Pas de préméditation, regrets... ce qu'a maintenu Jean-Marc Reiser lors de son procès en appel

Croquis d'audience de Jean-Marc Reiser lors de son procès pour l'assassinat présumé de Sophie Le Tan, le 28 juin 2022 à Strasbourg - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
Plus que quelques heures avant que les jurés n'aient à statuer sur le cas de Jean-Marc Reiser. Cet homme au casier judiciaire bien rempli comparaît depuis le 20 juin devant la cour d'assises de Colmar, dans le Haut-Rhin, un an après avoir fait appel de sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de l'étudiante Sophie Le Tan en 2018, dans la banlieue de Strasbourg.
Pas de préméditation, expression de regrets... Alors que le dossier pourrait être refermé pour de bon jeudi, quand les jurés auront rendu leur verdict, RMC Crime fait le point sur les déclarations faites jusqu'ici par l'accusé pendant l'audience.
- Il nie toujours la préméditation
C'est un point sur lequel il ne flanche pas. À l'image de la publication d'une fausse annonce immobilière sur Le Bon Coin, visiblement destinée à attirer une femme, certains éléments ont laissé les enquêteurs penser que Jean-Marc Reiser avait prémédité son passage à l'acte, en septembre 2018. Pourtant, comme c'était déjà le cas lors de son procès en première instance, le quinquagénaire reste ferme sur ses positions: il n'a jamais voulu la mort de Sophie Le Tan.
"Je n'ai pas fait appel à cause de ma responsabilité, mais surtout à cause de la préméditation qui est totalement fausse. Je ne vois pas pourquoi je ferais du mal à Sophie, je n'avais rien contre elle", a-t-il déclaré mardi, cité par France 3.
Selon la version qu'il livre sans relâche, lors de la visite de l'appartement, la jeune femme de 20 ans a refusé de lui faire une "bise", ce qui a eu pour effet de le mettre en colère. C'est à ce moment-là, dans un accès de colère, qu'il a tué Sophie Le Tan, assure-t-il encore. "Je lui ai mis des coups de poing pour qu'elle se taise, ça a duré quelques secondes, elle est tombée comme une masse. Je n'avais pas prévu de me retrouver avec un corps, j'étais emmerdé."
"Vous me qualifiez de génie du crime, mais un génie du crime ne serait pas dans le box aujourd'hui", a-t-il ajouté.
- Il dit regretter son geste
Avant d'être entendu pendant trois heures sur le déroulement des faits et son mobile, Jean-Marc Reiser a pris les devants mardi matin en adressant une pensée à la famille de Sophie Le Tan. "Je suis bien conscient de la douleur que j'ai infligée à la famille, je sais bien qu'elle ne pourra jamais me pardonner", a-t-il déclaré, à la barre.
"J'aimerais bien revenir en arrière. J'ai de profonds regrets, je ne peux que demander pardon à la famille, mais je sais que ça ne sert à rien", explique-t-il encore.
Des propos qui n'ont pas suscité de réaction particulière sur le banc des parties civiles, relate l'AFP.
- Une certaine maîtrise de son dossier mais des "trous de mémoire"
Décrit comme "intelligent" et comme ayant une très bonne connaissance de son dossier par ses anciens avocats, Jean-Marc Reiser s'est encore une fois montré capable de corriger la présidente de la cour d'assises sur des détails du dossier d'instruction. Par exemple, l'homme a semblé faire une nette distinction entre un assassinat, un homicide involontaire et des coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
"Oui, j'ai fait du droit", réplique-t-il après une remarque de la présidente. Et celle-ci de lancer froidement: "Comme quoi, ça mène à tout."
Sur d'autres points, cependant, Jean-Marc Reiser apparaît incapable de formuler une réponse claire. "Je ne sais plus, je ne me souviens plus. Vous savez, ça remonte à plusieurs années...", a-t-il répondu, encore cité par France 3. Des mots qui ont suscité la colère de la présidente: "Vous avez une mémoire sélective! Vous venez de citer une cote du dossier de tête, et là, vous ne vous souvenez plus."
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, jeudi en fin de journée, les derniers mots prononcés au sein de la cour reviendront, comme le veut la règle, à l'accusé.