"Pour moi, c'est quelqu'un en difficulté." C'est une parole de victime un peu particulière qui a résonné au sein de la cour d'assises de Charente-Maritime, jeudi. Alors que s'est ouvert le procès de Philippe P., détenu à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré accusé d'avoir tenté de tuer sa psychologue en mai 2021, cette dernière a déroulé à la barre sa propre analyse au sujet de son agresseur.
"Le passage à l’acte, c’est une question de survie psychique pour celui qui le commet. Ce n’était pas moi en tant que personne qui était visée. C’est pour ça que je ne suis pas en colère", a-t-elle expliqué, comme le rapportent nos confrères de Sud-Ouest.
Déjà condamné à la perpétuité à deux reprises pour un meurtre et quatre tentatives de meurtre, entre 1987 et 2014, Philippe P. avait été surnommé "l'épervier d'Amiens" en référence à son mode opératoire - il "fondait" sur ses victimes pour s'en prendre à elles.
"Pas dangereux à 99%"
Le 25 mai 2021, au début de son rendez-vous avec la psychologue qui lui rend visite en détention deux fois par semaine, il tente de l'étrangler. Des surveillants pénitentiaires accourent, alertés par le bruit. Dans sa poche, on retrouvera une fourchette dont les pics ont été repliés vers l'intérieur afin de former une pointe.
"L'intention n’était pas de mettre fin à mon existence, mais d’entamer des faits qui permettent d’être confondus. Le problème, c’est que le début du passage à l’acte suffit à le faire basculer dans autre chose et là, la volonté est réelle", a encore analysé la victime jeudi, armée de sang-froid.
Selon l'experte qui a rencontré le suspect après la violente agression, l'homme "n'est pas dangereux à 99%".
"D'où le fait qu'il ait endormi la confiance de beaucoup de gens. Le 1 % qui reste peut vous tuer. Il est imprévisible", a-t-elle développé, toujours citée par nos confrères.
Le verdict attendu ce vendredi
Quant à l'accusé, il s'est emporté face aux débats qui ont eu lieu lors de l'audience. "Arrêtez votre cinéma! Tout le monde sait que je vais être condamné à perpétuité. Ma date de sortie, c'est en 2060, je serais déjà mort!", a-t-il lancé. "Je n'ai plus de famille, je n'ai pas d'argent, je n'ai rien en cellule. Que fait-on quand on n'a plus d'espoir?"
Après avoir un temps continué de rendre visite à ses patients dans des centres de détention, la victime a finalement cessé de le faire. Son avocate Me Anne Glaudet indiquait mercredi à RMC Crime que si l'événement n'a pas été la cause exclusive de cet arrêt, il l'a certainement précipité.
"Mon seuil de tolérance au bruit, à la violence des lieux en a pris un coup", a confié sa cliente à la barre. Le verdict est attendu ce vendredi.