Faites entrer l'accusé: Emmanuel Rist, la haine au coeur

Emmanuel Rist, condamné à trois reprises - AFP
Son idéal était le troisième Reich et une "Alsace pure". Emmanuel Rist, un néonazi français, n'a pas seulement eu des idéaux racistes mais est allé jusqu'au passage à l'acte. Ce dimanche, l'émission Faites entrer l'accusé revient sur celui qui se faisait surnommer "Tiwaz 2882".
Le 12 mai 2001, à Gundolsheim, en Alsace, un corps ensanglanté est retrouvé dans la rue entouré de tapis. Une voisine, qui a entendu une détonation, appelle les pompiers et les gendarmes pour intervenir. Elle reconnaît la victime puisqu'il s'agit d'un marchand de tapis ambulant qui faisait souvent du porte à porte dans le village. Malgré les efforts des pompiers, il est trop tard, l'homme est mort. Il s'appellait Mohammed Madsini et est originaire du Maroc. Les gendarmes constatent qu'il a été tué d'une balle dans la tête.
La voisine qui a prévenu les secours avait vu l'auteur du coup de feu tourné dans le quartier plus tôt dans la matinée. Elle a donc décrit aux enquêteurs l'homme qu'elle a aperçu le matin même dans une voiture bleu foncé, donnant ainsi une première piste.
Attentat signé "Tiwaz 2882"
Cinq jours avant l'assassinat de Mohammed Madsini, à 9 kilomètres de là, des employés de mairie avaient découvert un tract accroché sur la porte de l'hôtel de ville, revendiquant la race aryenne et son adhésion aux idées du troisième Reich. Il est signé "NSA 2882".
Certains mots attirent l'attention des gendarmes comme "raids punitifs contre les Juifs, les sales races, noirs et tziganes". Ils se demandent si cette lettre n'annonçait pas le meurtre de Mohammed. Pourtant, les années passent sans que les enquêteurs ne puissent retrouver l'auteur de ce tract, ni l'assassin du vendeur de tapis.
Jusqu'au 30 avril 2004, à Herrlisheim, à quelques kilomètres de Gundolsheim, lorsqu'un cimetière juif est victime de profanation. 127 tombes sont souillées par des croix gammées et des inscriptions antisémites. Les gendarmes font le rapprochement avec la date anniversaire d'Hitler survenue le 30 avril 1945. Ils remarquent également une inscription sur l'une des tombes où il est écrit "Tiwaz 2882". Ils repensent alors au mot laissé sur la porte de la mairie qui portait aussi le chiffre "2882".
Un attentat à la bombe
Cinq mois plus tard, le 8 septembre 2005, à Rouffach, non loin des deux premières affaires, le cabanon de jardin d'un retraité marocain explose. Quelqu'un avait placé une bombe dans le but de le tuer. Deux jours plus tard, les gendarmes reçoivent un courrier de revendication signé "Tiwaz 2882".
En plaçant des jeunes, connus pour leur appartenance à des groupes d'extrême droite, sur écoute, ils remarquent qu'un certain Emmanuel Rist parle d'une explosion dans un cabanon de jardin. L'homme de 37 ans va donc faire l'objet d'une surveillance particulière de la part des gendarmes.
Le 12 janvier 2006, il est finalement interpellé à son domicile. Les gendarmes savent de son entourage qu'il disposait d'une grande collection du troisième Reich chez lui, mais en arrivant tout a disparu. Ce qu'ils remarquent immédiatement, c'est qu'il porte une plaque militaire autour du cou avec inscrit "2882" dessus.
Trois procès
Placé en garde à vue, il avoue être le cerveau des opérations et notamment de celle concernant la profanation du cimetière juif. Il semble d'ailleurs fier de ses actes en affirmant aux gendarmes "c'est moi qui l'ai fait".
Le 10 septembre 2007, le procès d'Emmanuel Rist s'ouvre pour la profanation du cimetière. A l'issue de l'audience, il est finalement condamné à 30 mois de réclusion criminelle.
Un deuxième procès se tient pour "violence volontaire aggravée" pour l'attentat du cabanon de jardin. Il est condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Il doit désormais comparaître pour l'assassinat de Mohamed Madsini pour lequel il sera condamné à 20 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté de dix ans.
Retrouvez l'épisode consacré à Emmanuel Rist ce dimanche soir sur RMC Story puis en replay sur la plateforme RMC BFM Play.