Affaire Le Tan: que sait-on de Jean-Marc Reiser, accusé de l'assassinat de l'étudiante?

Dessin représentant Jean-Marc Reiser devant la cour d'assises de Strasbourg le 28 juin 2022. - Benoît Peyrucq
Près d'un an après son procès en première instance, Jean-Marc Reiser est jugé en appel dès ce mardi pour l'assassinat de Sophie Le Tan. En 2018, l'étudiante en économie avait été tuée à Schiltigheim, en banlieue de Strasbourg, après avoir répondu à une fausse annonce immobilière.
Malgré les preuves apportées par les enquêteurs, Jean-Marc Reiser, qui n'en est plus à sa première comparution, a toujours nié avoir prémédité son geste. Après l'annonce de sa condamnation l'été dernier à la réclusion criminelle à perpétuité, l'homme avait fait appel.
Une attitude contestataire, un casier judiciaire lourd et des zones d'ombre dans son passé... RMC Crime fait le point sur ce que l'on sait de l'accusé.
- Un père alcoolique et violent
Né en 1960 dans le Bas-Rhin, Jean-Marc Reiser connaît une enfance très instable. Comme l'ont raconté les experts lors de son procès en première instance, il est témoin dès son plus jeune âge des violences régulières de son père à l'égard de sa mère.
D'après nos confrères du Monde, qui ont assisté à l'audience, il se serait plusieurs fois interposé pour défendre cette dernière face à ce père alcoolique. Pourtant, au tribunal, il ne s'étendra pas sur cette période de sa vie. "Je ne vais pas baver sur ma famille. Même ma mère défend mon père", déclarait-il.
Auprès du Parisien, la mère de Jean-Marc Reiser le décrivait comme "gentil" et "serviable", malgré des débordements de colère. "Petit, comme tous les garçons, il était un peu turbulent et se fâchait souvent. Parfois, il était renfermé", racontait-elle en septembre 2018.
- Condamné pour deux viols
Avant que son nom ne surgisse dans l'affaire Sophie Le Tan, l'homme a déjà eu plusieurs démêlés avec la justice. En 1997, alors qu'ils mènent un contrôle de routine dans le Doubs, des douaniers tombent sur un couteau, un scalpel et autres armes en ouvrant le coffre de la voiture de Jean-Marc Reiser, alors âgé de 37 ans.
En outre, ils découvrent au même endroit des clichés pornographiques sur lesquelles on voit des femmes nues, sûrement inconscientes, violées à l'aide de divers objets. Parmi les victimes figure l'une de ses anciennes maîtresses.
En fouillant dans son passé, les enquêteurs parviennent à faire le lien avec la plainte pour viol qu'une touriste allemande avait déposée lors d'un voyage dans les Landes, deux ans plus tôt.
En 2001, il comparaît donc pour ces deux viols et écope de 15 ans de réclusion criminelle. "Jean-Marc Reiser était tout à fait à part dans mes clients. Il était très directif, exigeait que je fasse ci ou ça, refusait de négocier", décrivait l'an dernier auprès de BFMTV.com Me Jean-Pierre Degenève, qui le défendait à cette époque.
- De nombreuses mentions au casier judiciaire
Divers délits font également jour dans son dossier judiciaire: ainsi, en 2000, il est condamné à 8 mois de détention après avoir tenté de s'évader du tribunal de Besançon. En 2012 puis en 2016, il commet également des cambriolages de cliniques vétérinaires afin de trouver des produits anesthésiants.
En 2017, alors que des clés USB, une montre et des chèques-restaurants ne lui appartenant pas sont retrouvés à son domicile, l'homme écope encore d'une nouvelle peine pour "recel de vol".
C'est au mois de mai 2022 que remonte sa dernière condamnation en date: six mois de réclusion pour "subornation de témoin" après avoir demandé à son ex-compagne de changer sa version des faits dans l'affaire Le Tan.
- Un homme "autoritaire" et des zones d'ombre
Selon les avocats qui ont eu à le défendre, Jean-Marc Reiser apparaît comme un homme très "méthodique", parfois "autoritaire", mais également d'une grande intelligence.
"C'était quelqu'un avec qui l'on pouvait travailler. Parfois, les clients ne comprennent pas le dossier volumineux avec lequel on arrive. Lui avait fait quelques études, il était très impliqué et contestait sa culpabilité avec véhémence. On avait épluché une à une les pièces du dossier", rapportait l'an dernier Me Eric Braun.
L'avocat a pris sa défense dans un autre dossier sur lequel son ombre continue de planer: l'affaire Françoise Hohmann, du nom d'une Alsacienne de 23 ans disparue en 1987. Acquitté au terme d'un procès manquant de preuves concrètes à son encontre en 2001, Jean-Marc Reiser ne pourra plus comparaître pour l'assassinat de cette jeune commerciale.
Malgré tout, l'enquête a été rouverte sous d'autres chefs (notamment de "recel de cadavre"), rendant possible une condamnation de l'homme dans ce dossier.