Déjà condamné à la perpétuité, un homme jugé pour avoir tenté de tuer sa psychologue en prison

(Photo d'illustration) - Kenzo Tribouillard / AFP
Déjà condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il encourt une nouvelle fois la peine la plus lourde. Un sexagénaire est jugé à partir de jeudi devant la cour d'assises de Charente-Maritime, accusé d'avoir tenté de tuer la psychologue qui le suivait depuis un an au sein de la prison de Saint-Martin, sur l'île de Ré.
"Ma cliente réalise qu’elle a été doublement victime, professionnellement et personnellement. Elle attend un procès digne qui appréhende les choses dans toute leur complexité", avance Me Anne Glaudet, l'avocate de la psychologue, auprès de RMC Crime. "À charge pour moi aussi de la restaurer en tant que victime."
Comme l'ont relaté nos confrères de Sud-Ouest, c'est en mai 2021 que l'homme a tenté de passer à l'acte, au sein même de l'établissement dans lequel il est incarcéré. Le 25 mai, il se rend à un rendez-vous avec la psychologue qui le suit depuis un peu plus d'un an, à raison de deux entrevues par semaine. Mais en arrivant, il tente d'étrangler cette dernière, qui sera finalement secourue par des collègues alertés par le bruit.
Dans la poche du détenu, on retrouvera une fourchette aiguisée afin d'en faire une arme, ainsi qu'une enveloppe sur laquelle sont inscrits les mots suivants: "Projet d'assassinat".
Surnommé "l'épervier d'Amiens"
Selon les mots de Me Anne Glaudet, l'accusé, Philippe P., présente un profil "hors norme". L'homme a déjà été condamné à deux reprises à la réclusion criminelle à perpétuité, en 1987 pour le meurtre d'une jeune auto-stoppeuse et trois tentatives de meurtre dans la Somme, et en 2014 pour la tentative d'assassinat de l'éducatrice qui était en charge de sa réinsertion. En référence à sa manière de passer à l'acte en "fondant" sur ses victimes, il avait été surnommé l'"épervier d'Amiens".
Au sein de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, ce dernier avait été placé à l'isolement. "Mais pas parce qu’il était agressif, plus parce qu'il était inadapté à la vie sociale", explique encore l'avocate.
Au contraire, poursuit-elle, le détenu ne présentait pas de signes d'une dangerosité particulière. "Nous, les professionnels qui travaillons avec ce type de personnalités au quotidien, on en arrive à banaliser et oublier la dangerosité potentielle de certains détenus."
L'échec de la psychiatrie en question
Au-delà du profil de Philippe P., l'un des points qui devraient être abordés à l'audience est la place accordée aux soins psychiatriques en prison. Cet événement violent "questionne aussi sur l’échec d’arriver à soigner des gens atteints de troubles", résume Me Anne Glaudet.
"Est-ce qu'on dispose d'assez de moyens?", lance-t-elle.
Aujourd'hui, sa cliente n'exerce plus dans les centres de détention. "Ce sont des milieux rugueux, et il faut reprendre une respiration à un moment donné. S'il n'est pas la cause exclusive de son arrêt, cet événement a dû accélérer les choses."
