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22 ans après la mort de Magalie Part, l'enquête est toujours au point mort

Vuache, dans la commune de Vulbens, où a été retrouvé le corps de Magalie Part (image d'illustration)

Vuache, dans la commune de Vulbens, où a été retrouvé le corps de Magalie Part (image d'illustration) - Google Street View

Il y a 22 ans jour pour jour, Magalie Part disparaissait. Le lendemain, son corps a été retrouvé à Vulbens (Haute-Savoie). Depuis, rien n'a permis d'identifier son meurtrier.

Qui a bien pu tuer Magalie Part, le 26 mars 2001? Depuis 22 ans, ses proches attendent des réponses et veulent connaître l'identité du meurtrier de la jeune femme, âgée de 19 ans au moment des faits. Son corps carbonisé avait été découvert par un promeneur, dans une forêt de Vulbens (Haute-Savoie), mais aucun élément n'a jamais permis d'identifier l'auteur de ce terrible crime.

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au 27 mars 2001 lorsque Nicolas Vuichard, un jeune agriculteur, quitte la ferme familiale en fin de matinée pour aller cueillir des morilles dans la forêt. C'est alors qu'en chemin, il tombe sur le corps dénudé et calciné d'une jeune femme.

Si l'état de la dépouille empêche d'identifier formellement la victime, c'est une gourmette qui va permettre aux gendarmes de faire le rapprochement avec une disparition survenue la veille, le 26 mars. Il s'agit de Magalie Part qui était sortie acheter des cigarettes et promener son chien, mais n'est jamais rentrée chez elle.

Un crime sordide

L'autopsie permet de confirmer qu'il s'agit bien de la jeune femme. Le médecin légiste relève également de nombreuses traces de coups et des fractures sur le corps de Magalie, morte des suites d'une hémorragie interne. L'horreur va encore plus loin quand il constate que son corps a été brûlé à l'essence pendant plusieurs heures dans un objet cylindrique, de type baignoire.

Les enquêteurs se rendent compte que dans cette affaire, il n'y a pas d'une scène de crime mais trois: l'endroit où Magali a été tuée, celui où son corps a été brûlé et le bois où il a été déposé. Mais pour l'heure, ce dernier est le seul lieu connu de la gendarmerie. C'est donc là qu'ils vont commencer leur enquête.

À l'endroit où Magalie Part a été retrouvée, les enquêteurs découvrent un mégot issue d'une marque de cigarette vendue en Suisse, qui n'est pas celle habituellement consommée par la jeune femme. Un indice important qui devrait aider les gendarmes à identifier le tueur. Mais c'est l'ADN de la victime qui est finalement retrouvé sur le mégot. Y a-t-il eu mise en scène?

Un nouveau juge d'instruction pour un œil neuf

Les proches de Magalie sont interrogés. Son mari et son beau-père soulèvent rapidement les soupçons des gendarmes, car ils mentent sur certains détails. Geoffrey Part, avec qui elle s'est mariée trois mois avant sa mort, dit que Magalie lui a offert un sabre japonais avant de changer de version et affirmer qu'il se l'ait acheté lui-même.

Le père de Geoffrey Part, lui, affirme n'avoir pas quitté son domicile de Suisse le soir des faits. Son téléphone a pourtant borné à 23 heures près de l'endroit où le corps de Magalie a été retrouvé.

Mais rien ne permet aux gendarmes d'avancer. Ils n'ont ni mobile, ni suspect, ni témoin, ni preuve. D'autant que la parcelle du bois où le corps de la jeune femme a été retrouvé n'a pas été protégée par les enquêteurs et a donc été polluée. Des traces de pneus ont notamment été effacées, ne laissant pas la possibilité d'identifier le véhicule qui a transporté le cadavre de Magalie à cet endroit.

Cinq ans plus tard, un nouveau juge d'instruction est nommé par l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) qui décide de placer le mari et le beau-père en garde à vue. Mais les deux hommes sont finalement libérés sans poursuite.

Un suicide en guise d'aveux?

En avril 2016, le juge d'instruction décide de faire exhumer le corps de Magalie Part pour procéder à de nouvelles analyses ADN. Mais l'enquête reste une nouvelle fois au point mort.

Coup de théâtre le 15 septembre 2018 quand Geoffrey Part, le mari de la victime, se suicide à son domicile, sans expliquer son geste. Les proches de la jeune femme se demandent alors s'il ne s'agit pas d'une forme d'aveux.

"Je ne sais pas comment prendre son suicide. Est-ce un aveu de culpabilité? Est-ce qu'il était acculé par la police? Ou le deuil était-il simplement trop dur à vivre… Je ne sais pas", a confié le père de Magalie à nos confrères du Parisien.

En 2019, Me Georges Rimondi, l'avocat des parents de Magalie Part, a saisi le pôle de Nanterre spécialisé dans les affaires non élucidées, mais n'a pas eu un retour favorable. "Ma grande préoccupation, c'est qu'au bout de 20 ans, on clôture le dossier", avait-il déclaré au Dauphiné Libéré. Vingt-deux après les faits, rien n'a encore permis de comprendre ce qui est arrivé à Magalie Part.

Alix Mancel