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Traitement de faveur ou isolement? Dans quelles conditions sont incarcérées les personnalités

Quartier d'isolement en prison (image d'illustration)

Quartier d'isolement en prison (image d'illustration) - Édouard Hue / Wikimédia

Les célébrités sont généralement placées dans des quartiers spécifiques lors de leur incarcération. Si beaucoup pensent qu'ils bénéficient d'un traitement de faveur, il s'agit souvent du contraire.

Depuis ce lundi, Pierre Palmade est placé en détention provisoire. Toujours hospitalisé après l'accident de voiture qu'il a provoqué le 10 février dernier, il devrait être transféré à la prison de Fresnes lorsque son état de santé le permettra. La question qui peut traverser les victimes et leurs proches est de savoir si, en raison de son statut de personnalité publique, l'homme bénéficiera d'un traitement de faveur lors de sa détention.

Il faut noter que seule la prison de la Santé, à Paris, bénéficie d'un quartier réservé aux VIP. Dans les autres établissements pénitentiaires, les célébrités sont incarcérées au quartier d'isolement habituellement destiné aux détenus ayant commis une infraction particulière. Une unité qui sert donc de sanction disciplinaire, en temps normal.

"Il y a deux motifs qui peuvent justifier le placement dans un quartier d'isolement: soit pour l'ordre et la sécurité de l'établissement, soit pour assurer la sécurité de la personne incarcérée", comme l'explique Me Garance Le Meur-Abalain, avocate de l'association des avocats pour la défense des droits des détenus, à RMC Crime.

"C'est un aveu de faiblesse"

Les célébrités sont placées à l'isolement pour garantir leur protection. Le taux de surpopulation carcérale fait que les prisons ne sont pas en capacité d'accorder une vigilance particulière sur les personnes médiatiques, comme le souligne l'avocate. "Ces personnes dites médiatiques peuvent notamment être victimes de chantage ou de racket parce qu'ils ont plus de moyens et donc plus de possibilité de cantiner". C'est donc une manière pour le personnel pénitentiaire de garantir la sécurité des détenus dits "spéciaux".

"C'est un aveu de faiblesse de l'administration pénitentiaire", confie l'avocate.

Le problème, est que le fait de placer les personnalités publiques dans ce quartier d'isolement empêche d'autres personnes d'y être installé, "Les personnes transsexuelles par exemple aimeraient y être placées, ou les personnes victimes de violences, mais on leur refuse ce droit-là".

"C'est vraiment loin d'être des conditions idéales"

Si dans l'inconscient collectif, les personnalités publiques ont le droit à un traitement de faveur dans leurs conditions de détention, il n'en est rien. Et pour cause, le quartier d'isolement est un quartier à part sur tous les plans. Si les cellules sont les mêmes qu'en quartier ordinaire, elles sont totalement isolées du reste de la prison.

"Il y a un vrai cloisonnement entre les quartiers "spéciaux" et la détention ordinaire", explique l'avocate.

Enfermés 23 heures sur 24, les détenus VIP disposent même d'une cour de promenade à part pour ne croiser personne. "L'heure de la promenade journalière se fait seule dans une cour encore plus petite que celle du quartier ordinaire".

Placés dans une cellule individuelle, certains y voient un avantage, pourtant, les inconvénients sont nombreux. "Ils n'ont pas accès au travail, aux formations et aux activités car c'est plus compliqué à mettre en place qu'en quartier ordinaire", explique Me Le Meur-Abalain.

"C'est vraiment loin d'être des conditions de détention idéales, il faut se rendre compte qu'ils sont placés là alors qu'ils n'ont pas commis de faute".

Face à cet isolement extrême, l'avocate tient à souligner la difficulté, notamment psychologique, d'être enfermée dans ce quartier spécial. "Je pense entre autres à une femme qui est restée quatre ans en quartier d'isolement et qui est devenue complètement folle. Il y a sept fois plus de suicides dans ces quartiers spécifiques", avoue l'avocate. Car les seuls contacts qu'ils ont avec d'autres personnes, sont avec le personnel pénitentiaire. "Il faut imaginer ce que ça fait sur le cerveau".

Alix Mancel