Ils ne baissent pas les bras. Pour la septième fois depuis le début de l'affaire en 1946, les avocats du comité de soutien Mis et Thiennot ont demandé jeudi devant la justice à ce que le procès de Raymond Mis et Gabriel Thiennot, qu'ils estiment injuste, soit révisé.
Plus de 75 ans après l'assassinat d'un garde forestier pour lequel les deux chasseurs ont été condamnés, la mobilisation de leurs proches ne faiblit pas: ils ont à cœur de faire reconnaître devant la justice ce qu'ils estiment être une erreur judiciaire.
Des aveux sous la torture?
En décembre 1946, à Mézières-en-Brennes dans l'Indre, un garde-chasse est retrouvé mort dans un étang, tué de quatre balles. Les soupçons se tournent rapidement vers un groupe de chasseurs.
Parmi eux: Raymond Mis et Gabriel Thiennot, des jeunes hommes de 19 ans. Après neuf jours de garde à vue, ils finiront par avouer le meurtre de Louis Boistard. Avant de se rétracter, déclarant avoir parlé sous la torture. Tout au long de leur vie, malgré trois condamnations, ils n'auront de cesse de clamer leur innocence.
C'est tout l'enjeu des requêtes en révision qui ont suivi, portées par un comité fondé en leur nom. Même après leur mort, les membres du groupe de soutien poursuivent leurs démarches afin de les innocenter officiellement.
Un rebondissement
Et ce jeudi, un rebondissement inattendu a bousculé l'audience: lors de ses réquisitions, pour la première fois, l'avocat général a demandé à ce que les cas de Raymond Mis et Gabriel Thiennot soient dissociés. Selon lui, en effet, si le premier a bien été victime de tortures lors de sa garde à vue, ce n'est pas le cas du second.
"Ça fait vraiment mal au cœur", a réagi, Thierry, le fils de Gabriel Thiennot, après l'audience, auprès de France Bleu.
"Moi j'étais là, enfant, quand mon père se réveillait la nuit en hurlant 'pas moi, non, pas moi'. Il faisait des cauchemars. Ça marque! Les magistrats n'ont pas connu ça, eux."
Grâce à une modification récente de la législation selon laquelle tout procès se fondant sur des aveux obtenus sous la torture doit être révisé (un texte écrit presque sur-mesure pour l'affaire Mis et Thiennot), il est très probable que les juges acceptent la requête du comité. Réponse le 5 octobre prochain.