RMC Crime
Cold Cases

Meurtre d’Hemma Davy-Greedharry: 21 ans après sa mort, une nouvelle piste redonne espoir

Des enquêteurs vérifient une camionnette blanche.

Des enquêteurs vérifient une camionnette blanche. - Georges Gobet - AFP

Le 30 mai 1987, le corps de la petite Hemma Davy-Greedharry, âgée de dix ans, est retrouvé en feu sur un parking. Sa mort sera associée aux meurtres de trois autres petites filles.

A Châtillon, en région parisienne, le cadavre en feu d’une jeune fille est retrouvé sur un parking, le 30 mai 1987, vers 16h30. Il s’agit d’Hemma Davy-Greedharry, une fillette de dix ans qui était sortie pour acheter une équerre dans une librairie à Malakoff. Quatre allumettes seront retrouvées à côté de sa dépouille carbonisée. L’enfant est nu et ses vêtements ne sont pas retrouvés sur les lieux du crime.

Le rapport d’autopsie révèle que la petite fille a été violée, étranglée puis brûlée. Une enquête est alors ouverte pour tenter de retrouver l’auteur de ce terrible meurtre. Près de 700 témoins vont être interrogés. Le crime s’étant déroulé en journée, les enquêteurs sont persuadés que quelqu’un à vu quelque chose.

Deux témoins vont déclarer avoir vu une camionnette blanche à l’endroit où le corps de la fillette a été retrouvé, aux heures où le meurtre s’est produit. Ce qui va également intéresser les enquêteurs, c’est le produit qui a servi à immoler l’enfant: du styrène. Ce produit ne se trouverait pas facilement dans le commerce, il est notamment utilisé dans certaines professions comme chez les marbriers ou les imprimeurs. Malgré ces éléments, l’enquête piétine.

Trois autres corps de fillettes retrouvés

Le 27 juin, un mois après la mort d’Hemma, le corps d’une autre petite fille est retrouvé à Chelles. Il s’agit de Perrine Vigneron, âgée de sept ans. Le même jour, Sabine Dumont, une fillette, disparaît alors qu’elle se rendait dans une librairie. Le lendemain, son corps est retrouvé nu dans un fossé, le long d’une route nationale. Le scénario est quasiment identique à celui de la mort d’Hemma car l'autopsie révèle qu’elle aussi a été étranglée, violée et avec des traces de brûlures. C’est à partir de ce moment-là que les enquêteurs vont faire le rapprochement entre les trois meurtres. Ils font également le lien avec la disparition d’une fillette, Virginie Delmas, survenue deux mois avant la mort d’Hemma.

Malgré tous les éléments récoltés, les pistes restent maigres. Et dix ans plus tard, le parquet de Nanterre décide de rendre une ordonnance de non-lieu pour le meurtre d’Hemma Davy-Greedharry. Il faudra attendre 2003 pour que le parquet demande de nouvelles expertises sur les scellés d’Hemma afin de voir si des traces ADN peuvent être révélées, notamment sur les allumettes retrouvées à côté de son corps. Contre toute attente, ces scellés ont été perdus et les enquêteurs n’arrivent plus à mettre la main dessus.

Un bourreau qui a tout du tueur

En 2008, 21 ans après la mort de la fillette, un nouveau rebondissement vient relancer l’enquête. Une jeune femme sort d’un calvaire qu’elle a enduré pendant 28 ans. Son père, Raymond Gouardo, l’a séquestrée, violée, prostituée, maltraitée et lui a même fait six enfants. L’homme venant de mourir, elle est désormais libre et décide de publier un livre sur son calvaire: Le Silence des autres. Au chapitre dix de son livre, les noms des quatre fillettes refont surface. Pour Lydia, son père pourrait être à l’origine de ces meurtres.

Lydia Gouardo dans la maison où elle a subi les pires sévices de la part de son père, Raymond Gouardo
Lydia Gouardo dans la maison où elle a subi les pires sévices de la part de son père, Raymond Gouardo © AFP

La jeune femme raconte qu’en 1997, alors qu’elle regarde un reportage sur les fillettes disparues, son père a un comportement étrange. En voyant l’émission, il serait allé éteindre brusquement la télévision en déclarant: “les parents n’ont qu’à mieux surveiller leurs enfants”.

D’autres éléments sont troublants. Raymond Gouardo roulait en camionnette blanche, c’est d’ailleurs avec ce véhicule qu’il a déjà alpagué des jeunes filles en présence de Lydia. L’homme était également imprimeur, il possédait donc le produit utilisé pour brûler les corps des enfants.

En lisant ça, les gendarmes étudient la piste de cet homme. Ils demandent à Lydia de les conduire aux endroits où son père avait l’habitude de l’emmener pour la violer ou la prostituer. Et contre toute attente, la jeune femme les conduit sur les lieux où ont été retrouvés les corps de Perrine et Virginie. Les enquêteurs mettent aussi la main sur un carnet que tenait la femme de Raymond Gouardo. Dedans, ils retrouvent une trentaine d’adresses, dont une adresse à Châtillon, proche de l’endroit où a été retrouvé le corps d’Hemma.

Le pôle cold cases de Nanterre est sur le coup

Le 12 mai 2009, les quatre juges d’instruction en charge des meurtres des quatre fillettes se réunissent pour analyser ces éléments. Une perquisition est organisée au domicile de Raymond Gouardo, dans le but de retrouver les vêtements de la petite Hemma. Si le temps a passé depuis sa mort, il reste envisageable d’exhumer le corps de la fillette pour effectuer des prélèvements dans le but d’y trouver l’ADN de son assassin.

Le 25 mai 2022, le pôle “cold-cases” de Nanterre a publié les sept dossiers sur lesquels ils se penchaient actuellement. Et le dossier d’Hemma Davy-Greedharry en fait partie. Un juge d’instruction a été nommé et des nouvelles techniques utilisées par le FBI vont être utilisées.

Alix Mancel