en examen pour assassinat et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans.

• Nordahl Lelandais

Après la disparition de la petite Maëlys, les enquêteurs étudient le téléphone portable de Nordahl Lelandais, car il a quitté la fête du mariage, le soir des faits. Ils remarquent qu’à 2 heures 46 du matin, heure à laquelle la fillette a disparu, son téléphone était en mode avion. Cela ne permet donc pas de vérifier sa position, mais sème le doute dans l’esprit des policiers.

Si son téléphone n’a pas permis d'apporter des preuves concrètes dans l’affaire de la petite Maëlys, il va tout de même servir dans une autre affaire: celle d’Arthur Noyer. La nuit de sa disparition, son téléphone borne à Chambéry à 3 heures du matin. Cette fois-ci, le portable de Nordahl Lelandais borne au même endroit que le caporal Noyer. C’est comme ça que les enquêteurs ont pu faire le rapprochement entre la disparition de la petite Maëlys et la disparition d’Arthur Noyer.

• Narumi Kurosaki

La jeune étudiante d’origine japonaise disparaît le 4 décembre 2016 dans la résidence étudiante où elle loge, à Besançon. Inquiets de ne plus avoir de ses nouvelles, ses camarades de classe décident de l’appeler et de lui envoyer des messages pour comprendre ce qu’il se passe. C’est alors que les proches de la jeune fille reçoivent des messages provenant de son portable leur expliquant qu’elle a un problème avec son passeport et qu’elle doit le régler. Mais sa disparition paraît suspecte et les enquêteurs décident de se pencher sur le bornage de son mobile. C’est là qu’ils découvrent qu’il a borné dans un restaurant, le soir de sa disparition. En relevant le numéro de carte qui a servi à payer l’addition, les policiers remarquent qu’il s’agit d’une carte bancaire chilienne, ce qui les conduit directement sur la piste de son ex petit copain jaloux, originaire du Chili.

Après des mois d’enquête, Nicolas Zepeda Contreras, son ex compagnon, sera finalement reconnu coupable du meurtre de Narumi. Cette fois-ci encore, le bornage du téléphone a permis de mettre les enquêteurs sur la bonne piste.

Alix Mancel