Daval, Jubillar, Viguier…: pourquoi le mari est souvent le suspect n°1

Jonathann Daval pendant la marche blanche pour Alexia - AFP
Dans les affaires criminelles où survient le meurtre d’une femme, le mari est souvent le premier à être mis en cause. Jonathann Daval, Cédric Jubillar ou encore Jacques Viguier en sont des exemples médiatiques dont on a beaucoup parlé.
Lorsqu’une femme est retrouvée morte, les enquêteurs se concentrent en priorité sur son entourage pour tenter de déterminer les circonstances de l’homicide. “D’un point de vue purement méthodologique, les policiers orientent d’abord leurs recherches au sein du cercle le plus proche de la victime. Il n’est alors pas surprenant que l’époux, membre de la famille, fasse l’objet d’auditions et d’autres actes d’enquête”, explique Me Bonaggiunta, avocate spécialisée dans les féminicides, pour RMC Crime.
Au-delà des faits, les enquêteurs se fient également aux statistiques. L’Observatoire national des violences faites aux femmes a ainsi dénombré 102 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2020. Des chiffres que la police judiciaire ne peut ignorer et qui leur donnent des raisons de se pencher sur la piste du mari.
Le contexte psychologique: principal facteur du passage à l’acte
La situation familiale au moment du meurtre est également étudiée au cours de l’enquête. Selon la psychiatre et médecin légiste Alexia Delbreil, qui a consacré une thèse de médecine sur le profil des auteurs d’homicides conjugaux, les féminicides interviennent principalement dans un contexte de séparation.
“L’acte meurtrier est commis lorsque l’homme se rend à l’évidence que la séparation est irrémédiable pour se venger de l’abandon ressenti, pour empêcher la femme d’être avec une autre personne. L’homicide est alors une réaction à la 'dépossession', où l’amour laisse place à la haine”, explique-t-elle. Les enquêteurs se montrent donc très attentifs si le couple venait de se séparer ou si la victime avait l’intention de quitter son mari, au moment du meurtre.
D’après Me Bonaggiunta, il n’est pas rare que les enquêteurs sollicitent des psychologues ou des sociologues afin de déterminer si le profil de l’époux d’une femme victime de meurtre pourrait s’apparenter à celui d’un auteur de féminicide. “Le psychologue Christophe Baroche souligne que les traits de caractère principaux des auteurs d’homicides conjugaux sont le narcissisme extrême, l’intolérance à la frustration, la jalousie ou encore la peur de l’abandon liée aux carences affectives et éducatives connues dans l’enfance”, explique-t-elle.
En définitive, c’est en s’appuyant sur des données techniques et statistiques, en s’intéressant au profil psychologique et au contexte du couple que la police judiciaire est amenée à considérer le mari comme étant le suspect numéro un dans une affaire de féminicide.